Sommaire
ILa vie de l'auteurIIUne triste peinture de l'AngleterreIIIUn nouveau gouvernementIVUne société idéaleVLa quête de l'idéalL'Utopie
Thomas More
1516
L'Utopie est un roman publié par Thomas More en Angleterre, sous le règne d'Henri VIII. C'est une époque de grandes réformes et de guerres de religions, une ère trouble où il y a de nombreuses injustices. Dans la première partie, l'auteur expose son dialogue avec un explorateur portugais, Raphaël Hythlodée. Dans la seconde partie, l'explorateur propose sa vision d'une société idéale, "l'Utopie".
Sur l'île "Utopie", tout semble merveilleux. Il n'y a pas de vol, la misère n'existe pas, les hommes ne paient pas d'impôts. Il n'y a pas de monnaie, chacun prend ce dont il a besoin. Personne n'a le droit de ne rien faire, tout le monde doit mettre la main à la pâte. Ainsi, même les femmes travaillent, et il n'y a pas de mendiants, de valets, de nobles. La journée de travail dure six heures, et il existe un service agricole de deux ans, qui remplace le service militaire. Lorsque les Utopistes ne travaillent pas, ils se cultivent ou pratiquent des loisirs. Ils mangent tous ensemble, en musique et avant chaque repas, une leçon de morale est récitée.
Les Utopistes paraissent tous heureux. Il n'y a pas de serrure aux portes des maisons. Il faut déménager tous les dix ans, pour ne pas prendre le risque de s'enraciner. Des personnes extérieures tentent tout de même de les attaquer. Les Utopistes ne savent pas se battre, ils utilisent donc des mercenaires pour se défendre, les Zapolètes. Les Utopistes coupables d'adultère, ou qui tentent de fuir l'île, cessent d'être des citoyens libres et deviennent des esclaves. Ainsi, L'Utopie reste un livre où l'idéal est teinté de quelques dissonances.
La vie de l'auteur
Thomas More est un auteur anglais qui est également juriste et théologien. C'est un personnage historique célèbre en Angleterre. Il est l'ami d'Érasme et d'Henri VIII. Il devient membre du Parlement en 1504. Il publie L'Utopie en 1516, alors que la réforme protestante se profile à l'horizon.
Cet ouvrage est l'un des plus célèbres du mouvement humaniste, dans lequel Thomas More s'inscrit. Il y décrit une société idéale, où les injustices qui sévissent alors en Angleterre ont disparu. Thomas More s'oppose au divorce d'Henri VIII avec sa première femme. Il refuse de reconnaître son mariage avec Anne Boleyn, et donc la réforme protestante. Il est jeté en prison et exécuté en 1535.
Une triste peinture de l'Angleterre
L'ouvrage est divisé en deux parties. La première partie est un réquisitoire contre les injustices qui sévissent en Angleterre. Elle permet de lister les problèmes qui existent alors, notamment les privilèges des nobles et la pauvreté du peuple. La deuxième partie est une description de l'île de "Utopie", une image idéale de l'Angleterre si elle était bien gouvernée.
Dans la première partie, on trouve une discussion imaginaire avec un portugais, Raphaël Hythlodée. Cet explorateur décrit une Angleterre particulièrement injuste. Thomas More utilise ce personnage pour critiquer son pays, sans risquer la censure puisqu'il passe par un homme étranger. La critique porte notamment sur les lois, les ambitions du roi, la guerre et les courtisans. Thomas More analyse également les raisons qui peuvent pousser les hommes pauvres au vol, et remet en question la peine de mort comme punition. Il souligne notamment son inutilité, puisque le nombre de voleurs ne diminue pas. Thomas More remet aussi en cause la propriété privée.
Un nouveau gouvernement
Dans la deuxième partie de l'œuvre, Thomas More propose un nouveau gouvernement à travers le personnage de Raphaël Hythlodée qui l'expose dans une sorte de long monologue.
Le gouvernement idéal est composé d'un sénat. Chaque ville de l'île est administrée par un conseil élu par le peuple. Les citoyens sont regroupés en cinquante familles. Chaque famille est dirigée par un chef, le syphogrante. Les syphograntes forment un conseil qui choisit un prince. Les discussions politiques sont publiques. Ainsi, les Utopistes savent ce que le gouvernement fait.
Une société idéale
Outre le gouvernement, Thomas More invente une société idéale. C'est une société où chacun participe à la vie publique, où chacun est libre, où chacun a accès à l'éducation. L'égalité règne.
La société idéale ne connaît pas la propriété privée. C'est une société où les hommes sont moraux et travaillent tous. Les hommes bénéficient aussi d'une liberté religieuse que l'Angleterre de l'époque de Thomas More ne connaît pas. Il n'y a pas de classes sociales. Les hommes et les femmes sont égaux. Les aînés dirigent la cité.
Néanmoins, même dans cette société idéale se dessine des injustices. Ainsi, si les lois ne sont pas respectées (commettre un adultère, fuir l'île), les coupables perdent leurs droits et deviennent des esclaves.
La quête de l'idéal
Thomas More est à la recherche de l'idéal. Il insiste notamment sur l'éducation, car il pense qu'elle seule peut libérer les esprits. Il souligne également l'importance de l'expérience et de la discussion. L'État idéal est un état libéral.
Pourtant, Thomas More semble réaliser que toute société connaît ses injustices. Même sur l'île, il y a des esclaves. Le texte a une portée philosophique, il pose la question de ce qu'est une société égalitaire et juste.
C'est l'auteur qui invente le mot "utopie", qui devient par la suite un lieu parfait, un lieu de bonheur, qui, par essence, n'existe pas. Est utopiste l'homme qui croit que le monde peut être parfait.