René
Chateaubriand
1802
René est réfugié dans une tribu indienne, les Natchez. Il est adopté par Chactas. Il passe la plupart de ses journées dans la nature seul, et est très mélancolique. Un jour, il explique à Chactas et Souël pourquoi il est si triste. Il raconte la mort de son père, et comment elle l'a plongé dans un état de profonde détresse. Il décrit son dégoût pour la vie, et ses envies de suicide.
La sœur de René, Amélie, empêche un jour son frère de se tuer. Quelque temps plus tard, elle se retire dans un couvent. René part aux États-Unis. C'est là qu'il reçoit une lettre qui lui apprend la mort d'Amélie. René est terriblement accablé par cette nouvelle. Chactas le prend alors dans ses bras et le père Souël lui dit que la mort de sa sœur est le juste châtiment pour la vie qu'il a menée jusque-là.
Chateaubriand et le préromantisme
Les œuvres de Chateaubriand sont novatrices dans le sens où l'auteur privilégie le thème de l'expérience. L'expression des sentiments domine ses ouvrages. Il est, en cela, annonciateur du romantisme.
Il évoque souvent l'ennui, la mélancolie, la tristesse. Ses héros se sentent souvent en inadéquation avec le monde, rejetés, inutiles. Le monde est vu comme décevant et cruel, plein de souffrances. L'angoisse et le désir de mort animent les héros des oeuvres de Chateaubriand. Le lyrisme domine et sert à évoquer le temps. Dans René, l'exotisme et le voyage sont aussi très importants.
La solitude
La solitude est le thème majeur du roman. René est tout le temps seul, il s'isole. Il n'arrive plus à vivre avec lui-même. Il parcourt le monde dans le but d'oublier sa solitude, mais où qu'il soit il est seul. Il sait que quelque chose lui manque, toutefois il n'arrive pas à savoir quoi.
Ce mal est bien sûr la mélancolie. Amélie est la seule qui a réussi à parler au jeune homme, et elle a pu le tenir éloigné de la mort. Mais sa mort plonge René dans une grande douleur. Amélie est une sainte, une femme qui a été attirée par la religion. Celle-ci lui permet d'être sereine et d'élever son âme. La relation entre René et Amélie n'est pas simplement celle entre un frère et une sœur. C'est un amour romantique. Amélie choisit de vivre dans un couvent pour se repentir de l’amour incestueux qu’elle éprouve pour René.
La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme des ruisseaux d'une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. II me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence: je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future ; je l'embrassais dans les vents ; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.
Chateaubriand
René
1802
Le roman du désespoir
De nombreux éléments du roman font penser que Chateaubriand s'est inspiré de sa propre existence. Ainsi, il utilise le château de Combourg en Bretagne où il a vécu enfant. Les sentiments entre René et Amélie rappellent aussi ceux entre Chateaubriand et sa sœur Lucile.
Le désespoir du héros de Chateaubriand tient dans un futur qu'il n'entrevoit qu'incestueux. En effet, le bonheur pour lui serait d'être avec sa sœur, mais cela est impossible. Le bonheur lui est donc impossible. René cultive le désespoir. Il garde une lettre de sa sœur avec lui pour s'interdire d'être heureux. Il s'isole constamment. Il contemple l'abîme de la mer. Les passions tourmentent René, mais il n'essaie pas d'y échapper, il se plonge dedans.