Sommaire
ILe vaudevilleAUne définitionBLe mari trompéIIUne peinture de la sociétéALa bourgeoisieBL'aristocratieCLes domestiquesUn chapeau de paille d'Italie
Eugène Labiche
1851
Fadinard va se marier. C'est ce jour-là que son cheval mange le chapeau de paille d'une jeune femme, Anaïs. La jeune femme et son amant suivent Fadinard et exigent que le chapeau soit remplacé. Anaïs a un mari jaloux qui serait en effet surpris que le chapeau ait disparu. Fadinard part à la recherche d'un chapeau identique. Mais cela s'avère difficile. Il arrive dans le salon de Clara, qui tient un magasin de mode. Celle-ci est une ancienne maîtresse de Fadinard. La noce entre alors dans le salon, qu'elle prend pour la mairie. La belle-famille surprend ainsi le jeune homme embrasser la modiste. C'est une scène de quiproquos. Fadinard se rend ensuite chez la baronne de Champigny. Celle-ci le prend pour le ténor Nisnardi, qu'elle a invité. La noce arrive dans la cour de l'hôtel, se croyant au restaurant Le Veau-qui-tête. Fadinard se fait passer pour Nisnardi. Il apprend que la baronne a offert son chapeau à sa filleule, qui n'est autre qu'Anaïs Beauperthuis. Fadinard l'ignore, il se rend donc chez elle.
Beauperthuis prend un bain de pieds. Il prend Fadinard pour un voleur et les deux hommes se battent. La noce arrive, pensant être au domicile conjugal. Fadinard raconte alors tout à Beauperthuis, sans savoir qu'il est le mari d'Anaïs. Beauperthuis s'en va vers la place Baudoyer, où se trouve le domicile de Fadinard sa femme. La noce arrive sur la place, il pleut. Le père Nonancourt est certain que son gendre cache sa maîtresse chez lui. Tout le monde est emmené au poste de police pour trouble à l'ordre public. Fadinard trouve alors un chapeau de paille d'Italie parmi les cadeaux des invités. Il ramène le chapeau à Anaïs. Son mari s'en veut de l'avoir soupçonnée. Fadinard va faire libérer la noce. Tout le monde va se coucher.
Le vaudeville
Une définition
Un vaudeville est une comédie sans intentions psychologiques ou morales. C'est le comique de situation qui est au cœur du récit. Souvent, l'histoire est légère. Il y a toujours des tromperies, des infidélités, des amants et des maîtresses. Parfois, il peut y avoir des chansons ou des passages dansés.
L'action du vaudeville peut être caractérisée comme grivoise. C'est l'adultère qui est au cœur de l'intrigue. C'est bien le cas dans cette pièce de Labiche. La femme et l'amant se succèdent rapidement sur scène, se croisent, fuient le mari. Ce dernier est souvent le dindon de la farce, il s'aperçoit rarement de la supercherie.
Le mari trompé
La situation comique repose principalement sur le personnage du mari trompé. À la suite de nombreux quiproquos, il apprend enfin la vérité, l'infidélité de sa femme. Mais un retournement de situation protège finalement Anaïs, qui feint l'innocence. Le mari doit d'excuser, comble de la scène, alors qu'il a été trompé.
C'est la double énonciation qui permet le comique. En effet, le public est ici complice des amants. Il en sait toujours beaucoup plus que le mari jaloux. De plus, ici, le public est du côté de Fadinard et espère qu'il pourra retrouver un chapeau et retourner à son mariage.
Une peinture de la société
Je me suis adonné presque exclusivement à l’étude du bourgeois, du "philistin" ; cet animal offre des ressources sans nombre à qui sait le voir. Il est inépuisable. C’est une perle de bêtise qu’on peut monter de toutes les façons...
Eugène Labiche
Lettre à Léopold Lacour
27 octobre 1880
La bourgeoisie
Le dramaturge se moque ici de la bourgeoisie. Il s'en est toujours amusé. Le bourgeois est choisi pour critiquer la vie sous le second empire. La censure était très forte sous ce gouvernement, mais Labiche en s'attaquant aux bourgeois n'inquiétait pas l'État. Il pouvait alors critiquer le pouvoir en place sans vraiment s'y attaquer de façon frontale.
Labiche montre comme la bourgeoisie prend petit à petit le pouvoir. Il se moque de leurs manières, de leur préciosité. Le bourgeois est associé à la bêtise. On ne craint pas une classe sociale, mais une "espèce nouvelle" qui s'inspire de toutes les autres. Il représente le progrès, la peur du futur aussi.
L'aristocratie
La poursuite du chapeau provoque une intrusion dans le monde de l'aristocratie monarchique. Labiche présente ainsi l'ancienne noblesse à particules qui impressionne le bourgeois. Fadinard se retrouve ainsi dans un monde dont la richesse le dépasse. La baronne de Champigny possède un hôtel particulier. Ce monde de l'aristocratie tente de se mettre au goût du jour. Il s'intéresse à l'art, à la mode. La baronne aime la musique, mais en vérité elle ne reconnaît même pas l'homme qu'elle a invité. L'aristocratie est montrée comme ridicule, enfermée dans son passé.
Anaïs de Beauperthuis est donc une noble, puisque c'est la filleule de la baronne. Elle se moque de son mari bourgeois. Labiche traite peut-être ici des mariages arrangés entre bourgeois et aristocrates pour que l'aristocratie ait de l'argent, et le bourgeois un titre.
Les domestiques
Les gens du peuple sont quasiment absents de la pièce. Quelques domestiques ou employés de maison apparaissent, mais la classe dominante est celle de la bourgeoisie. Les quelques domestiques qui apparaissent ne sont apparemment pas dignes de confiance. Ils se moquent de leurs maîtres. Ils consomment leur vin, ils demandent des pourboires, ils ne font pas le ménage.
Il n'y a pas d'affection entre les serviteurs et les maîtres. Les domestiques cherchent simplement à travailler le moins possible. Ils sont mal payés, donc ils sont désagréables. La peinture de Labiche est assez acerbe. Aucune classe sociale ne semble épargnée.