La Condition humaine
André Malraux
1933
L'action commence à Shanghai en 1927. Les Occidentaux tiennent la région. Le Parti nationaliste dirigé par Chang-Kaï-Shek et le Parti communiste chinois préparent une insurrection contre le gouvernement. Tchen, partisan de l'insurrection, tue un trafiquant d'armes. Il retrouve ensuite ses amis Kyo et Katow. Les 22 et 23 mars, l'insurrection débute. Ferral, le président de la chambre du commerce, négocie son alliance avec le parti nationaliste. Il retrouve sa maîtresse Valérie ensuite.
Le lendemain, les troupes de Chang-Kaï-Shek arrivent, mais l'alliance conclue avec Ferral force les nationalistes à se séparer des communistes. Tchen refuse d'abdiquer, Kyo ne sait pas quoi faire, Katow dépose les armes. Tchen pense qu'il faut assassiner Chang-Kaï-Shek.
Tchen rate sa tentative de meurtre contre Chang-Kaï-Shek. Il se réfugie chez Hemmelrich et organise son prochain attentat. Il décide qu'il se jettera sous les roues de la voiture avec la bombe. Cependant, la voiture du général est un leurre. Tchen survit à ses blessures mais se suicide. Le général Chang-Kaï-Shek garantit alors son soutien à Ferral. Il assure qu'il fera fusiller les communistes.
Kyo est arrêté. Lorsque Hemmelrich retourne dans sa boutique, il la découvre dévastée. Sa femme et son fils sont morts dans l'explosion. Il est bouleversé mais décide de trouver le réconfort dans l'action communiste. Libre de toute attache, il peut lutter. Katow est fait prisonnier lors d'une attaque, mais Hemmelrich s'échappe.
En prison, Kyo refuse de dénoncer ses complices. Il apprend que communistes seront brûlés vifs dans le foyer de la locomotive. Il prend du cyanure et meurt avant. Katow donne son cyanure à des camarades qui ont très peur. Il marche très dignement vers la locomotive.
Au Japon, Gisors et May ont trouvé refuge chez Kawa. Le vieil homme se drogue à l'opium. May, compagne de Kyo, décide de continuer l'action révolutionnaire. Elle prévoit d'aller en URSS où elle va retrouver Hemmelrich.
Le style de Malraux
L'auteur met en avant dans son écriture la description et l'étude psychologique des personnages. Dans le roman, il s'intéresse à la façon dont le monde est vu par les différents personnages. Il traite des différents problèmes de la condition humaine, plongeant dans la psyché des protagonistes.
Malraux alterne entre des scènes d'action et des scènes de réflexion. À plusieurs reprises, les personnages réfléchissent ainsi à l'action communiste, à la meilleure chose à faire, à la façon de gérer une situation. Ils cherchent à faire ce qui est juste, ce qui est en adéquation avec leurs idées.
Les scènes d'action sont souvent très violentes. De nombreux personnages trouvent la mort de façon atroce. Malraux entend montrer la violence du combat révolutionnaire communiste, mais surtout la terrible répression chinoise.
Malraux s'inspire de la technique du roman américain d'Hemingway. Il est aussi fortement influencé par le cinéma. Ainsi, son récit est parfaitement découpé en différentes scènes. Il parle d'ailleurs de "mise en scène". Ses personnages sont souvent des incarnations d'idées.
Le destin : la condition humaine
Malraux écrit : "Le Destin n'est pas la mort. Il est fait de tout ce qui impose à l'homme la conscience de sa condition." C'est bien le destin qui est au cœur du récit de Malraux. L'homme doit accepter sa condition, il doit y faire face. Ainsi, dans la prison, les héros doivent subir des tortures insoutenables. Ils sont asservis. La prison fait ressortir des traits différents de la condition humaine selon Malraux : la solitude, la promiscuité et la dépendance. Certains hommes sont solidaires, d'autres courageux, d'autres peureux.
Plusieurs personnages de La Condition humaine subissent l'humiliation. Elle peut être l'aliénation, l'aspiration à la dignité, l'orgueil. Les personnages sont tous pétris de solitude et de douleur. L'angoisse est au cœur de leur être. Ils cherchent tous un sens à leur vie. Certains héros du roman trouvent dans le communisme une raison valable de mourir. Certains accèdent au titre de héros. Mais ils perdent tous quelque chose, et la plupart d'entre eux meurent. Tel est le destin de l'homme, mourir et en avoir conscience.
Échapper au destin
Pour échapper au destin, plusieurs moyens sont à la portée des personnages. Certains trouvent, pour briser la solitude, l'amour dans les bras d'un autre. Autrement, il y a l'alcool, l'opium, la volonté de puissance, la révolution, l'art ou le don de soi.
Ferral est un personnage qui aspire au pouvoir. Pour lui, l'érotisme est une manière de dominer et d'humilier l'autre. La drogue permet de fuir efficacement la réalité. Gisors en prend beaucoup, il veut simplement oublier. L'échappatoire n'est jamais longue pourtant. Le personnage de Clappique joue au jeu, autre addiction. Cela empêche de penser.
La révolution et le sacrifice permettent de libérer l'homme, et de donner de l'espoir aux autres. C'est une façon de lutter contre l'humiliation de la condition humaine.
L'amour véritable dans le roman est celui vécu entre Kyo et May. Pourtant, il ne conduit pas au bonheur. C'est la mort qui gagne. Elle est peut-être le personnage principal du roman. Elle empêche l'homme d'être. Elle réduit à néant toute tentative de construction.
Il n'est pas difficile de voir où est le mythe de la condition humaine : c'est la vulnérabilité de la grandeur, la dégradation des grandes formes de l'espoir, toujours renaissant, des hommes par leur incarnation.
André Malraux
La Condition humaine
1933