Sommaire
ILes guerres de religionIIUn récit pathétiqueIIIUne satire de la cour de FranceIVL'injusticeVLe rôle du poèteVILe Jugement dernierLes Tragiques
Théodore Agrippa d'Aubigné
1616
Les Tragiques est le titre d'un poème en sept chants. La publication de l'ouvrage a lieu vingt ans après les guerres qui ont ravagé la France au XVIe siècle. Le poète veut "peindre la France, une mère affligée". Le premier s'appelle "Les Misères", Agrippa d'Aubigné entreprend de peindre la France ravagée par les guerres.
Dans le livre II, "Princes", le poète fait une satire de la cour. Catherine de Médicis est présentée comme une sorcière, Henri III comme un homme faible : "un Roi femme ou bien un homme Reine".
Dans le livre III, on trouve une dénonciation du système judiciaire. Dans les deux livres suivants, "Feux" et "Fers", le poète met en scène les instruments de torture utilisés contre les protestants. Le livre VI, "Vengeances", rappelle que les innocents seront vengés, lors du Jugement dernier. Le dernier livre, "Jugement", traite de cette punition divine.
Les guerres de religion
L'œuvre s'ouvre sur une allégorie des guerres de religion. Le poète choisit de représenter le combat de deux frères. Il utilise les guerres qui ont ravagé la France pour illustrer le conflit entre protestants et catholiques. Pour lui, les deux clans sont comme des frères. Il évoque les "Caïn", les "traîtres", ceux qui tuent leurs frères.
Le poète peint la violence des catholiques qui ont massacré les protestants. Agrippa d'Aubigné prend le parti des protestants. Il qualifie leur cause de légitime. Le poète choisit également de présenter une figure maternelle. Les deux enfants qui s'affrontent, les deux frères qui se battent, rendent la mère désespérée. Elle tente en vain de les réconcilier.
Le poète condamne la violence. L'écriture poétique est ici marquée par des hyperboles et des exagérations qui permettent de souligner l'ampleur des horreurs. Le poème est narratif, il raconte une histoire, une bataille entre deux frères. Il a aussi une visée argumentative, le poète veut toucher le lecteur.
Un récit pathétique
L'œuvre est pathétique. Le poète est engagé, il cherche à émouvoir le lecteur. Il emploie le registre pathétique, surtout lorsqu'il décrit la mère désespérée dans le premier livre : "affligée". Il oppose à la violence des frères la douceur de la mère : "tétins nourriciers", "doux lait","sein", "le lait, le suc de sa poitrine". Le poète joue aussi sur les sonorités. Il utilise des allitérations dures pour évoquer la guerre.
Le titre du recueil, Les Tragiques, est justifié par ce registre pathétique qu'on retrouve dans les autres poèmes, la tonalité tragique, mais il est paradoxal. En effet, le poète mélange les registres. Il se montre également satirique.
Une satire de la cour de France
Le poète présente une satire du gouvernement. À la cour de France, il n'y a plus de valeurs, et la débauche règne. Le poète attaque les grands, les princes et les rois. Il commence par critiquer les courtisans, qui flattent les rois : "Flatteurs, je vous en veux, je commence par vous".
Le poète dénonce les vices des puissants. Il met en scène Charles IX, il en fait un roi à la fois malade et féroce. Il fait d'Henri III un être ridicule, asexué. Catherine de Médicis est peinte comme une femme vicieuse et mauvaise.
L'injustice
Dans le livre III, le poète met en scène la Justice. Trois allégories, la Justice, la Piété et la Paix, dénoncent l'impiété des hommes. Elles s'adressent à Dieu et lui demandent de l'aide. Dieu descend alors sur Terre, et il va au Palais de justice de Paris. Il découvre alors l'injustice de la justice.
Le poète dresse des portraits allégoriques des hommes qui travaillent pour la justice. Il y a Orgueil, Avarice, Haine, Trahison et d'autres. Les hommes ne peuvent pas être justes. Ils n'ont pas pour optique de rendre justice. Le poète déplore cet état des choses, et en appelle à la justice divine.
Le rôle du poète
Le poète est ici engagé. Il a pour rôle de dénoncer l'injustice, la bêtise humaine, la violence, la corruption et la guerre. Le poète utilise le pronom personnel "je". Il s'implique dans le poème.
Le poète se fait dénonciateur, mais aussi peintre de son époque, de sa société. Il fait le portrait de tous les maux de son temps. La mission du poète est de combattre l'injustice. La création poétique devient une mission à accomplir. Le poète œuvre pour la justice divine.
Le Jugement dernier
La dernière partie du recueil, intitulée "Jugement dernier", est une référence directe à la Bible. Le poète assure que Dieu punira les cruels, les mauvais, les débauchés. Il croit que le Christ redescendra sur Terre, et que les hommes bons seront sauvés.
Le poète promet ainsi la punition divine à ceux qui se sont mal comportés. Il promet également le Paradis aux victimes innocentes. Cette idée de tribunal divin, où les hommes doivent rendre compte, est profondément ancrée dans la croyance chrétienne. Le poète présente ici le Jugement dernier avec une vision protestante.