Sommaire
ILa religionALe pardon et l'amourBLe fanatismeIILes personnagesAUne héroïne naïveBLes parentsCLe fils et le mari : l'ingratitudeIIIUn roman réalisteALes principes esthétiquesBUne fin optimisteUne vie
Guy de Maupassant
1883
Jeanne est la fille du baron Simon-Jacques et de la baronne Adélaïde. C'est une jeune aristocrate. Le jour de ses dix-sept ans, elle quitte le couvent pour commencer sa vie. Ses parents lui lèguent un château afin qu'elle y vive avec son futur mari. Elle rencontre ce dernier, Julien de Lamare, quelques jours après sa sortie du couvent. C'est un homme avare, égoïste, mais Jeanne ne s'en rend compte qu'après le mariage. Elle est dégoûtée au début par l'acte sexuel, et ne se rend pas compte plus tard quand son époux la trompe avec la domestique Rosalie. Celle-ci tombe enceinte. Jeanne est choquée par la nouvelle. Rosalie quitte le domicile, on lui donne une propriété pour qu'elle se taise. Plus tard, Julien entame une liaison avec Gilberte de Fourville, une voisine amie de Jeanne.
Jeanne accouche d'un garçon, Paul, qui a des problèmes de santé. Elle a ensuite une fille qui est mort-née. Le même jour, Monsieur de Fourville tue Julien par vengeance. Paul part en pension à quinze ans au collège du Havre. Jeanne est seule. Ses parents meurent, elle apprend même que sa mère avait une liaison. Elle est de plus en plus dépitée par la vie. Elle devient déprimée. Elle revoit alors Rosalie. Jeanne a des difficultés financières à cause de son fils. Rosalie l'aide à régler tout. Jeanne vend le château et emménage ailleurs avec Rosalie. Elle tente de ramener son fils chez elle, car il vit une aventure avec une prostituée, et ne cesse de lui demander de l'argent. Mais elle n'y parvient pas. À la fin du roman, Jeanne se voit confier le fils de Paul. Elle est heureuse de pouvoir de nouveau s'occuper d'un bébé. Rosalie lui dit que la vie n'est ni aussi terrible ni aussi belle que ce que l'on croit.
La religion
Le pardon et l'amour
Une vie permet une réflexion sur l'Église. Maupassant utilise ainsi les deux prêtres Picot et Tolbiac. Ils sont très différents. Picot est débonnaire, il a renoncé à appliquer la religion trop fermement. Il sait comment sont ses paroissiens, il se montre plus libre sur la sexualité. Il pense qu'il est normal que les jeunes filles aient des relations amoureuses, il parle de "Notre-Dame du Gros-Ventre" et trouve cela plutôt bien, car il a ainsi de nouveaux paroissiens.
Le prêtre peut ainsi être vu comme un homme qui pardonne facilement, le fameux pardon chrétien. On peut aussi considérer que le prêtre a oublié qu'il devait se battre contre le péché, et qu'il se montre faible ou hypocrite.
Le fanatisme
L'abbé Tolbiac est complètement différent. Il remplace Picot. Il est fanatique et exalté. Dans une scène très violente, il piétine une chienne qui accouche car des enfants la regardent. Il est donc violent, puisqu'il tue une chienne qui vient d'avoir des enfants, condamnant les chiots à la mort. Il ne respecte pas les créatures de Dieu.
Pendant les offices, il nomme les gens qui ont fauté (relations sexuelles hors mariage). Il dénonce les couples adultères sans se rendre compte des conséquences. Maupassant critique fermement le comportement de ce prêtre. Si l'autre était peut-être hypocrite, il restait bon. Celui-ci se cache derrière Dieu pour se montrer cruel. Il n'aide pas ses paroissiens, il les condamne, il les juge, il les conduit même à la mort.
Les personnages
Une héroïne naïve
Jeanne est une jeune fille, blonde aux yeux bleus, belle et naïve. Elle ne connaît pas la réalité des choses, elle croit à l'homme idéal, elle imagine que le mariage est beau, pur, innocent. Elle pense que Julien sera comme un prince charmant. Elle est surprise par la bestialité de la sexualité, par l'hypocrisie de son mari. Elle est dégoûtée par la vie de couple.
Elle va consacrer sa vie à son fils. C'est son dernier espoir. Mais son fils se moque aussi d'elle. Le personnage de Jeanne est inspiré de Laure de Maupassant, d'Emma Bovary et de Madame Aubain (Un cœur simple). C'est une femme qui doit confronter ses rêves à la réalité, et se retrouve complètement désillusionnée.
Les parents
Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds est un fidèle de Rousseau. Il est généreux mais faible. Il aime la nature, c'est un homme bon. La baronne, Adélaïde est atteinte d'une hypertrophie cardiaque. Elle semble aussi bonne que son époux. Jeanne va apprendre qu'elle a eu une aventure avec un autre homme quand elle était plus jeune. Il y a aussi la tante, complètement effacée, qui paraît un fantôme. Si la famille de Jeanne semble fort sympathique, elle ne l'a pas préparée à la réalité. Ils ont sciemment protégé leur fille du monde extérieur, mais la donnent presque en pâture à Julien sans lui apprendre quoi que ce soit. Ils sont coupables d'avoir rendu leur fille inadaptée au monde autour d'elle.
Le fils et le mari : l'ingratitude
Julien est un homme hypocrite. Il est avare et égoïste, il refuse à sa femme de l'argent alors qu'il est riche uniquement grâce à elle. Il peut se montrer cruel, il ne fait pas attention au bien-être de sa femme. C'est un homme qui trompe son épouse d'abord avec la servante, puis avec une amie de Jeanne. Julien est cruel, il veut abandonner la servante. C'est Jeanne qui arrange la situation pour elle. Il n'a pas de morale, il s'intéresse fort peu à son fils, il ne se repentit jamais de ses mauvaises actions.
Paul est aussi ingrat que son père. Il a été trop gâté enfant, et il est devenu un jeune homme volage et dépensier. Il ne donne que rarement des nouvelles, et uniquement pour avoir de l'argent. Il ne travaille pas, n'étudie pas, il dépense l'argent qui n'est pas le sien. À cause de lui, sa mère va se ruiner.
Un roman réaliste
Les principes esthétiques
Dans la préface de Pierre et Jean, on trouve la vision de Maupassant sur le roman. Pour lui, l'écrivain doit tout faire "pour produire l’effet qu’il poursuit c’est-à-dire l’émotion de la simple réalité, et pour dégager l’enseignement artistique qu’il en veut tirer, c’est-à-dire la révélation de ce qu’est véritablement l’homme contemporain devant ses yeux". En effet, l'auteur croit que "les grands artistes sont ceux qui imposent à l’humanité leurs illusions particulières". Il rejette donc le roman romantique et le roman symboliste, et préfère le réalisme. Il cherche à écrire un roman objectif. Il rejette aussi l'idée du naturalisme comme Zola et sa documentation, sa volonté d'appliquer une démonstration. Toutefois, s'éloignant du réalisme de Balzac, Maupassant est considéré comme naturaliste. Il fait parfois preuve de lyrisme.
Une fin optimiste
Rosalie, la servante avec laquelle le mari de Jeanne avait eu une aventure, est un personnage très positif. Elle disparaît quand elle est mise enceinte, mais réapparaît à la fin du roman. Elle était la sœur de lait de Jeanne, et elle l'accompagne dans sa vie, même quand elles ne se voient pas. Elle a eu un mari bon pour elle, elle a su gérer la petite fortune qu'on lui a confiée. C'est une femme qui a su faire avec les aléas de la vie. Elle n'a pas d'illusions, mais elle ne se laisse pas non plus gagner par le désespoir.
Elle va aider Jeanne. Elle semble celle qui a réussi dans le roman. Son fils, Denis Lecoq, est un jeune fermier qui va reprendre la ferme de sa mère et se marier. C'est une bonne âme. Le roman se clôt sur elle et Jeanne, avec l'enfant de Paul. Il y a de l'espoir.