Sommaire
IUn roman autobiographique inachevéALes éléments autobiographiquesBUn roman inachevéIILe réalisme subjectifALa vision de l'auteurBUne peinture de la sociétéIIIUn roman d'apprentissageLucien Leuwen
Stendhal
1834
L'histoire commence en 1832. Lucien Leuwen est renvoyé de l'École polytechnique car il est républicain. Le père de Lucien, Monsieur Leuwen, est banquier. Il a beaucoup d'argent, et comme son fils il est très intelligent. Un ami de Lucien lui conseille de se montrer moins brillant en société, pour pouvoir mieux s'intégrer. Son père le trouve ennuyeux et lui dit qu'il devient aussi terne qu'un "saint-simonien".
Lucien devient sous-lieutenant à Nancy. Il rencontre le chef des républicains, Gautier. Il croise également Madame d'Hocquincourt, une très belle femme, et Madame de Chasteller, une jeune veuve. Lucien Leuwen tombe de cheval au pied de la fenêtre de Bathilde de Chasteller. Il est tout de suite fasciné par cette femme.
Gautier et Lucien deviennent amis. Lucien cherche à rencontrer Madame de Chasteller car il a beaucoup entendu parler d'elle. Ils sont très vite attirés l'un par l'autre. La jeune femme demande à son amie Mademoiselle Bérard d'être sa chaperonne et de ne pas la quitter quand elle est avec Lucien.
Un jour, pour plaisanter, Lucien appelle Madame d'Hocquincourt "mon ange". Madame de Chasteller craint alors qu'il ne l'aime et l'embrasse. Elle tombe malade peu après, certaine d'avoir perdu son honneur en cédant à Lucien. Il repart pour Paris, et elle se croit abandonnée par lui.
Le père de Lucien le pousse à séduire Madame Grandet. Lucien cède à son père et accepte de faire la cour à celle-ci. Mais il la trouve vulgaire. En tant que politique, il apprend de plus en plus de choses aux côtés de son ami Coffe. Malgré les ambitions que son père place en lui, il reste un jeune homme sérieux. À la fin du roman, son père décède et le laisse sans argent.
Un roman autobiographique inachevé
Les éléments autobiographiques
Lucien Leuwen comporte de nombreux éléments autobiographiques. Le personnage de Bathilde ressemble à Mathilde Dembowski. Il s'agissait dans la réalité d'une femme amoureuse de Stendhal mais qui n'osa pas le lui dire.
Par ailleurs, Lucien se bat avec ses idéaux. Il veut défendre les grandes idées républicaines, mais se rend compte que cela ne change pas l'injustice. L'écrivain lui-même connaissait ces contradictions entre un idéal et la réalité. L'apprentissage de Lucien auprès du comte de Vaize est également similaire à celui de Stendhal auprès du comte Daru.
Un roman inachevé
Bien que le roman soit fort long, il est pourtant inachevé. Non seulement il n'y a pas de dénouement à l'histoire, mais des notes de l'auteur prouvent qu'il voulait également changer de nombreux détails dans les parties déjà écrites. Stendhal désirait polisser davantage son écriture, mais il n'en a pas eu le temps.
Néanmoins, on apprend beaucoup de la façon dont travaille l'écrivain. On peut voir, dans le manuscrit inachevé, ses sources d'inspiration, la manière dont il travaille et retravaille son style, et quelle est son idée de la littérature idéale. Stendhal a volontairement laissé son œuvre inachevée pour ne pas déplaire au gouvernement de Louis-Philippe.
Le réalisme subjectif
La vision de l'auteur
La grande originalité de Stendhal est son utilisation de la "focalisation interne". Les événements sont vus par les personnages principaux. Stendhal a pour volonté de faire du roman un miroir, c'est-à-dire le reflet exact de la réalité sociale et politique de son époque. Il ne veut rien enlever de la dureté de la vie. Il écrit ainsi "le roman, c'est un miroir que l'on promène le long d'un chemin".
Le réalisme de Stendhal le pousse à relater des événements qui ont marqué son époque, comme la monarchie de Juillet dans Lucien Leuwen. Il s'attarde aussi beaucoup à décrire les sentiments et la psychologie des personnages principaux, particulièrement quand il s'agit d'amour.
Une peinture de la société
Lucien Leuwen est une peinture acerbe de la société sous la Restauration, comme l'indique le sous-titre du roman : "Chronique de 1830". C'est donc un roman politique, car il traite d'un événement politique. Stendhal se veut le peintre de la société de cette époque. Il est très critique. Sa volonté est de mettre à jour les faux-semblants, de faire tomber les masques. Il veut montrer la vérité de son temps.
Si les personnages sont parfaitement décrits, les lieux ne le sont pas nécessairement. L'auteur s'attarde plus particulièrement à peindre les mentalités de ses personnages pour dénoncer la façon dont la société est corrompue.
Un roman d'apprentissage
Le roman d'éducation suit l'évolution du parcours social d'un jeune homme. Le jeune homme représente la nouvelle génération. C'est quelqu'un qui a des illusions sur le monde, et qui a une soif de vivre prononcée. Il est souvent encore innocent, il a des idéaux. Il va être confronté à la réalité. C'est bien le cas de Lucien au début du roman.
Le roman d'apprentissage est aussi appelé roman de formation ou roman d'éducation.
Lucien découvre la réalité du monde politique, mais également les sentiments amoureux. Il réalise comment est la société bourgeoise. Il va de désillusion en désillusion au cours du roman et perd également l'estime qu'il a pour son père. Il doit grandir. Il se forge une nouvelle conception de la vie sur la mort, l'amour, la politique, l'existence en général.
À la fin du roman, Lucien se retrouve seul, sans le sou. Il est complètement démuni.