Sommaire
ILa psychologie dans le romanAUn roman d'initiationBL'introspectionCL'identité du narrateurIILes thèmes du romanALes différentes classes socialesBL'art et le tempsIIILa madeleine de ProustDu côté de chez Swann
Marcel Proust
1913
À la recherche du temps perdu est une suite de sept romans, écrits par Proust, qui se veut une réflexion sur la littérature, la mémoire et le temps. Le narrateur et héros raconte ses souvenirs, de son enfance à sa maturité. C'est un garçon sensible, très fragile. Il est en effet asthmatique et insomniaque. Il a grandi dans une famille bourgeoise à la Belle Époque.
Du côté de chez Swann relate les jours heureux qu'il a passés à Combray, avec sa famille et leurs amis, alors qu'il était enfant. Il est amoureux de Gilberte la fille de Monsieur Swann. Le livre est divisé en trois parties. Dans "Combray", le narrateur parle de sa relation avec sa mère. Il réclame toujours sa présence avant de se coucher. Il évoque aussi ses premières lectures (George Sand notamment). On voit que le narrateur est fasciné par la littérature. Il étudie aussi beaucoup les voisins, les Guermantes.
"Un amour de Swann" est la deuxième partie. Elle est considérée comme "un roman dans le roman". Il s'agit d'un retour en arrière. Le narrateur évoque la vie de Charles Swann, et plus particulièrement sa rencontre avec Odette, qui deviendra sa femme. La jalousie et l'amour sont des thèmes très importants. La dernière partie est "Noms de pays : le nom". Ce sont les rêveries du narrateur qui sont relatées, ainsi que ses envies de voyage, ou sa maladie. L'art est très important dans cette partie, il est capable de réenchanter les paysages (la peinture).
La psychologie dans le roman
Un roman d'initiation
Le narrateur raconte son itinéraire depuis son enfance jusqu'à sa maturité. Il traverse les époques de 1878 à la fin de la Première Guerre mondiale. Il est donc témoin des bouleversements qui traversent la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Les différents milieux sociaux sont analysés. Ainsi, le narrateur montre les différences qu'il y a entre la bourgeoisie, l'aristocratie, la domesticité et l'armée. Les changements qui s'effectuent dans les couches sociales sont également rapportées.
Le narrateur s'attarde sur de nombreux lieux, qui permettent d'ancrer le roman dans la réalité d'une époque. Combray, Balbec et Paris sont mis en avant. L'amour et l'art ont une place privilégié. En effet, le narrateur grandit grâce aux relations amoureuses et à l'art, qui lui permettent de voir le monde différemment et de le comprendre.
L'introspection
Proust utilise la première personne tout au long de la narration. C'est donc une démarche analytique et introspective qui est proposée. Le narrateur se concentre sur ses souvenirs. Il tente de se rappeler de sa vie, d'images et de sensations. Il veut parvenir à comprendre qui il a été, pour mieux savoir qui il est désormais.
Le roman s'ouvre par la célèbre phrase "Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Tout de suite, le lecteur est plongé dans l'esprit du narrateur, dans sa mémoire, dans ses souvenirs. Le "je" du narrateur s'efface un peu dans la partie "Un amour de Swann", car il relate l'histoire de quelqu'un d'autre (toutefois, il apparaît à deux reprises dans cette partie).
L'identité du narrateur
Il est aisé de confondre narrateur et auteur dans ce roman. Proust a en effet de nombreux points communs avec le narrateur. Les histoires d'amour, les personnages et les lieux sont familiers à Proust. L'écrivain souffre également d'une très mauvaise santé, il connaît les crises d'asthme et l'insomnie.
Mais l'auteur a choisi de ne pas identifier le narrateur, qui n'a pas de nom, qui n'est jamais décrit physiquement d'une façon qui permet de l'identifier. S'il y a une démarche autobiographique, elle n'est donc pas le but principal. De plus, le narrateur du roman est un catholique hétérosexuel, alors que Proust est un juif homosexuel. Le narrateur, le "je", devient alors un être universel. Il se pose des questions profondément humaines sur la vie, la mort, le temps qui passe.
Les thèmes du roman
Les différentes classes sociales
Proust met en scène de nombreux groupes sociaux dans son roman. Pour cette raison, on parle parfois de "roman de moeurs", car l'auteur décrit les différents codes qui régissent chaque groupe. Proust s'intéresse plus particulièrement aux salons bourgeois. Il décrit et critique leur snobisme, et la volonté des bourgeois d'imiter les aristocrates.
Proust dresse également un portrait assez ironique des domestiques. Il montre la façon dont ils sont organisés et dénonce l'ordre hiérarchique qui les régit. Il décrit bien la façon dont, dans n'importe quel groupe social, les mêmes codes sont reproduits : il y a toujours les puissants et les faibles dans chaque couche de la société. Tout est toujours parfaitement organisé, souvent ridicule, et terriblement injuste.
L'art et le temps
Dans le roman, l'art est montré comme un moyen d'échapper à la fuite du temps. En effet, on ne peut rien faire pour arrêter l'écoulement des heures, des secondes, le temps est implacable. Mais le passé peut ressurgir, grâce à la mémoire, et il peut être couché sur papier. C'est le besoin d'immortalité qui pousse le narrateur à prendre la plume. Il parle notamment de l'importance de la peinture pour lui, qui permet de figer les paysages d'une façon merveilleuse.
La littérature est très importante pour le narrateur, qui ne cesse de lire, dès son plus jeune âge. La musique, le théâtre également sont évoqués. L'art rend la vie plus belle, plus forte, et lui confère un peu de l'immortalité que les humains cherchent tant à conquérir.
La madeleine de Proust
Le passage de la madeleine est probablement le plus célèbre de toute l'œuvre de Proust, et l'un des plus connus de la littérature. Le narrateur mange une madeleine, trempée dans du thé, et le goût du gâteau le renvoie à son enfance. Il se souvient de sa tante qui lui donnait des madeleines trempées dans du thé. Il réalise que la mémoire peut être liée au goût.
La madeleine est le symbole du passé, qui surgit de façon involontaire et inattendue. On parle de "conscience affective" pour qualifier ce surgissement des souvenirs que la personne ne choisit pas de revivre : ils réapparaissent d'eux-mêmes. L'odeur et la saveur sont donc "porteurs de mémoire", et la conscience permet ensuite de retrouver le souvenir.
La madeleine symbolise donc le passage entre le passé et le présent.
Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi.
Marcel Proust
Du côté de chez Swann
1913