Sommaire
IBalzac, un auteur réalisteALe réalismeBUn historien ?IILes personnagesALe père Goriot, un homme sacrifiéBVautrin, un personnage mystérieuxCRastignac, un héros de roman d'apprentissageIIILes thèmes du romanAL'argent contre l'amourBLa pension Vauquer ou la noirceur des âmesLe Père Goriot
Balzac
1835
Le roman commence dans la pension de la maison Vauquer, à Paris. Plusieurs personnages y résident, dont Eugène Rastignac, un étudiant en droit et un certain Vautrin, homme assez mystérieux. Il y aussi un homme surnommé le père Goriot. La veuve Vauquer voulait l'épouser quand il est arrivé à la pension, car il a beaucoup d'argent. La plupart des gens se moquent de lui et le traitent comme un homme diminué. Madame Couture et sa protégée, Mademoiselle de Taillefer, une belle jeune fille pauvre, vivent également dans la pension. Cette dernière tente de se faire reconnaître par son père et son frère, mais ils l'ignorent.
Rastignac aime la vie parisienne. Il abandonne ses études et fait son possible pour entrer dans la haute société. Il est aidé par sa cousine, la vicomtesse de Beauséant. À un bal, il rencontre Anastasie de Restaud. Mais le fossé culturel entre les deux personnages est trop grand. La cousine décide d'aider Rastignac. Elle lui apprend un secret : Anastasie est la fille du père Goriot.
En effet, le père Goriot s'est ruiné pour que ses filles Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen se marient. Maintenant, elles le tiennent à l'écart de leur vie. Si elles ont honte de la façon dont leur père a gagné son argent, elles acceptent pourtant régulièrement son aide financière.
Vautrin veut aider Rastignac à faire fortune. Il lui conseille d'épouser Mademoiselle de Taillefer. Il fait tuer son frère en duel pour que l'argent du père de la jeune femme lui revienne, mais Rastignac refuse. Il entame une relation amoureuse avec Delphine, la fille du père Goriot. On apprend alors que Vautrin est un ancien criminel. Il s'appelle Jacques Collin, et il porte la marque au fer rouge des forçats sur sa peau. Il est arrêté par la police.
Le père Goriot s'imaginait finir ses jours tranquille auprès d'une de ses filles, mais il apprend qu'elles sont ruinées. Il fait un malaise et meurt. Rastignac assiste à l'enterrement auquel les filles ne vont pas. Il décide ensuite de continuer son ascension dans la haute société parisienne.
Balzac, un auteur réaliste
Le réalisme
Balzac, lorsqu'il écrit La Comédie humaine, entend faire une étude des "espèces sociales". Il veut peindre le tableau de la vie parisienne et provinciale, de la Révolution française à la monarchie de Juillet. Il entend analyser tous les milieux sociaux, et particulièrement la nouvelle classe sociale qui prend son essor, la bourgeoisie.
Il assure qu'il cherche à faire concurrence à l'état civil, qu'il va écrire une œuvre profondément réaliste. Son but est donc d'approcher la réalité au plus près possible, et de ne pas romancer ses histoires, de montrer l'homme sous son vrai visage. La vision qu'a Balzac de l'humanité est très pessimiste.
Un historien ?
Balzac entend donc utiliser la réalité. Il se base sur divers faits d'actualité (il assure que Le Père Goriot est basé sur un fait divers). En cela, on peut dire qu'il est un historien de son époque, puisqu'il utilise bien des événements réels.
Cependant, Balzac a des thèmes privilégiés. Il choisit toujours de dénoncer ou défendre certaines valeurs. Il peint une société injuste dans laquelle il faut lutter pour s'en sortir. Il montre une aristocratie méprisante et débauchée, une bourgeoisie avare et avide, des paysans sots. Il assure que l'argent anime tous les hommes et les pousse à leur perte. Balzac défend beaucoup le catholicisme.
Les personnages
Le père Goriot, un homme sacrifié
Le père Goriot peut être vu comme un "Christ de la paternité". En effet, il a passé sa vie à se sacrifier pour ses filles Delphine et Anastasie. Mais elles ne veulent plus le voir, elles le renient presque, tout en continuant de l'utiliser quand elles ont des problèmes financiers.
Le roman traite ainsi de l'abandon du père par ses propres filles. La fin du roman est terrible pour cela. Il se retrouve seul, dans l'agonie. Lors de son enterrement, ses enfants ne sont pas présents. Il est enterré comme un pauvre, alors que sa vie durant il s'est sacrifié pour ses filles. C'est un père dépouillé, délaissé, mort. Seul Rastignac semble avoir de l'empathie pour le personnage.
Vautrin, un personnage mystérieux
Vautrin n'est pas un personnage très réaliste. Au contraire, c'est un personnage romanesque, mystérieux et inquiétant. Il est décrit comme étant massif, impressionnant, et aussi déterminé que physiquement imposant.
Il apparaît comme un personnage énigmatique, le lecteur veut savoir ce qu'il cache. Il semble dénué de principes, il n'hésite pas à proposer un meurtre à Rastignac. Le surnom de Vautrin est d'ailleurs Trompe-la-mort. Cela lui donne un caractère très romanesque, on imagine bien un homme qui parvient toujours à se tirer d'affaire. À la fin, il est révélé qu'il s'agit d'un criminel, on apprend son vrai nom et il est emmené par la police.
Rastignac, un héros de roman d'apprentissage
Le jeune homme apparaissait déjà dans Eugénie Grandet. Il était alors innocent. Au début du roman, il est déjà animé par le désir de changer de classe sociale, de s'enrichir. Il fait tout son possible pour se faire une place dans la haute société, abandonnant ses études. C'est un garçon qui est décrit comme vif et apte. Il a les qualités du héros d'apprentissage, il observe beaucoup le monde autour de lui et apprend de tout ce qu'il voit.
Il va apprendre à utiliser les femmes de la haute société. Il a pour modèle à la fois le père Goriot et Vautrin. Lorsque les deux disparaissent (mort et arrestation), il a appris plusieurs leçons : ne pas se laisser faire comme Goriot ou encore ne pas tomber dans le crime comme Vautrin. Sans figure paternelle, sans personne pour le conseiller, il devient un personnage véritablement indépendant.
Les thèmes du roman
L'argent contre l'amour
Rastignac apprend plusieurs leçons, mais la principale reste que l'argent corrompt l'Homme. Pourtant, cela ne l'empêche pas de vouloir continuer son ascension sociale.
Balzac montre comment les excès ruinent les gens. Goriot a trop aimé ses filles, et finalement il ne leur a pas rendu service. Tout a été trop simple pour elles, et elles ont mené des vies excessives.
Delphine est mariée à un homme qu'elle n'aime pas, et qui fait des actions mauvaises. Anastasie trompe son mari et a eu des enfants de sa liaison adultère. Les deux femmes sont manipulées par les hommes qui les entourent. Tous ne veulent que de l'argent.
Goriot est ainsi victime de son trop grand amour pour ses filles. L'éducation qu'il leur a donnée n'a pas été la bonne.
La pension Vauquer ou la noirceur des âmes
La description des lieux et le portrait des personnages de la pension Vauquer, au début du roman, ne servent pas simplement à planter le décor. En effet, la crasse de l'endroit renvoie à la noirceur des âmes de ceux qui y vivent.
C'est une métaphore de l'humanité. Le microcosme de la pension sert à Balzac d'exemple. Il y montre l'être humain sous toutes ses coutures. Balzac use de beaucoup d'ironie. Il montre comment Madame Vauquer profite de la misère humaine. Il attire aussi l'attention du lecteur sur la misère sociale des pensionnaires, en s'appuyant alors sur le registre pathétique. Il brosse un tableau très sombre des quartiers pauvres de Paris au XIXe siècle.
Les belles âmes ne peuvent pas rester longtemps en ce monde. Comment les grands sentiments s'allieraient-ils, en effet, à une société mesquine, petite, superficielle ?
Balzac
Le Père Goriot
1835