Sommaire
ILe projet de Jean GenetIIL'identitéALa relation dominant/dominéBL'adolescenceIIILa parole : une transgressionALe langageBLes limitesLes Bonnes
Jean Genet
1947
Les deux bonnes de la pièce sont Claire (la petite sœur) et Solange (l'aînée). Elles travaillent pour une riche femme nommée Madame dans la pièce. Les deux bonnes s'habillent avec les robes de leur maîtresse.
Claire rédige une fausse lettre de dénonciation pour faire emprisonner l'amant de Madame (nommé Monsieur). Les deux sœurs veulent se venger, car une des bonnes a eu une liaison avec lui. Les bonnes essaient d'empoisonner Madame en lui faisant boire du tilleul. Malgré l'insistance de Claire, Madame ne boit pas.
Dans la dernière scène finale, Claire joue à être sa maîtresse. Elle boit le tilleul empoisonné et meurt. D'une certaine façon, elle a tué symboliquement sa maîtresse.
Pendant toute la pièce, les deux sœurs ne cessent de jouer des rôles. Elles se sentent emprisonnées en servantes et se confondent continuellement. Genet joue sur la tragédie, en livrant une parodie.
Le projet de Jean Genet
Jean Genet a connu l’assistance publique, la délinquance et la prison. Il écrit plusieurs textes qui choquent énormément à cause de leurs thèmes et de leur violence. Jean-Paul Sartre prendra sa défense, écrivant même un ouvrage sur lui, Saint Genet.
Jean Genet écrit la plus grande partie de son œuvre théâtrale en sortant de prison. Il finit néanmoins par se détourner du théâtre, car il n'aime pas l'idée de personnages qui doivent faire passer des messages politiques ou philosophiques au public. Il veut plutôt jouer avec la langue et le lyrisme.
L'identité
La relation dominant/dominé
La pièce s'ouvre sur un jeu de rôles où Claire joue le rôle de Madame et Solange le rôle de Claire. Elles peuvent ainsi purger leurs passions, faire ressortir leur haine. Elles mettent en jeu toutes les humiliations subies par Madame. Genet donne ici la parole aux faibles, qui peuvent rarement parler.
La pièce étudie les relations entre faibles et puissants, inférieurs et supérieurs. Genet analyse les liens entre bonnes et maîtresses. Il montre aussi comme la place sociale des sœurs finit par avoir des répercussions sur leurs relations. Elles deviennent agressives.
L'adolescence
Genet affirme que sa pièce a été écrite pour être jouée par des adolescents. Pour lui, c'est l'adolescence dont traite la pièce. Les deux bonnes représenteraient alors la crise de l'identité des jeunes gens. Elles seraient des personnages en construction, qui jouent, qui essaient, qui se cherchent.
On peut ainsi prendre la pièce comme le passage de l'adolescent à l'adulte. Les jeux de l'enfance sont symbolisés par les déguisements, le fait que les sœurs jouent à être la maîtresse. Quelque part, elles rêvent d'échapper à leur condition, de devenir autre. Solange, peut-être, peut sortir de l'enfance, mais Claire meurt, elle ne peut pas évoluer, elle refuse la transformation en adulte.
La parole : une transgression
Le langage
Le rapport dominant/dominé est traité tout au long de la pièce. Seule la parole semble une échappatoire. En effet, lorsqu'elles jouent, les deux bonnes peuvent échapper à leur position sociale. Jean Genet lui-même a été sauvé par les mots. Écrire a été une libération pour lui. Plutôt que de tuer leur maîtresse, les deux bonnes imaginent qu'elles le font. Elles peuvent ainsi exorciser leurs pulsions criminelles.
Les limites
Les règles établies par Madame sont injustes. Claire et Solange les refusent. Elles se rebellent. Elles veulent se venger contre la société. On apprend qu'elles ont déjà usé de leur intelligence pour jeter Monsieur en prison, il en sort tout juste. Elles veulent tester les limites, voir ce qu'elles peuvent faire en étant dans leur position.
Elles veulent se libérer, elles veulent être autres. La transgression permanente leur permet cela, de quitter leur classe sociale. Mais finalement, ce sont surtout leurs propres limites qu'elles découvrent.