Sommaire
ILes deux personnages principauxIILa question de l'humanité des IndiensIIILa religionIVLe profitVUne œuvre argumentativeLa Controverse de Valladolid
Jean-Claude Carrière
1992
La Controverse de Valladolid est un livre dans lequel Jean-Claude Carrière reprend un fait historique, la controverse de Valladolid, et expose la situation des Indiens d'Amérique au XVIe siècle. Le débat qui a lieu porte sur l'humanité des Indiens. Sont-ils égaux aux hommes blancs, ou sont-ils inférieurs ?
Les personnages principaux sont le frère dominicain Bartolomé de Las Casas et l'historien et théologien Juan Ginès de Sepúlveda. Sont également présents le légat du pape et le supérieur du couvent dans lequel le débat se déroule. Deux camps s'opposent : ceux qui considèrent que les Indiens d'Amérique ont une âme et ceux qui soutiennent qu'ils sont inférieurs aux Occidentaux.
Las Casas défend les Indiens d'Amérique. Pour lui, ce sont des êtres comme les Espagnols qui possèdent une âme. Sepúlveda assure qu'ils ne sont pas des descendants d'Adam et Ève. Il a écrit un livre où il défend sa position. S'il gagne le débat, son livre sera publié. Chacun des participants prend la parole à tour de rôle pour défendre sa position. C'est Las Casas qui commence. Il parle des injustices que subissent les Indiens aux mains des Espagnols. Sepúlveda quant à lui peint le peuple amérindien comme fainéant et inférieur aux Blancs, selon la volonté de Dieu.
À un moment du débat, des Indiens sont introduits dans la salle : un père, une mère et leur enfant, et un autre homme. On leur fait passer des tests pour voir s'ils ressentent des choses. Une scène choquante se passe, on demande à des soldats de faire semblant de menacer l'enfant pour étudier la réaction des Indiens. Las Casas dénonce cette mise en scène. Après avoir écouté les arguments des deux hommes, le légat du pape prend une décision. Il déclare que les Indiens sont des créatures divines avec une âme. Il est du même avis que Las Casas. Mais il sait que cette décision va avoir des répercussions économiques. En effet, les Indiens servent de main-d'œuvre aux Espagnols. S'ils sont humains, alors ils ne peuvent plus être esclaves. Il demande qu'on utilise des Africains pour esclaves, estimant qu'ils ont moins d'humanité que les Indiens. Las Casas s'oppose à cette vision, mais on lui fait savoir que le débat ne porte pas sur les Africains.
Les deux personnages principaux
Las Casas est allé en Amérique, alors appelé le Nouveau Monde. Il a vu les atrocités que les Espagnols ont commises sur les Indiens. Il est très choqué par leur attitude. Le personnage historique était plus ambigu que le héros de l'œuvre de Carrière : il avait évangélisé les Indiens par la force, et au début il était favorable à l'esclavage des Noirs. Il devient un humaniste qui s'oppose violemment à Sepúlveda. Il parle avec passion, son discours est vivant et puissant. Sepúlveda n'a pas été au Nouveau Monde. Il est contre les Indiens mais il ne fait que rapporter des préjugés, des choses qu'il a entendues. Il parle avec froideur, son discours est sobre, très organisé, mais sans passion.
La question de l'humanité des Indiens
Le livre traite principalement de la question de l'humanité. Qu'est-ce qu'un être humain, qu'est-ce qu'avoir une âme ? Le narrateur se range du côté de Las Casas, pour la défense des Indiens.
Les arguments de Sepúlveda se fondent sur des préjugés racistes. Il dénonce une culture qu'il ne comprend pas, il insiste sur les différences physiques entre les Occidentaux et les Indiens.
Las Casas rappelle qu'il faut savoir accepter les différences. Il montre les horreurs dont les Occidentaux sont capables, il rappelle que les hommes blancs ne sont pas exempts de bêtise. Il insiste sur la sensibilité des Indiens, leurs coutumes et leur respect de la nature.
La religion
La religion est très présente tout au long de l'intrigue comme le montre la présence du légat du pape. L'assemblée cherche à savoir si les Indiens ont une âme ou non. Sepúlveda assure qu'ils ne descendent pas d'Adam et Ève. Las Casas insiste lui sur les horreurs commises par les Espagnols, rappelant que ce ne sont pas des actes dignes d'hommes chrétiens. Les croyances et pratiques religieuses des Indiens sont remises en cause. Elles posent problème à l'Église catholique qui juge ces pratiques hérétiques.
Le profit
L'autre thème majeur de l'œuvre est le profit. L'Église catholique profite de la colonisation de l'Amérique. Elle s'enrichit. Si les Indiens sont reconnus comme des hommes, alors il faudra les traiter autrement, et la colonisation sera remise en cause. De la même façon, si les Indiens sont humains, alors on ne peut plus les traiter en esclaves. Las Casas traite de la corruption des âmes. Il dénonce le profit derrière la religion, puisque sous prétexte de s'enrichir les colons espagnols brandissent l'étendard du christianisme.
Une œuvre argumentative
Cette œuvre est argumentative. Las Casas et Sepúlveda s'opposent. Le lecteur a l'impression d'assister à un long débat. Le narrateur intervient dans les didascalies. Elles ne sont pas neutres. Le narrateur est du côté de Las Casas, il souligne sa sensibilité, sa passion, alors qu'il fait un portrait sévère de Sepúlveda.
Las Casas use de nombreuses hyperboles et exagérations. Son discours est vivant. Il est indigné. Sepúlveda use d'une argumentation faible, qui repose sur des préjugés et non sur des exemples précis. Las Casas fait appel à la sensibilité de l'auditoire, il cherche à persuader. Sépulvéda au contraire veut convaincre.