Sommaire
IZola : un journaliste ?ALa rechercheBLe chef de file du naturalismeIIUn roman engagéALes conditions des mineursBUne critique de la sociétéIIIUn roman optimiste ?ALe symbolismeBUne fin lyriqueGerminal
Émile Zola
1885
Fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier, Étienne Lantier a été renvoyé de son travail car il a donné une gifle à son employeur. Il est donc chômeur. Il part dans le Nord de la France à la recherche d'un nouvel emploi. Il devient alors mineur dans les mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables. Il est logé dans une famille de mineurs, les Maheu. Il tombe amoureux de Catherine, mais elle est la maîtresse de Chaval, un homme brutal. Elle est également attirée par Étienne mais refuse de devenir son amante.
La Compagnie des Mines, à cause de la crise économique, annonce une baisse de salaire. Les mineurs font alors la grève. Étienne leur parle alors de son rêve d'une société plus juste et plus égalitaire. Mais la Compagnie des Mines refuse toute négociation. Les mineurs ont de plus en plus faim, mais ils continuent le mouvement. Les soldats sont appelés pour agir contre eux, mais malgré tout la grève ne s'arrête pas. Les soldats tirent. Maheu meurt.
Les mineurs se résignent à reprendre le travail. Souvarine, un ouvrier anarchiste, sabote la mine. Elle s'effondre, tuant de nombreux mineurs. Étienne, Catherine et Chaval sont bloqués dans la mine dans les éboulements. Chaval provoque Étienne qui le tue. Il partage un tendre moment avec Catherine qui meurt dans ses bras avant l'arrivée des sauveteurs. Étienne repart pour vivre à Paris. Il veut fonder une organisation syndicale et politique des ouvriers pour améliorer leurs conditions. Il croit que justice viendra.
Zola : un journaliste ?
La recherche
Le roman se base sur des faits historiques. Zola inclut ainsi un historique du capitalisme charbonnier à Lille. Il parle également des actions minières de plus en plus nombreuses. Pour décrire de façon réaliste le monde de la mine, Émile Zola fait un séjour dans le Nord-Pas-de-Calais, du 23 février au 2 mars 1884. La grande grève des mineurs d'Anzin commence à ce moment-là. L'auteur assiste donc en direct à la situation. Il descend même dans une fosse.
Il interroge les mineurs, les porions et les ingénieurs. Il prend des notes sur leur vie quotidienne. Toute cette documentation va l'aider à rédiger son roman. Il se base donc sur des recherches solides, qu'il a faites lui-même. Il se fait journaliste, mais aussi scientifique, étudiant les plans des mines et les outils utilisés par les ouvriers.
Le chef de file du naturalisme
Zola est considéré comme le chef de file du courant littéraire naturaliste. Il s'est engagé toute sa vie dans des causes sociales. Il défend souvent ses idées dans ses romans. Il détaille la dure réalité de milieux sociaux impitoyables et dénonce les conditions de vie des plus pauvres. Dans ce roman, il s'insurge contre l'industrie des mines, dangereuse et mortelle.
Zola a longtemps été journaliste. En 1881, il bénéficie de suffisamment d'argent pour se consacrer à son entreprise littéraire. Il cesse son travail de journaliste. Cependant, sa vision de la littérature implique un travail scientifique et de reporter méticuleux. Ainsi, il reste un homme qui fait des recherches et défend des causes. L'hérédité est ce qui intéresse le plus Zola. C'est pour cela qu'il a entrepris d'écrire des romans sur une seule famille, les Rougon-Macquart. C'est le Traité philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle du docteur Prosper Lucas qui convainc Zola que l'espèce humaine est déterminée par sa famille, ses gènes.
Il veut montrer que les membres d'une même famille, s'ils peuvent paraître différents au premier abord, sont en vérité semblables, liés, victimes des mêmes tares. Pour lui, l'hérédité a des lois, et il veut les suivre, les analyser, les comprendre.
Un roman engagé
Les conditions des mineurs
Germinal est le roman de la collectivité. En effet, les mineurs arrêtent de penser à leurs problèmes personnels pour s'unir contre l'oppresseur. Zola souligne ici la nécessité collective de s’engager. La rivalité amoureuse de Lantier et Chaval est reléguée au second plan quand la grève commence. C'est un roman sur la lutte des classes, sur la misère sociale. Les hommes prennent conscience qu'ils ont des droits, que leur vie est injuste, qu'ils méritent mieux. Ils se battent pour ne pas mourir, pour manger à leur faim, pour survivre. Zola laisse entendre que le salariat est une forme d’esclavage, on profite de la position des mineurs. La révolution industrielle doit s'accompagner d'une révolution sociale.
Une critique de la société
Zola peint les terribles conditions de vie des mineurs. Il décrit les petites maisons délabrées dans lesquelles les familles s'entassent. Il montre que les jeunes gens amoureux ne peuvent vivre leur histoire qu'à l'extérieur, dans les champs : il n'y a pas d'intimité. Il dénonce la peur de mourir, les outils qui fonctionnent mal, les risques d'éboulement. Face à cette misère sociale, Zola peint l'hypocrisie bourgeoise. En effet, les actionnaires et les nantis sont de mauvaise foi. Le directeur des mines vit richement, touche un important salaire (quarante fois plus que ses ouvriers). Il continue de faire des profits, de vivre dans le luxe tout en se montrant choqué que les mineurs se rebellent ainsi. Il estime qu'ils vivent dans de très bonnes conditions et qu'ils sont ingrats.
Un roman optimiste ?
Le symbolisme
C'est presque une épopée mythologique que Zola met en place. Il oppose au Capital, dieu impersonnel, la masse épique des travailleurs. Le Capital est partout, comme un cancer que l'on ne peut arrêter. Mais la foule qui gronde est prête à la révolution.
La fosse du Voreux, dans laquelle les mineurs doivent descendre, est un monstre puissant. Zola décrit la descente des mineurs dans les mines comme une apocalypse. On ne sait jamais qui va revenir, qui va mourir. On descend dans le cœur de la terre. Lorsque Lantier tente de sauver Catherine et de la ramener vers la lumière, on peut penser au mythe d'Orphée. L'idée de descente aux Enfers est très présente dans le roman.
Une fin lyrique
Si l'univers de Zola est empreint de lyrisme, c'est tout de même un univers sombre, où les héros sont exposés à des conditions difficiles, où la mort est partout. Germinal se finit pourtant sur une note d'espoir. "Germinal" désigne un mois du calendrier républicain. Il correspond au début du printemps et à la renaissance de la nature. Zola fait donc un parallèle entre l'éveil de la conscience ouvrière et le printemps, la saison du renouveau, du possible, de l'espoir. Il choisit d'ailleurs le mois d'un calendrier révolutionnaire et non pas du calendrier chrétien, pour renforcer l'idée de nouveau, d'égalité, d'espoir et de révolte.
La dernière phrase du roman est une référence à la germination. Zola compare les mineurs et les végétaux. Ils sortent tous de terre et bourgeonnent. La révolte ouvrière et la germination printanière sont ainsi un seul et même mouvement.