Sommaire
IL'esthétique du recueilAUne ruptureBL'influence de Rimbaud et BaudelaireIILa mélancolieALe rapport au tempsBL'amour : une souffranceIIILa création poétiqueRomances sans paroles
Paul Verlaine
1874
Ce recueil se divise en quatre parties. Il y a d'abord "Les Ariettes oubliées" qui compte neuf poèmes sans titre, le dernier datant de mai - juin 1872. Vient ensuite "Paysages belges" qui se compose de cinq poèmes : "Walcourt", "Charleroi", "Bruxelles. Simples fresques", "Bruxelles. Chevaux de bois" et "Malines", datés de juillet et d'août 1872. La troisième partie s'intitule "Birds in the Night", elle est composée d'un seul poème. "Aquarelles" comprend six poèmes : "Green", "Spleen", "Streets", "Child Wife", "A Poor Young Shepherd" et "Beams".
La plupart des poèmes ont été écrits entre 1872 et 1873. On ressent l'influence d'Arthur Rimbaud, avec lequel Verlaine a entretenu une relation amoureuse passionnelle. Le poète traite du voyage, de la tristesse et de l'amour. Il veut écrire une poésie qui irait au-delà des mots. C'est l'expression des sentiments véritables qui l'intéresse.
L'esthétique du recueil
Une rupture
Romances sans paroles marque la rupture de Verlaine avec l'esthétique du Parnasse. Il est influencé par Rimbaud. C'est la musicalité des chansons comme les ariettes de Favard et la poésie de Marceline Desbordes-Valmore qui l'inspirent. On retrouve aussi son intérêt pour la peinture et les impressionnistes en particulier. Il veut adopter une vision plus moderniste de la poésie.
On peut parler de poésie impressionniste. L'influence de la peinture apparaît surtout dans "Les Paysages belges". Tout comme les peintres impressionnistes qui superposent des points, Verlaine semble superposer les mots, il hache les strophes, il découpe la langue.
L'influence de Rimbaud et Baudelaire
Verlaine est inspiré par Rimbaud et Baudelaire. La syntaxe est plus ramassée que dans ses anciens poèmes. Certains vers sont très elliptiques. On peut parler aussi d'un rythme saccadé. La ponctuation devient très importante, il y a de nombreux effets de surprise, de rupture.
Verlaine ne décrit plus des choses, mais l'effet que ces choses produisent sur l'Homme. Comme Baudelaire, il évoque des correspondances que le poète peut décoder pour les hommes. Le voyage devient primordial, source d'expériences et d'inspiration.
La mélancolie
Le rapport au temps
Comme toujours, Verlaine évoque la mélancolie. Des poèmes comme "Spleen" sont teintés de tristesse. C'est la femme qui entraîne le sentiment de peine, car toute relation est impossible avec elle. Le poète se plonge dans son passé et pleure ses échecs amoureux.
Le présent devient insupportable, hanté par le passé. Le futur ne contient plus d'espoir, l'amour est impossible, la femme toujours quitte l'homme, le fait souffrir. Le temps est donc une source d'angoisse constante. On ne peut y échapper, on est prisonnier entre passé et futur, incapable de vivre le moment présent.
L'amour : une souffrance
C'est surtout l'amour qui est une souffrance. Jamais l'homme ne peut être satisfait. Les espoirs sont toujours trahis. L'ennui et le dégoût finissent par prendre le pas sur le sentiment amoureux. La douceur et la tendresse de la femme sont trompeuses. Elles cachent les trahisons à venir, le désespoir, la désillusion.
L'Homme est en quête d'idéal, en quête de relation parfaite mais aucune femme ne peut être à la hauteur. La duplicité féminine est un fléau. Même la plus parfaite créature peut cacher un être vain, cruel, moqueur. L'Homme est donc condamné à chercher l'amour et à ne jamais le trouver, ce qui le plonge dans une grande mélancolie.
La création poétique
"Tournez, tournez, chevaux de bois" est un des plus célèbres poèmes de Verlaine. Il est une métaphore du travail du poète. Les chevaux de bois tournent, comme les mots que le poète tente de bien mettre en ordre. En effet, Verlaine décrit son travail comme une quête. Il faut agencer les mots, les phrases, changer, modifier, tourner encore. C'est un travail infini et laborieux, il ne faut jamais s'arrêter.
Il faut donc, comme les enfants qui se déplacent sur le manège, essayer différents animaux, différentes montures. Le but est de trouver le meilleur endroit, le meilleur mot ou le meilleur vers.
Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois.
Paul Verlaine
"Tournez, tournez, chevaux de bois", Romances sans paroles
1874