Sommaire
IUn nouveau genreALe théâtre de l'absurdeBLes caractéristiquesIILes personnagesALes reinesBLe Garde et JulietteIIILa mort du roiAL'absurdité de la mortBLa révolte du roiLe roi se meurt
Eugène Ionesco
1962
Au début de la pièce, le roi Bérenger Ier entre dans la salle du trône. Les deux reines Marguerite et Marie le suivent, ainsi que Juliette et le médecin. Il fait très froid, mais comme le chauffage ne marche pas, les murs du château commencent à s'abîmer. Marie pleure en observant cela, et Marguerite la réprimande.
Le règne du roi touche bientôt à sa fin. La dégradation du palais en est un signe. Marie refuse de l'accepter. Marguerite tente de lui prouver qu'elle a tort. Elle lui montre que le sol devient mou. Elle dit qu'il n'y a plus d'armée, que le roi est malade. Le médecin confirme, c'est bientôt la fin. Bérenger Ier entre dans la salle du trône. Il se plaint de sa santé. Il parle de l'état de l'univers et du royaume. Le médecin et Marguerite lui rappellent qu'il va bientôt mourir.
Le roi, comme Marie, refuse cette nouvelle. Il n'a pas encore décidé de mourir. Tout le monde lui dit que c'est la fin, sauf Marie. Le roi conteste son médecin pendant toute la pièce. À plusieurs reprises, il tente de se lever mais il n'y arrive pas. Il n'arrive plus à donner d'ordres. Petit à petit, les éléments du décor disparaissent. La mort du roi approche. Puis, tout disparaît. C'est terminé.
Un nouveau genre
Le théâtre de l'absurde
Le théâtre de l'absurde est un style de théâtre apparu au XXe siècle, à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Il y a une rupture totale avec les genres classiques comme le drame, la tragédie ou la comédie. Après la Seconde Guerre mondiale, l'absurdité règne dans l'Art. Face à l'horreur de la Shoah, les artistes refusent le réalisme. Ils veulent trouver une nouvelle forme de langage. Pour révéler le chaos, il faut inventer un nouveau genre. Il faut aller contre le théâtre. Ionesco modifie alors le langage, le jeu de scène, l'histoire. Plus rien n'a de sens, tout est absurde.
Les personnages ne communiquent pas bien, les mots n'ont pas de sens. Surtout, les personnages sont interchangeables, personne n'est essentiel, unique ou différent. Ce mouvement littéraire s'est inspiré des surréalistes et des dadaïstes. Eugène Ionesco, Samuel Beckett et Jean Genet sont les plus célèbres dramaturges de ce mouvement.
Les caractéristiques
Ce nouveau théâtre refuse tout réalisme des personnages ou de l'intrigue. On peut d'ailleurs dire que toute trame "narrative" disparaît. Les personnages sont interchangeables. Le lieu est rarement cité, le temps est symbolisé par une pendule parfois, mais il est souvent déréglé. Les dramaturges veulent créer un spectacle total, ils utilisent des clowns, des éléments visuels, des lumières et des sons. Il y a beaucoup d'exagération. Par dessus tout, le théâtre de l'absurde repose sur la réflexion. Le spectateur doit participer au spectacle, il doit réfléchir à ce qu'on lui montre, sinon cela n'a aucun sens.
Les personnages
Les reines
La reine Marguerite symbolise la raison, elle est lucide. Elle accompagne le roi dans sa mort, elle rejette ses caprices et tente de le raisonner. Elle prend le parti du médecin, ils essaient tous deux de convaincre le roi qu'il faut qu'il se prépare à mourir, que la fin est imminente.
Marie est puérile, elle s'oppose toujours à Marguerite, elle veut croire que le roi va vivre. Elle essaie de le convaincre de se rebeller contre Marguerite et le médecin. Elle insiste pour qu'il ne les écoute pas.
Le Garde et Juliette
Le Garde et Juliette sont au service du roi. Le Garde représente l'armée et symbolise la puissance du royaume. Petit à petit, il ne répond plus aux ordres de son souverain, ce qui signifie que ce dernier perd son pouvoir. En effet, il n'a plus d'influence et ne contrôle plus l'armée.
Juliette est la femme de ménage. Elle représente le peuple. Elle non plus ne répond plus aux ordres du roi qui est donc sans armée et sans peuple à gouverner.
La mort du roi
L'absurdité de la mort
Bérenger est un personnage qui apparaît dans plusieurs pièces de Ionesco. Il est dans Tueur sans gages, Rhinocéros et Le Piéton de l'air. Il représente l'homme universel. Dans Le Roi se meurt, c'est l'Homme face à sa mort que décrit Ionesco.
Le dramaturge utilise le lyrisme tragique mais aussi les pitreries pour souligner l'absurdité de la mort. Le héros refuse de croire à sa fin. Tout le monde lui assure qu'il va mourir bientôt, dont un médecin, mais il continue de lutter. Il voit tout disparaître autour de lui, et pourtant affirme qu'il est vivant, qu'il ne mourra pas. Le tragique naît de cette lutte ridicule contre la mort. L'Homme n'a pas le choix. À la fin, inévitablement, il doit mourir.
La révolte du roi
Le roi représente l'être humain face à la mort. D'abord, il refuse d'admettre qu'il va mourir. Puis il se révolte, il s'indigne contre la mort, contre l'inéluctabilité de sa fin. Il se révolte aussi contre lui-même, car il n'a pas réfléchi suffisamment à sa condition d'homme. Enfin, il se résigne.
Toutefois la mort reste scandaleuse pour lui, car il n'a pas eu le temps d'y penser.