Sommaire
ILe théâtre, un lieu de réflexionALa guerreBLa condition humaineIIL'importance de l'argumentationIIILa place des personnagesLa guerre de Troie n'aura pas lieu
Jean Giraudoux
1935
Dans la mythologie, Pâris, prince troyen, a enlevé Hélène de Sparte. Cet enlèvement est la cause de la guerre de Troie. Giraudoux utilise ce mythe. L'action de la pièce se situe juste quelques heures avant la déclaration de guerre. Hector, chef des Troyens, essaie de résoudre le conflit. Il prétend rendre aux Grecs Hélène. Andromaque, épouse d'Hector, est soucieuse, tandis que sa sœur Cassandre est pessimiste. Hélène se montre insouciante. Ceux qui sont pour la guerre, à la tête de qui se trouve le poète Démokos, s'opposent aux pacifistes. Hector réussit à faire valoir son droit et à empêcher la guerre. Mais, énervé, il finit par tuer Démokos, ce qui déclenche la guerre.
Le théâtre, un lieu de réflexion
La guerre
Deux thèses s'opposent dans la pièce, ceux pour la guerre et ceux contre. Andromaque représente la pacifiste. Pour elle, l'idée même de la guerre est insoutenable. Priam défend les valeurs guerrières, pour lui, elles permettent la cohésion et le fondement de la société.
Giraudoux écrit la pièce en 1935. Hitler est au pouvoir en Allemagne, les lois racistes de Nuremberg sont passées ; Mussolini a envahi l'Éthiopie et la France a signé un accord avec l'Italie. La question qui se pose est celle d'agir ou non, d'entrer en guerre ou non. L'Europe n'est pas encore remise de la Première Guerre mondiale. Un nouveau conflit fait peur.
Giraudoux prête aux femmes du monde entier un discours pacifique, et accuse les hommes d'être enclin à faire la guerre. Ce n'est pas le cas particulier de la guerre de Troie qui est traité, mais le problème de la guerre en général. Il semble qu'elle soit inévitable et se répète dans l'histoire.
La condition humaine
C'est la condition humaine dont traite aussi Giraudoux. L'Homme est mortel et la guerre est une manière de se hisser au-dessus de sa condition, de nier sa faiblesse et donc de nier la mort. Entrer en guerre, c'est un peu entrer en conflit avec l'idée même de mortalité de l'homme. C'est défier sa condition. C'est essayer d'être immortel.
Andromaque dénonce les propos de Priam. Elle le trouve vaniteux. Elle rappelle que la tentative de dépassement est vouée à l'échec. L'Homme ne peut fuir sa condition. Priam défend la réussite de l'Homme dans la société, la gloire de la guerre, un devenir historique. Andromaque s'attache à l'individu en tant que membre de l'espèce humaine. Pour elle, la gloire n'a aucune valeur. La paix est ce qui est préférable.
L'importance de l'argumentation
La pièce peut être vue comme l'opposition des deux conceptions sur la guerre, d'Andromaque et Priam. Ils doivent se convaincre. Hector refuse la guerre, mais il a du mal à faire accepter son point de vue. La pièce semble être un long débat pour savoir s'il faut ou non entreprendre la guerre.
Le registre de la persuasion est ainsi souvent utilisé dans la pièce. Priam tente de convaincre, Andromaque de persuader (donc d'émouvoir). C'est un débat philosophique entre les personnages. C'est Andromaque qui semble gagner, puisqu'Hector veut la paix. Mais son geste maladroit va entraîner la guerre, et ruiner toute tentative d'argumentation. La violence semble plus fort que les mots.
La place des personnages
Les personnages ont beaucoup d'importance dans la pièce. Ils représentent des idées. Hélène est la jeune innocente et frivole, elle apporte l'humour et la légèreté à la pièce. Hector est le roi tiraillé. Andromaque est la figure de la femme qui défend ses enfants, l'homme, contre la guerre. Elle est la femme avant qu'elle ne devienne victime (elle va perdre son époux Hector à la guerre). Pâris est le jeune homme impulsif, irréfléchi, qui entraîne des catastrophes qu'il ne peut ensuite maîtriser.
Démokos représente les fascistes, les fous qui vont jusqu'au bout de leurs idées sanguinaires. Sa mort accidentelle est comique, mais aussi terrible. Tuer un fou signifie en créer d'autres, en faire d'autres, les laisser gagner.