Sommaire
IUn roman naturalisteIILe capitalisme et l'amourAUn homme entrepreneur et entreprenantBDenise, une héroïne positiveCLe début du capitalismeIIIUn roman métaphoriqueALe thème de la batailleBUne machine monstrueuseAu Bonheur des Dames
Émile Zola
1883
Denise est une jeune femme qui s'installe à Paris avec ses frères. Elle est leur tutrice depuis la mort de ses parents. Son oncle Baudu tient un commerce de vêtements, mais il ne peut lui offrir du travail. En effet, un grand magasin, Au Bonheur des Dames, a ouvert, et fait de la concurrence aux petits commerçants. Le patron, Octave Mouret, est détesté dans le quartier. Il accepte d'engager Denise et lui offre une chambre au-dessus de la boutique pour se loger. Il a envie de faire prospérer son magasin. Il rencontre le baron Hartmann, directeur du crédit immobilier, chez sa maîtresse Madame Desforges. Hartmann s'engage à le soutenir financièrement.
Denise s'adapte difficilement au magasin, elle est moquée par ses collègues pour son côté provincial. Bourdoncle, adjoint de Mouret, la trouve un jour en compagnie de son frère. Il croit que c'est son amant et renvoie la jeune femme. Pour gagner sa vie, Denise se met à coudre des cravates la nuit. Son oncle refuse de l'aider comme elle a travaillé pour son concurrent. Elle loue alors une chambre très pauvre chez Barras, un marchand de parapluies.
Un an plus tard, Denise est embauchée par Robineau, un ancien collègue de Mouret. Alors qu'elle se promène au jardin des Tuileries, elle rencontre son ancien patron. Il lui dit qu'il regrette son départ et voudrait qu'elle retravaille pour lui. Elle refuse d'abord, mais la misère étant de plus en plus grande pour les petits commerçants, elle accepte plus tard.
En mai 1867, l'inauguration du nouveau magasin du Bonheur des Dames est un succès. Madame Desforges, qui sait que Mouret a une maîtresse au magasin, est venue. Elle croit que Denise est sa rivale. Plus tard cependant, Mouret tente de séduire Denise. Celle-ci ne sait que penser.
Denise est nommée chef de rayon. Elle fait du très bon travail. Mouret tente toujours de la séduire, mais elle prend ses distances. Madame Desforges veut connaître la vérité. Elle insulte alors Denise, forçant Mouret à prendre parti. Il choisit de consoler Denise, et perd donc Madame Desforges qui prépare sa vengeance. Elle aide Bouthemont, un ancien employé du Bonheur des Dames, qui ouvre une enseigne concurrente, Aux Quatre Saisons.
Mouret accuse Denise d'avoir des amants. Lors d'une entrevue où elle se défend, Mouret avoue son amour. La jeune femme l'éconduit de nouveau. Le lendemain, il la nomme tout de même première d'un nouveau rayon de confection pour enfants et conseillère. Elle continue de faire du très bon travail.
En février 1869, l'inauguration de la nouvelle façade du magasin est un franc succès. Denise présente sa démission, elle veut se retirer à la campagne. Mouret lui demande sa main. Elle hésite, mais finalement accepte.
Un roman naturaliste
Au Bonheur des Dames est un roman naturaliste. Zola présente l'ensemble du grand magasin, son organisation, la vente et la clientèle. Le texte est très descriptif. Zola explique parfaitement comment marche le magasin. Il décrit comment il est agrandi, comment fonctionnent les ventes, d'où viennent les produits, comment on attire les clients. Le texte est aussi narratif. L'auteur utilise ses personnages pour nous faire entrer dans le grand magasin. Il utilise la vision de Denise pour montrer comment fonctionnent les mécanismes de l'endroit. Il suit son évolution, il montre comment elle doit s'adapter. C'est à travers ses yeux que le lecteur voit les petits commerces décliner, et Mouret devenir un succès.
Le naturalisme, contrairement au réalisme, est lyrique. Zola accentue ainsi le contraste entre le petit commerce et le grand magasin. Le Vieil Elbeuf paraît sombre et sinistre. Le Bonheur des Dames est superbe, incroyable, immense. C'est un peu la mort et la vie, le passé et le futur. Les magasins deviennent ainsi des allégories.
Enfin, Zola s'attarde longuement à confronter les personnages des différents milieux sociaux. Il montre cependant aussi l'évolution sociale, qui est possible. C'est le seul roman de Zola qui finit très bien, avec un mariage. Denise, jeune fille provinciale pauvre, finit mariée à un riche commerçant.
Le capitalisme et l'amour
Un homme entrepreneur et entreprenant
Mouret est un personnage emblématique de son temps. Il a beaucoup d'idées et un certain esprit d'innovation. Il sait que le monde change, et il arrive à capter ce que la société moderne veut, ses attentes, ses changements. Il sait s'adapter. C'est un homme audacieux, un génie de la vente.
Mouret est aussi un homme qui n'hésite pas à prendre des risques. Le magasin est toute sa vie. Il est attiré par Denise car c'est une belle femme, mais aussi car elle aime vraiment le magasin, car elle est aussi passionnée que lui. Il sait être autoritaire et commander, mais il sait aussi écouter les autres, aider ses employés, et perfectionner le magasin grâce aux conseils des autres.
Denise, une héroïne positive
Denise est très attachée à la réussite du magasin. C'est une jeune fille provinciale, mais pour autant elle n'est pas naïve ou passive. Elle prend en main son destin. En effet, elle s'occupe de ses frères, elle travaille, elle trouve où loger. Elle sait rebondir, elle ne s'apitoie par sur son sort. Elle sait faire face à l'adversité lorsqu'elle est moquée au début du roman. Elle sait aussi s'adapter, sans jamais se trahir.
Tout en aimant le grand magasin, Denise est triste pour les petits commerçants. Elle essaie de les aider, elle a de l'empathie pour eux. C'est un personnage très positif. C'est, de plus, l'héroïne du roman. Mouret veut en faire sa femme, mais elle le repousse plusieurs fois. Elle n'est pas soumise, elle n'est pas idiote. Il doit faire ses preuves, montrer qu'il est un homme bon. Il tombe amoureux d'elle au fur et à mesure du roman justement car Denise sait ce qu'elle veut. Elle sait se faire respecter.
Le début du capitalisme
Zola met en scène dans le roman le début du capitalisme. Il montre que les petits commerces disparaissent au profit de grosses industries. Il montre que le système commercial est devenu impitoyable. Ce sont ceux qui savent s'adapter, ceux qui sont les meilleurs entrepreneurs qui gagnent, et pas simplement les meilleurs commerçants ou les plus compétents.
Même s'il dénonce le grand magasin, qui écrase les autres, Zola semble aussi fasciné par la façon dont Mouret sait s'adapter. Il souligne tout de même le talent de l'homme qui parvient à asseoir son magasin sur les autres. Le magasin lui-même est parfois décrit comme un endroit enchanteur, qui répond aux désirs et rêves de toutes les femmes, et bientôt de tous les hommes.
Un roman métaphorique
Le thème de la bataille
L’image de la bataille est très présente dans le roman. Le déroulement des ventes est souvent comparé à un combat. Zola parle de "champ de bataille", de "débâcle". Il décrit tout cela comme étant assez chaotique. Les clients se battent pour acheter des articles. De même, les employés semblent se battre entre eux. L'auteur met en scène la rivalité entre les vendeuses. Chacun veut monter un échelon, prouver qu'il est le meilleur, qu'il mérite un plus haut poste. Ce n'est plus simplement l'affrontement entre les classes sociales que met en scène Zola. Le magasin est, en lui-même, un monde, une société, où les inégalités sont reproduites et perpétuées.
Une machine monstrueuse
Les métaphores du monstre et de la machine sont aussi très présentes dans le roman. Paris est montré comme un ventre qui dévore les tissus. Le magasin est un "monstre-machine". Les ventes, les étalages, la compétition, tout cela participe à la création d'un magasin qui semble automatisé et terrifiant.
Ce grand magasin est aussi un ogre, il attire les femmes qui y font leurs achats, il semble les dévorer. Elles succombent, elles deviennent étourdies. Le magasin est un piège. Son mécanisme est implacable.