Sommaire
IUn recueil clos sur lui-mêmeALa structure de l'œuvreBUne étude sur les limitesIILe poème "Brise marine"ALe désir de fuiteBLe travail du poèteIIILa symboliqueALa mort du cygneBLes saisons dans "Renouveau"Poésies
Stéphane Mallarmé
1899
Le recueil est composé de quarante-neuf pièces. L'œuvre est souvent perçue comme étant assez obscure. Elle est empreinte d'une forte modernité. L'idée même de la poésie semble avoir été bouleversée par cette œuvre. Le symbolisme est très utilisé par Mallarmé, mais c'est surtout le travail sur la langue qui l'intéresse. Il semble vouloir aller au-delà des limites du langage, jouer avec. Le recueil a un très fort impact en littérature.
Les poèmes les plus connus sont "Apparition", "Brise marine", "Le Vierge, le vivace et le bel aujourd'hui" ou encore "Le Tombeau d'Edgar Poe". L'auteur américain a fortement inspiré Mallarmé. "Brise marine" est un poème sur le travail du poète, alors que "Le Tombeau d'Edgar Poe" est un hommage. Comme Baudelaire, Mallarmé écrit des poèmes sur des objets apparemment normaux, le but étant non pas la chose elle-même mais l'effet qu'elle produit.
Un recueil clos sur lui-même
La structure de l'œuvre
La poésie de Mallarmé est faite d'un mélange de genres et de travail sur la métrique. Le poète utilise parfois un vocabulaire très soutenu qu'il mêle avec des mots très banals. Il y a un véritable amour de la langue, et une volonté de pousser ses limites. La syntaxe est décortiquée, le poète n'hésite pas à utiliser des coupures étonnantes. La sonorité des mots a souvent plus d'importance que le sens même des vers.
L'œuvre est profondément marquée par l'influence de Baudelaire et par le symbolisme. De plus, Mallarmé est intéressé par la fusion entre plusieurs arts, comme la peinture et la poésie.
Une étude sur les limites
Mallarmé travaille donc jusqu'aux limites de la syntaxe. Son œuvre est souvent considérée comme mystérieuse pour cette raison. Mallarmé est très méticuleux, tout compte, de la structure du recueil à l'agencement des mots.
Les conjonctions que Mallarmé fait de l'adjectif ou du pronom parurent surprenantes à ses contemporains. Après la Seconde Guerre mondiale, les intellectuels s'interrogent sur le sens de sa poésie. Mallarmé semble faire une critique du sens, une étude des limites du langage.
Le poème "Brise marine"
Le désir de fuite
"Brise marine" est un des plus célèbres poèmes de Mallarmé. Il y met en scène son désir de fuite. Il rêve de s'échapper, d'être libre. Les oiseaux symbolisent la liberté, le voyage, qui permet de découvrir le monde, de nourrir l'inspiration du créateur.
Cette volonté d'évasion paraît irréversible. On ne peut y échapper. Le voyage forme, il modèle. Il permet de façonner l'âme. Ainsi, la mer et la vie maritime deviennent sources de savoir, d'inspiration. Le poète rêve d'apprendre, de comprendre. La fuite semble être nécessaire, le poète doit partir, il doit s'en aller, il doit voyager.
Le travail du poète
Dans plusieurs poèmes, comme dans "Brise marine", Mallarmé traite du voyage et l'associe à la créativité poétique. Ainsi, les oiseaux symbolisent l'inspiration du poète. Il faut, comme eux, voyager, découvrir. La mer devient un monde étrange et fascinant, qui est très différent de la vie monotone et normale. Le poète est donc un homme qui mène une existence différente, qui cherche.
Mallarmé met en scène le chant des marins. Cette musicalité rappelle le travail de la poésie, en quête de sonorités intéressantes. On peut aussi associer les chansons à celles des sirènes qui tentent d'attirer les matelots : le poète essaie de s'attirer des lecteurs.
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !
Mallarmé
"Brise marine", Poésies
La symbolique
La mort du cygne
Dans le poème "Le Cygne", Mallarmé met en scène la mort d'un cygne. L'oiseau représente la page blanche. Il faut ici comparer "cygne" et son homonyme "signe". La couleur blanche est liée au plumage de l'animal, mais aussi à la page vierge. Le poète est mélancolique devant le cygne, devant la page blanche. Il s'ennuie, il n'est pas inspiré. Il angoisse.
À la fin, le cygne meurt. C'est comme si le poète essayait sans cesse de dire quelque chose, mais qu'il n'y arrivait pas. Chaque tentative d'écriture est inutile, avortée. Toujours, la page blanche revient. La mort peut aussi signifier le mépris du lecteur, qui n'aime pas ce que fait l'artiste, ou qui ne comprend pas.
Les saisons dans "Renouveau"
Les saisons symbolisent le temps qui passe. Elles sont un thème récurrent dans les poèmes de Mallarmé. Ainsi, dans "Renouveau", le poète leur prête différentes symboliques. L'hiver est la saison de l'art serein, qui favorise la réflexion et la création poétique. Le printemps, qui est traditionnellement le retour de la vie, devient ici l'époque de la maladie et de l'ennui. Le poète a l'impression de mourir.
Le printemps est donc la saison de la crise d'inspiration. En cela, le titre du poème est ironique, car en vérité le travail de l'écrivain est difficile. Mallarmé se moque des clichés, les prend à contre-courant. Le renouveau n'existe pas en poésie, c'est une lutte implacable pour tenter de créer.