Sommaire
ILa folieIIDe complot en complotIIILe théâtre dans le théâtreIVL'importance des monologuesVUne esthétique baroqueHamlet
William Shakespeare
1603
Hamlet est le fils du roi du Danemark. Il revient dans son royaume après ses études, et découvre que sa mère Gertrude a épousé son oncle Claudius. Il est choqué par cette union qu'il juge incestueuse et amorale, d'autant plus que son père n'est pas mort depuis longtemps. Le spectre du roi apparaît à des gardes. Hamlet décide de lui parler. Le fantôme de son père lui révèle qu'il a été tué par son frère Claudius, qui l'a empoisonné en lui versant du poison dans l'oreille pendant son sommeil. Hamlet est dévasté par cette nouvelle.
Le comportement du jeune prince inquiète à la cour. Il est très mélancolique et ses discours sont énigmatiques. Hamlet décide de jouer sur cette ambiguïté. Il va feindre la folie pour démasquer son oncle. Les personnages de la pièce essaient alors de comprendre pourquoi Hamlet a changé de comportement. Sa mère Gertrude est convaincue que son fils agit ainsi car il aime Ophélie. Celle-ci est la fille de Polonius, un homme souvent ridicule, qui est le conseiller du roi. Il a réussi à obtenir de sa fille les lettres qu'Hamlet lui avait écrites. Le roi, la reine et Polonius enjoignent Ophélie à faire parler Hamlet. Claudius et Polonius se cachent et écoûtent. Mais Hamlet se comporte d'une fort étrange façon, rabrouant Ophélie et se montrant même violent avec elle.
Le prince décide d'une nouvelle ruse pour confondre son oncle. Il fait jouer par une troupe de théâtre une scène qui s'inspire de la mort de son père. Claudius est choqué par la représentation, qu'il interrompt en sortant de la salle. Hamlet est conforté dans son idée qu'il est le meurtrier de son père et décide d'assassiner son oncle. Il hésite toutefois, et va d'abord retrouver sa mère. Il lui révèle tout, et la condamne pour ses crimes (adultère et inceste selon Hamlet). Le prince croit que quelqu'un se cache derrière le rideau dans la chambre de sa mère. Convaincu qu'il s'agit de Claudius, il tue la personne d'un coup d'épée. Mais il s'agit de Polonius. Ophélie devient folle, et son frère Laërte décide de venger son père et sa sœur en tuant Hamlet. Ce dernier a été envoyé par Claudius en Angleterre après le meurtre de Polonius, mais il revient aussitôt. Il découvre alors qu'Ophélie est morte noyée (suicide ou accident, le mystère demeure). Pour calmer les esprits, Claudius organise un duel pour que Laërte et Hamlet s'affrontent. Mais il souhaite voir son neveu mourir. Il fomente alors un plan avec Laërte. Il empoisonne la pointe de l'épée de ce dernier. Il prépare également une coupe de vin empoisonnée pour Hamlet, mais c'est Gertrude qui la boit et meurt pendant le combat. Hamlet est touché, mais Laërte se blesse également. Il sait qu'il va mourir et avoue tout à Hamlet. Le jeune homme décide alors de venger enfin son père et tue Claudius. Arrive alors Fortinbras, seigneur norvégien qui voulait déclarer la guerre au Danemark. Hamlet l'accueille en vainqueur, lui fait savoir qu'il n'a pas besoin de se battre et que le royaume est à lui. Fortinbras accorde des funérailles royales à Hamlet.
La folie
Hamlet paraît fou pour son entourage. Il se montre mélancolique dès le début de la pièce, c'est-à-dire profondément désespéré. Il ne semble plus avoir goût à rien, et il ne croit plus en rien. Il vit le remariage de sa mère comme un crime, une véritable trahison.
Lorsqu'il découvre que son père a été tué par Claudius, Hamlet se montre bien différent. Il se met à nourrir des idées de vengeance. Tout à coup, il peut légitimer sa tristesse, son malaise vis-à-vis du mariage de son oncle et de sa mère. Il décide de feindre la folie. Mais n'était-il pas fou avant ? À l'époque de Shakespeare, la mélancolie est déjà considérée comme une maladie selon la théorie des humeurs. L'état d'Hamlet s'oppose néanmoins à celui d'Ophélie, qui sombre réellement dans la folie à la fin de la pièce. Elle n'est plus cohérente et ne reconnaît personne.
De complot en complot
La pièce est construite sur plusieurs complots, plusieurs intrigues. L'histoire principale est celle d'Hamlet qui veut venger son père. Pour cela, il met en place deux stratagèmes : il feint la folie et il met en scène une pièce qui reprend le meurtre du roi.
Polonius, la reine Gertrude et Claudius complotent aussi d'une certaine façon pour découvrir si Hamlet est amoureux. Ophélie participe à cette intrigue, plus ou moins à ses dépens. Il y a également le complot auquel se livrent Laërte et Claudius contre Hamlet à la fin de la pièce, et celui en arrière-plan de Fortinbras qui veut envahir le Danemark. Le thème de la duplicité, du mensonge, du jeu, est donc primordial dans la pièce. Le but est de révéler la vérité. Au final, tous les personnages importants de la pièce meurent en essayant de découvrir la vérité et de se venger.
Le théâtre dans le théâtre
Shakespeare utilise très souvent la mise en abyme. On parle de théâtre dans le théâtre. Dans Hamlet, la scène de "La Souricière", nom de la petite pièce que le prince dirige, est centrale. C'est un moment de divertissement pour la cour, mais aussi pour le spectateur, car les acteurs sont des personnages comiques. C'est une pantomime qui est représentée. Il n'y a pas de paroles, les acteurs exagèrent les gestes.
C'est un tournant dans la pièce, car Claudius réagit. Hamlet ainsi que le spectateur sont confortés dans leur idée qu'il est coupable. Cette scène sert donc de révélation. Mais elle est aussi une réflexion sur le théâtre lui-même. L'art dramatique nous renvoie en effet à nous-même.
L'importance des monologues
Les monologues sont essentiels dans la pièce. Hamlet se livre à de nombreux monologues délibératifs. Il tente de justifier ses actions, ou justement son absence d'actions. Il exprime aussi sa douleur. Le registre pathétique et le registre lyrique dominent la pièce.
Le plus célèbre monologue est "être ou ne pas être". Il s'agit d'une réflexion métaphysique d'Hamlet. Il se demande pourquoi l'être humain continue de vivre alors que le monde est sombre, que la vie est dure. Il décide que la seule raison est la peur de ce qu'il y a après la mort. Ainsi, les monologues d'Hamlet ne servent pas, comme c'est souvent le cas dans les pièces françaises à l'époque classique par exemple, à faire avancer l'intrigue. Ce sont des réflexions sur le monde, des morceaux de bravoure qui viennent ponctuer la pièce. Hamlet est un personnage qui parle beaucoup plus qu'il n'agit. Son discours se fait de plus en plus resserré à mesure que la pièce avance et qu'il décide de tuer son oncle.
Une esthétique baroque
Le théâtre de Shakespeare est profondément marqué par l'esthétique baroque. La scène du théâtre dans le théâtre est particulièrement intéressante de ce point de vue. Shakespeare utilise de très nombreux décors, de nombreux effets spéciaux pour créer l'illusion. La scène du fantôme requiert notamment des effets spéciaux. Il faut en effet donner l'impression qu'un spectre apparaît sur scène. C'est un défi pour un metteur scène.
Par ailleurs, dans Hamlet, il y a plusieurs morts qui ont lieu sur scène. D'abord, celle de Polonius, tué par Hamlet. Ensuite, le bain de sang final, où Gertrude, Laërte, Claudius et Hamlet meurent. Le seul personnage qui ne meurt pas sur scène est Ophélie, sa mort est rapportée par Gertrude.
Autre marque d'un théâtre baroque : le langage. La pièce mêle langage cru et familier à un langage soutenu et poétique.