Sommaire
IUn roman réalisteAL'importance des descriptionsBUne peinture fidèle de la bourgeoisieCLa place de l'auteurIIUne critique du romantismeAUne parodie du romantismeBLes dangers d'une âme passionnéeIIILe désillusionnement d'EmmaMadame Bovary
Gustave Flaubert
1857
Emma Rouault est la fille d'un riche fermier. Elle épouse Charles Bovary, un médecin de Tostes, qui vient de perdre sa femme. Emma a grandi dans un couvent. Elle rêve de vivre des aventures similaires à celles des romans à l'eau de rose. Sa nouvelle vie de jeune mariée ne la comble pas du tout et elle tombe dans une profonde dépression face à la réalité.
Charles et Emma déménagent dans un autre village, Yonville-l'Abbaye. Elle rencontre le clerc de notaire Léon Dupuis et le gentilhomme Rodolphe Boulanger. Emma donne naissance à une fille, mais elle continue de s'ennuyer. Elle ressent de plus en plus d'aversion pour son époux et devient alors la maîtresse de Rodolphe. Elle projette de fuir avec lui, mais il l'abandonne lâchement. Emma tombe malade.
Elle revoit alors Léon dont elle devient l'amante. Elle se met à beaucoup mentir pour voir son amant et emprunte de l'argent à Lheureux pour ses nombreuses dépenses. Mais quand il veut récupérer son dû, Emma se voit forcée de demander à Léon et Rodolphe de l'aider. Les deux refusent. Elle se retrouve dans une situation difficile, craignant que son mari réalise ce qu'elle a fait. Elle se suicide alors en avalant de l'arsenic.
Un roman réaliste
L'importance des descriptions
Flaubert fait preuve d'un véritable souci de réalisme dans son roman. Les descriptions ont une importance primordiale. Elles permettent de recréer l'atmosphère du village dans lequel Emma et son mari vivent, et de montrer les mentalités de la bourgeoisie provinciale.
Mais les descriptions sont également très importantes car elles permettent de souligner les connaissances scientifiques de Flaubert. Il décrit la façon dont l'arsenic agit sur le corps d'Emma, et sa lente et douloureuse agonie. Il se montre fidèle à la réalité. Il prend soin de donner beaucoup de vraisemblance à tout ce qu'il écrit.
Une peinture fidèle de la bourgeoisie
Flaubert fait une peinture très précise de la société de son temps, et particulièrement de la petite bourgeoisie de province. L'auteur s'est inspiré d'un fait divers pour rédiger son roman.
L'auteur prend soin de recréer le milieu social de ses personnages. Il transforme leur langage en fonction de leur position dans la société. Il met en avant les relations entre les personnages, les problèmes d'argent, la façon dont les propriétés sont gérées. Il parvient également à montrer que la bourgeoisie s'ennuie et rêve d'aristocratie.
La place de l'auteur
Flaubert affirme que l'artiste doit s'effacer pour laisser parler les personnages. On ne doit pas voir l'écrivain en lisant un roman réaliste, seule la réalité doit paraître. Pourtant, il est difficile de ne pas voir la patte de l'écrivain. Flaubert ne fait pas parler uniquement ses personnages. En effet, il peint des portraits extrêmement ironiques. L'ironie est la marque flagrante de la présence de Flaubert, qui ne parvient pas à disparaître autant qu'il le voudrait.
Ainsi, l'écrivain ne cesse de se moquer des actions de ses personnages. Il ne raconte pas simplement les idéaux d'Emma, ses rêves. Il les tourne en dérision. Il dresse aussi un portait assez dur du mari, trop crédule, et des amants, qui sont représentés comme des opportunistes. Flaubert, malgré sa volonté de s'effacer, est donc un écrivain qui juge ses personnages, mais il le fait avec une profonde humanité. D'ailleurs, une anecdote voudrait que Flaubert ait dit : "Madame Bovary, c'est moi". Vrai ou faux, il est évident que malgré son ironie, Flaubert a beaucoup d'empathie pour ses personnages, même s'il les peint avec férocité.
Une critique du romantisme
Une parodie du romantisme
Emma est très touchée par les romans à l'eau de rose qu'elle a lus jeune. Elle a tendance à croire que la réalité et la fiction ne font qu'un. Ainsi, elle s'entiche très facilement de Rodolphe et Léon, et les imagine être des héros de romans romantiques.
Mais les deux hommes sont plutôt des parodies de gentilshommes romantiques. Ils sont complètement ridicules. Ils font passer leur propre bien-être avant celui de leur amante. Flaubert utilise des clichés du romantisme pour les tourner en dérision.
Ainsi, Rodolphe écrit une longue lettre d'amour à Emma, accumulant les clichés. La lettre en devient tout à fait grotesque, d'autant plus que les sentiments de Rodolphe ne sont pas véritables. Léon assure qu'il ne peut vivre sans elle mais disparaît aussitôt. Flaubert se moque également des illusions d'Emma. Il rit de sa sensibilité, car elle est excessive. Son âme romantique sera à l'origine de sa perte.
Les dangers d'une âme passionnée
Flaubert met ainsi en garde contre les illusions que peut créer la lecture de romans à l'eau de rose. Il se moque ouvertement de ce genre de littérature et le juge responsable de l'état d'esprit d'Emma. L'insatisfaction de la jeune femme naît de son incapacité à faire la différence entre fiction et réalité.
En effet, Emma rêve d'amours passionnées et de belles déclarations. Mais son mariage se révèle bien morne en comparaison. Elle comprend que l'intérêt prime sur les sentiments. Emma ne voit pas que son mari l'aime bien mieux que ses amants. L'argent joue toujours un rôle dans ses liaisons, ce qui les avilie terriblement.
On peut néanmoins relativiser le point de vue de Flaubert. Sa critique est essentiellement dirigée vers Emma. Il estime donc que les femmes sont plus facilement illusionnées par la lecture que les hommes. Emma est représentée comme volage, rêveuse, paresseuse. C'est un portrait de femme qui peut sembler très misogyne. Et si Flaubert finit par assurer que son mari aime réellement Emma, on peut tout de même noter qu'il a été un mari bien froid et fort peu aimant au début de leur relation.
Le désillusionnement d'Emma
Emma ne vit pas vraiment, puisqu'elle ne fait que vivre par procuration. Flaubert, pour chaque scène avec un de ses amants ou son mari, montre la vision qu'elle se fait et la réalité. Ainsi, alors qu'elle se voit héroïne de roman, il décrit ses ébats avec Léon et Rodolphe comme avilissants et ridicules. Emma essaie, de toute la force de son imagination, de faire de la réalité un rêve, un monde enchanté. Mais elle n'y parvient pas. Au fur et à mesure du roman, elle voit que le monde n'est pas et ne sera jamais ce qu'elle voudrait qu'il soit. Elle décide donc de mourir, mais sa mort même est ratée. Elle ne meurt pas comme les héroïnes qui se suicident, elle souffre au contraire atrocement et n'est plus belle du tout quand elle rend son dernier souffle. Ce n'est néanmoins pas seulement le caractère romanesque d'Emma qui est responsable de sa fin, mais également la médiocrité de la vie provinciale qu'elle a vécue.
Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le cœur entier. Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttières sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité, lorsqu'elle découvrit subitement une lézarde dans le mur.
Flaubert
Madame Bovary
1857
Emma ne se rend pas compte des dangers du romantisme. Le narrateur fait comprendre que ses idées sur l'amour vont la mener à sa perte.