Sommaire
ILa vie du poèteIILes procédés stylistiquesIIILes thèmes principauxALa violenceBLe conformismeCL'amourParoles
Jacques Prévert
1946
Paroles est un recueil de poésie qui comporte quatre-vingt-quinze textes. La forme et la longueur des textes varient beaucoup. Certains sont très longs comme "Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France" qui fait onze pages, d'autres très courts comme "L'Amiral" qui fait cinq vers. Certains textes sont écrits en prose, d'autres sont des saynètes dialoguées en vers libres, d'autres encore sont plus traditionnels et écrits en vers libres. L'auteur met surtout en avant l'oralité, qui est revendiquée comme étant poétique. Prévert s'inspire ainsi de chansons.
Les thèmes des poèmes sont surtout l'amour, la guerre, la mélancolie. Prévert utilise toutes les ressources du langage pour mieux inventer une nouvelle poésie qui se libère des carcans imposés par les siècles passés.
La vie du poète
Jacques Prévert a grandi en fréquentant le théâtre et le cinéma. C'est un passionné de lecture. Il participe au mouvement surréaliste mené par André Breton et rencontre ainsi Louis Aragon et Paul Éluard. Mais Prévert est très indépendant, et il quitte vite ce cercle de poètes.
Très tôt, ses textes poétiques sont publiés dans des revues. Prévert écrit aussi des scénarios pour le cinéma, ou encore dialogues. C'est un auteur qui a beaucoup de succès, et ses poèmes sont repris en chansons par Juliette Gréco, Mouloudji, les Frères Jacques et Yves Montand. Paroles, publié en 1945, est son ouvrage le plus emblématique.
Les procédés stylistiques
Le poète utilise divers procédés stylistiques. Il utilise surtout le rire. Ainsi, il joue beaucoup sur les mots, sur les expressions, pour mieux les moquer : "Notre père qui êtes aux cieux / Restez-y... " ou encore " Larima / Larima quoi / La rime à rien". Il joue beaucoup sur la sonorité des mots : "Le monde mental / Ment / Monumentalement". Il fait preuve de beaucoup de dérision.
Prévert utilise aussi beaucoup l'anaphore, c'est-à-dire la répétition d'un mot ou d'un groupe de mots en début de phrases : "Ceux qui pieusement / Ceux qui copieusement"). Le vocabulaire est souvent très simple.
Prévert aime surtout les images. Il en utilise beaucoup dont voici certaines très célèbres : "Voici le temps des égoutiers" ou encore "Ceux qui sont chauves à l'intérieur de la tête".
Les thèmes principaux
La violence
Prévert dénonce la guerre. Le recueil est publié juste après la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n'est pas simplement la guerre qui est violente. Prévert s'insurge contre la violence de la politique bourgeoise ou encore de la religion. Les puissants exercent ainsi une oppression sur les plus faibles.
Prévert est antimilitariste, ce que l'on peut constater dans des poèmes comme "Le Temps des noyaux" ou "Quartier libre", anticlérical ("Pater noster") et surtout défenseur des pauvres ("Le Discours sur la paix").
Le conformisme
Dans "Familiale", Prévert s'oppose à une certaine idée de la famille, ce qui lui permet de montrer son anticonformisme. Dans ce poème, une famille accepte la guerre et la mort avec indifférence. Le poète est très ironique. Les trois personnages semblent vivre dans des univers parallèles. Ils ne partagent pas. Ils semblent ne rien ressentir.
Prévert souligne ici qu'il faut rompre avec des traditions qui plongent dans le marasme. Il dénonce la passivité des hommes, leur acceptation des normes, leur manque de discernement.
L'amour
Prévert montre souvent l'amour comme un sentiment mélancolique destiné à apporter le désespoir. Ainsi, le poète montre à plusieurs reprises que la mort est de toute façon plus forte que l'amour, donc plus forte que la vie. L'amour est donc voué à disparaître. Dans "Barbara", Prévert souligne l'impossibilité de retourner dans le passé.
La guerre, surtout, s'oppose à l'amour. Le bonheur ne peut survivre au malheur des morts, de l'horreur. Prévert loue l'amour, mais il est aussi profondément pessimiste et reconnaît que l'on peut être trompé. De toute façon, même si l'amour est magnifique, la guerre et la violence salissent tout.
Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
mon amour
Jacques Prévert
"Pour toi mon amour", Paroles
1946