Sommaire
ILe Nouveau RomanIIUn nouveau styleAL'influence de la littérature étrangère et de la psychanalyseBLe style de SarrauteIIILa métaphore du planétariumLe Planétarium
Nathalie Sarraute
1959
Le Planétarium révèle, derrière le monde apparemment serein d'Alain, Gisèle et tante Berthe, un profond malaise. L'auteure dénonce l'apparence confortable de la vie familiale. Il n'y a pas d'intrigue, mais des conversations. Des voix anonymes, des ébauches de psychologie. Le roman se construit sur des oppositions, à propos d'un appartement, ou de Germaine Lemaire. Un homme, Alain Guimier, est perdu. Les relations familiales et sociales autour de lui sont complexes. Tout semble se jouer autour de lui. Le livre se divise en plusieurs parties qui correspondent au point de vue d'un personnage différent. C'est la même scène répétée inlassablement qui est au cœur de l'ouvrage. Chaque personnage l'a vécue différemment, et donc la perçoit différemment. Le lecteur peut ainsi comprendre les motivations de chaque protagoniste. Chaque discussion dans le roman s'apparente à une aventure. L'auteure s'intéresse à la paranoïa dans chaque humain, et à l'envie de gagner un débat.
On peut citer, outre les personnages mentionnés plus haut, Mme Tussaud, une femme abandonnée seule, ou encore Alain et Gisèle, le couple idéal parfois, criminel à d'autres moments. Il y a aussi la rencontre entre Berthe et son frère. À chaque fois, les personnages racontent la scène à tour de rôle. Chacun des protagonistes essaie de créer son propre roman. Nathalie Sarraute ne s'intéresse pas à l'histoire, qui est assez floue, mais à la manière dont un roman se construit. Les personnages ne sont pas individualisés, ils peuvent être interchangeables.
Le Nouveau Roman
Le Nouveau Roman est un mouvement littéraire d’après-guerre qui perdure jusqu’en 1970. Le but est de renouveler le genre romanesque qui date de l’Antiquité. La position du narrateur change complètement, l'intrigue passe au second plan. Les personnages sont souvent assez peu développés, inutiles. Les romans n'ont pas pour but de développer des personnages, mais de travailler sur une nouvelle vision du roman. Les auteurs refusent la tradition. Les repères temporels sont bouleversés, les niveaux de narration sont multipliés. C'est un certain réalisme qui est refusé. Il ne s'agit pas pour autant d'aller vers le merveilleux, mais d'approfondir la recherche. Il faut creuser en l'humain, dans la conscience, dans le subconscient.
Un nouveau style
L'influence de la littérature étrangère et de la psychanalyse
La littérature étrangère est une source pour les auteurs du Nouveau Roman. Virginia Woolf par exemple, auteure anglaise, privilégie l'utilisation du monologue intérieur dans ses romans. Nathalie Sarraute va s'en inspirer, notamment dans Le Planétarium, on elle plonge dans l'esprit de ses personnages. Faulkner est un auteur américain qui éclate complètement la structure du récit, il change les codes, il écrit des romans où plusieurs personnages s'expriment comme dans Tandis que j'agonise.
Surtout, ce sont les auteurs comme le Russe Dostoïevski et le Tchèque Kafka qui marquent une révolution. Ils plongent dans l'âme humaine, ils révèlent ce qu'il y a de plus sombre en l'être humain.
À l'époque du Nouveau Roman, la psychanalyse prend son essor. L'inconscient est un sujet qui est très discuté. Les personnages des romans sont alors dominés par leur inconscient. Les auteurs tentent de saisir leur psychologie, leur mécanisme, leur fonctionnement. C'est ce que Nathalie Sarraute cherche à faire dans ce roman. Elle veut montrer la façon dont l'inconscient pousse le personnage à agir, comment il le fait réfléchir.
Le style de Sarraute
Sarraute a pour ambition de parler de la matière, de révéler le non-dit, ce qu'on n'avoue pas. C'est le sujet même du roman. L'univers de la "sous-conversation" l'intéresse particulièrement. Elle veut peindre l'invisible, ce qu'il y a derrière les visages.
Elle invente le terme "tropisme", qu'elle a emprunté au langage scientifique. Chez Sarraute, le terme renvoie aux mouvements intérieurs de l'humain. Ces mouvements sont générés par les conventions sociales, par la parole.
Dans Le Planétarium, Nathalie Sarraute applique ses idées du roman. Elle se plonge dans la tête de ses personnages et cherche à montrer comment les relations familiales les ont façonnés, comment ils réfléchissent, comment ils vivent avec leur "tropisme" propre.
La métaphore du planétarium
Le titre du roman est énigmatique. À chaque plongée dans l'esprit d'un des personnages toutefois, tout se passe comme si le lecteur était plongé dans un monologue. Tout se met alors à tourner autour du personnage. Il devient le centre de tout. Comme dans un planétarium, l'univers, les étoiles, tournent autour du protagoniste. Le lecteur devient une étoile, qui lui-même tourne autour du personnage.
L'écriture de Nathalie Sarraute permet de souligner cette impression. Elle utilise beaucoup les points de suspension, les reprises. On a la sensation de tourner autour du protagoniste, de le découvrir petit à petit. Les gradations sont très utilisées dans le roman. L'auteur et le lecteur sont alors des scientifiques qui cherchent à comprendre la psychologie du personnage. Ce dernier s'approprie le monde. C'est bien cela que l'auteure veut montrer, la façon dont chaque personne fait du monde son monde. On est au centre de nôtre, donc au centre de la Terre.