Sommaire
IUne comédie de caractèresALes honnêtes gensBL'homme ridiculeIIUne comédie de mœursAUne dénonciation des faux dévotsBL'hypocrisie de la courCUne critique du mariage forcéIIILa querelle du TartuffeLe Tartuffe
Molière
1664
La pièce commence sur une dispute qui divise une famille. Ils parlent d'un certain Tartuffe. Orgon, chez qui il vit, l'aime beaucoup et le défend contre les autres, qui le voient comme un hypocrite et un faux dévot. Mariane, la fille d'Orgon, doit se marier avec Valère, mais son père décide de lui faire épouser Tartuffe. Elle est obligée d'accepter.
Tartuffe est un personnage en effet hypocrite. Il est partagé entre sa dévotion (qui est fausse) et son appétit charnel. Il révèle ainsi à Elmire, la femme d'Orgon, qu'il l'aime d'amour. Damis, le fils d'Orgon, rapporte à son père ce qui s'est passé, mais Tartuffe parvient à retourner la situation en se posant comme une victime. Orgon déshérite Damis et fait de Tartuffe son seul héritier.
Elmire décide de le piéger. Elle cache Orgon sous une table et déclare son amour à Tartuffe. Ce dernier se trahit donc. Orgon est fou de rage, mais il a fait de Tartuffe son héritier. Un huissier vient saisir la maison, et un officier arrête Orgon, mais l'officier révèle qu'en vérité il va arrêter Tartuffe car le roi déteste les imposteurs. Orgon retrouve son héritage et est pardonné par le roi. Mariane et Valère redeviennent fiancés.
Une comédie de caractères
Les honnêtes gens
L'idée de l'honnête homme est apparue au XVIIe siècle. C'est un homme qui cherche un équilibre entre le corps et l'âme, entre la vie et la pensée, entre les vertus antiques et chrétiennes. Les excès sont bannis, on prône la modération et l'importance d'une bonne utilisation des facultés.
Elmire et Cléante (le frère d'Elmire) symbolisent l'idéal de l'"honnête homme" du XVIIe siècle. C'est une personne qui respecte les codes et les mœurs de l'élite, donc de la noblesse. Cléante est sérieux et calme, c'est un homme réfléchi qui sait prendre les bonnes décisions. Elmire est une femme raisonnée et intelligente, prête à défendre sa famille. Elle ne s'énerve pas vainement, elle trouve des solutions pour régler la situation. Ce sont des personnages pour qui l'honneur est important, et qui estiment qu'il faut toujours être honnête, vrai et juste.
L'homme ridicule
Orgon est un père de famille naïf et égoïste. Il est obsédé par Tartuffe, il en fait des éloges infinis. Certains discours qu'il tient sur lui pourraient être dits par un homme amoureux. Il n'est pas du tout un "honnête homme", il a perdu toute raison, il n'est plus mesuré. C'est un personnage au contraire qui agit sans réfléchir, sous l'impulsion du moment. Il est prêt à sacrifier sa propre famille pour un dévot.
Molière en dresse un tableau féroce. Il est tout de même sauvé par sa famille qui lui ouvre enfin les yeux. Il se repent à la fin de la pièce, et il est récompensé par le roi. Mais c'est grâce à son entourage, et parce que Tartuffe s'est montré sous son vrai visage, qu'Orgon cesse d'être ridicule.
Une comédie de mœurs
Une dénonciation des faux dévots
Molière, dans cette pièce, dénonce la fausse dévotion. En effet, il se moque de ceux qui utilisent la religion à des fins personnelles. Ce sont des hypocrites. Tartuffe est une caricature des dévots du XVIIe siècle. Il utilise tout l'appareillage du dévot : mortification, prières à répétition, etc. Il sait très bien jouer l'homme religieux, mais il ne croit pas à ce qu'il dit et fait. Ses seules préoccupations sont égoïstes et matérielles.
Molière s'attaque à des organisations religieuses de son époque, qui étaient très influentes. Ces dernières formaient des personnes qu'elles envoyaient dans des familles bourgeoises pour les manipuler. Ce qui intéressait soi-disant ces organisations était la religion, mais en vérité tout était fait à des fins politiques.
L'hypocrisie de la cour
Mais Molière ne dénonce pas uniquement la fausse dévotion. En effet, Tartuffe est surtout un hypocrite. Il prétend être "pur" et "chaste" et ne sait pourtant pas refréner ses désirs charnels. Il fait croire qu'il est l'ami d'Orgon mais tente de séduire sa femme. Il se montre détaché de la richesse mais manipule Orgon pour qu'il lui lègue toutes ses richesses.
À la cour de Louis XIV, les hypocrites sont nombreux : ce sont les flatteurs. Molière met ainsi en garde contre ceux qui feignent de nous aimer outre mesure, qui nous flattent et nous adulent. Ce sont souvent des opportunistes. Molière est d'ailleurs malin, puisqu'il clôt la pièce en montrant que le roi punit les faux dévots, façon de dire à Louis XIV qu'il devrait se tenir éloigné des flatteurs.
Une critique du mariage forcé
Molière aborde une fois de plus le thème du mariage arrangé. Très souvent à son époque, les jeunes gens ne pouvaient choisir leur fiancé(e). Le dramaturge s'offusque contre cette pratique et défend au contraire le mariage d'amour. Le spectateur est du côté des jeunes gens amoureux et rejette nécessairement le comportement cruel des pères qui veulent les séparer.
Orgon est ainsi montré comme un tyran. Il empêche sa fille d'épouser un homme qu'elle aime, alors que le mariage était déjà prévu. Il lui offre en échange un mari qui n'est autre que le Tartuffe. Le dramaturge dénonce l'oppression des enfants et les abus des parents.
La querelle du Tartuffe
Dans sa préface, Molière écrit que la pièce a un but moral : "Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts". Il écrit Tartuffe pour que les hommes cessent d'être de faux dévots et des hypocrites. Il sait qu'il va rencontrer une forte opposition : "C'est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée de tout le monde. On souffre aisément des répréhensions ; mais on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant mais on ne veut point être ridicule."
En effet, à sa sortie, la pièce fait scandale. En 1664, la pièce est interdite par plusieurs compagnies. C'est en 1669 qu'elle peut enfin être jouée. Il faut savoir que les dévots ont une très forte influence à l'époque, et la pièce est jugée antireligieuse. On dénonce l'athéisme de Molière (ce qui est une grave accusation à l'époque).