Sommaire
ILes procédés comiquesIIUn couple mal assortiALe mari cocuBUne femme "libérée"IIIUne comédie tragique ?AL'imperméabilité des frontières socialesBLa solitude du hérosGeorge Dandin
Molière
1668
George Dandin est un riche paysan qui veut s'élever au-dessus de sa condition. Il épouse Angélique, fille des Sotenville, des nobles ruinés. Il obtient le droit de changer son nom en "George de la Dandinière". Mais sa femme ne cesse de lui faire remarquer la différence de condition entre les deux.
Dandin apprend bientôt que Clitandre, un vicomte, courtise sa femme. Angélique n'est en effet pas amoureuse de son mari, elle a été forcée de l'épouser. Elle estime qu'elle ne doit pas renoncer aux plaisirs du monde pour Dandin.
Plusieurs fois, le héros tente de montrer à ses beaux-parents que leur fille ne se conduit pas comme elle devrait. Mais Clitandre nie constamment être l'amant d'Angélique, et sa parole d'honneur vaut plus aux yeux des Sotenville que celle de Dandin qui reste un paysan pour eux.
Fatigué d'essayer de prouver que sa femme le trompe, George Dandin, à la fin de la pièce, parle de se jeter à l'eau.
Les procédés comiques
La pièce repose sur différents comiques :
- Le comique de caractère : l'auteur se moque de la naïveté de Dandin, qui croit que le mariage doit être respecté et suppose qu'il peut être traité comme un noble.
- Le comique gestuel : par exemple, dans la scène entre Angélique et Dandin où ils parlent du mariage, Molière insère des didascalies indiquant les gestes exubérants de Dandin.
- Le comique de situation : Angélique et Dandin parlent du mariage alors que l'amant d'Angélique, Clitandre, est avec eux. Il y a aussi un quiproquo au début de la pièce, lorsqu'un paysan dit à Dandin que sa femme est courtisée par Clitandre, ignorant qu'il est le mari.
Un couple mal assorti
Le mari cocu
George Dandin est un personnage de farce. C’est un mari cocu, sa femme le trompe. Il se montre très naïf et obstiné. Il a épousé une jeune femme alors qu’il n’a aucune qualité. C’est un homme qui ne sait pas parler d’amour.
Molière le peint comme étant ridicule, le public se moque volontiers de lui. Il a des idées très arrêtées sur le mariage. Il estime que sa femme doit lui obéir entièrement. Il ne suscite guère la sympathie du spectateur.
Une femme "libérée"
Angélique se dit victime d’un mariage forcé qui ne la satisfait guère. Elle tombe volontiers amoureuse de Clitandre, un homme galant et bien élevé. Elle estime qu’elle ne doit pas renoncer au plaisir sous prétexte qu’elle est mariée.
Il y a quelque chose de libertin dans son comportement. C’est une femme intelligente et vive, qui réussit toujours à se tirer d’affaire et à argumenter contre son mari. Elle se montre très ironique et même manipulatrice (elle assure qu’elle va se suicider si elle n’obtient pas ce qu’elle veut).
Une comédie tragique ?
L'imperméabilité des frontières sociales
George Dandin rêve d'accéder au statut de noble. Il réalise bien vite que son mariage avec Angélique était une bêtise, et ne lui permet pas d'être traité comme un noble. Au début de la pièce, il s'illusionne encore, il pense pouvoir prouver que sa femme se conduit mal.
Mais les parents d'Angélique se moquent bien de lui et croient plus volontiers Clitandre, un noble de naissance. George Dandin a bien servi les Sotenville, il a réglé leurs dettes en épousant leur fille. Mais il ne reçoit pas le respect auquel un noble a droit. Molière dénonce ainsi l'imperméabilité des frontières qui existent entre les différentes classes.
La solitude du héros
À la fin de la pièce, George Dandin se retrouve seul, il comprend que personne ne va le croire ou l'aider. Ses illusions ont été détruites. Il pense même à se suicider, puisqu'il évoque la possibilité de se jeter à l'eau. Ainsi, si la pièce est drôle d'un bout à l'autre, elle est aussi très cruelle, et à la fin le spectateur sympathise avec la situation du héros.
La tristesse du personnage, sa détresse finale, sa solitude, tous ces éléments peuvent conduire à interpréter la fin de cette comédie comme étant tragique, avec un héros qui n'arrive pas à obtenir ce qu'il veut : le respect.