On ne badine pas avec l'amour
Alfred de Musset
1861
La pièce se déroule au château du baron. Camille, la nièce du baron, sort du couvent, elle a 18 ans. Elle retrouve le fils de son oncle, Perdican, qui a 21 ans et vient d'obtenir un doctorat. Ils ne s'étaient pas vus depuis dix ans. Le baron souhaite les marier. Perdican et Camille s'aiment depuis toujours. Mais Camille a été mise en garde par les sœurs contre les hommes. Elle a décidé de vouer son existence à Dieu. Elle écrit une lettre à une religieuse du couvent, Louise. Elle lui dit qu'il ne faut pas quitter ce lieu, elle raconte qu'elle fait tout pour se faire détester de Perdican. Elle dit aussi que le jeune homme est fort désespéré par son refus de se marier.
Perdican tombe sur la lettre. Il est blessé dans son orgueil. Il décide de détromper Camille et séduit Rosette, une jeune paysanne, la sœur de lait de Camille. Il espère rendre sa cousine jalouse. Mais Camille apprend par Dame Pluche que Perdican a lu sa lettre. Elle comprend ce qu'il essaie de faire. Elle dit donc à Rosette que Perdican se moque d'elle. Rosette réalise qu'elle a été moquée. Camille et Perdican s'avouent finalement leur amour. Mais Rosette, qui les observe, ne supporte pas cette scène et meurt d'amour. Camille se sent coupable et quitte Perdican.
L'amour, enjeu de la pièce
L'amour est au cœur de la pièce, mais il n'est pas le sentiment qui domine. Les jeunes gens continuent de jouer, comme quand ils étaient enfants, mais ils ne se rendent pas compte que cette fois ils jouent avec les sentiments d'autres personnages. C'est l'orgueil qui domine la pièce. Ils refusent de s'avouer leur amour, ils se blessent, se font du mal, et finissent par pousser à la mort Rosette.
Les deux jeunes gens pouvaient se marier dès le début, il n'y a pas d'obstacle à leur amour. C'est leur vanité qui les tient séparés. Camille prend plaisir à tourmenter son cousin. Quand elle dit qu'elle préfère Dieu, elle ment. Perdican lui dit : "Tu es une orgueilleuse ; prends garde à toi". Ils sont tous les deux pris par leur propre piège. L'amour n'est pas quelque chose avec lequel il faut jouer.
L'orgueil, un mécanisme tragique
Musset écrit ici un drame romantique. La pièce commence comme une comédie, mais le titre met en garde. C'est l'amour-propre qui fait agir les personnages. Rosette n'est pour Perdican et Camille qu'une petite paysanne. Perdican l'utilise, Camille la blesse. Ils ne se rendent pas compte de leur action. Rosette devient la victime de leurs manigances.
Au cours de l'acte II, Perdican et Camille s'amusent avec l'amour. Camille se croit maîtresse du jeu. Mais lorsque Perdican décide de séduire Rosette, la pièce va vers le drame. Les jeunes gens sont en train de créer leur propre malheur.
Camille est fière quand Perdican avoue qu'il l'aime. Perdican se montre hautain avec la jeune Rosette. Les deux traitent la jeune femme comme un être qui n'a pas de sentiments. La mort de la paysanne les ramène à la réalité. Cette fois, leur amour va vraiment être impossible à vivre. La mort a surgi.
C'est donc l'orgueil des jeunes gens qui les poussent à se rejeter, à se chercher. Ils se sentent tellement supérieurs qu'ils ne pensent jamais aux conséquences de leurs actions. La fin de la pièce les condamne à vivre séparés.
Le thème du double
Musset utilise le thème du double. Les précepteurs des cousins, Blazius et Pluche, sont des doubles des jeunes gens. L'un est gros, jouisseur et débonnaire, l'autre est maigre, dévote et sage. Ils renvoient à Camille et Perdican, à la façon dont ils agissent. Ce sont eux qui les ont élevé pour être fier, pour être orgueilleux.
Camille et Perdican sont aussi des doubles. C'est un couple assorti. Ce sont encore des enfants, ils jouent, ils s'amusent. Ils sont tous les deux animés par leur envie d'être le meilleur, le plus aimé, par leur orgueil.
Camille et Rosette par contre sont très opposées. Camille fuit l'amour par peur de souffrir, alors que Rosette est naïve. La première peut se montrer manipulatrice et même violente, alors que la seconde est douce et gentille. Elle va d'ailleurs mourir de la violence de Camille. Rosette est un double de Camille dans le sens où elle représente ce que Camille serait devenue si elle était restée vivre au château. Si Perdican la traite mal finalement, c'est parce qu'elle est paysanne.