Les Fêtes galantes
Paul Verlaine
1869
Dans ce recueil de vingt-deux poèmes, Verlaine s'inspire de Watteau et des autres peintres de son époque. Les "fêtes galantes" désigne une variation sur le thème du théâtre. Des personnages bien habillés s'engagent dans des conversations amoureuses. Les poèmes sont regroupés par thème. Le premier poème, "Clair de lune", parle de musique et de masques, il est rêveur et léger ; le dernier a des accents plus mélancoliques et tragiques, il s'intitule "le colloque sentimental".
Les fêtes sont décrites comme des lieux de plaisir. Les poèmes comme "Sur l'herbe" ou "En bateau" traitent de sensualité, des hommes se laissent aller à leur désir. "L'Allée" est empreint d'érotisme. La mélancolie reste assez légère, elle arrive surtout vers la fin du recueil. La mort dont parle le plus Verlaine est "la petite mort", c'est-à-dire la jouissance.
La fantaisie des poèmes est évidente, même si la tristesse pointe petit à petit elle n'est pas aussi tragique que dans les autres oeuvres du poète. Verlaine utilise particulièrement la langue orale, il n'hésite pas à user de mots de la vie de tous les jours comme "culotte". Il joue surtout beaucoup sur les mots. Les plus célèbres poèmes sont sans doute "Sur l'herbe" ou "À la promenade".
Le libertinage amoureux
L'amour est au cœur des poèmes. Dans "À la promenade" on retrouve les thèmes de la fête et de la rencontre amoureuse qu'il y a dans "Cortège" ou "Cythère". Les personnages des poèmes sont souvent des soupirants. Ce sont des hommes trompeurs et des femmes coquettes et charmantes. Le but des personnages est le plaisir, ils ne cherchent pas à se marier. Ils veulent une liaison courte. C'est donc le badinage amoureux qui est souvent au cœur de ces poèmes.
Verlaine utilise des endroits exotiques pour mieux donner à l'amour un caractère sensuel. Il parle ainsi de l'île grecque Cythère. La Grèce est évoquée car elle se rapproche des dieux anciens, et donc d'Aphrodite, déesse de l'amour et de la beauté. L'île devient une allégorie des plaisirs amoureux. Verlaine fait allusion à plusieurs lieux propices à la rencontre amoureuse et au plaisir.
Trompeurs exquis et coquettes charmantes,
Cœurs tendres, mais affranchis du serment,
Nous devisons délicieusement,
Et les amants lutinent les amantes
Verlaine
"À la promenade", Les Fêtes galantes
1869
La figure féminine
Deux images de la femme s'opposent. Dans "Les Ingénus", sorte de poème-comédie, Verlaine évoque un chagrin d'amour. Il parle à la fin du poème de la femme idéale. Elle est complice du poète, elle est douce et aimante. Mais le poète a peur de la duplicité des femmes. Il les imagine toujours prêtes à mentir. Dans "L'Amour par terre", Verlaine décrit le besoin qu'il a de trouver une femme qui partage les mêmes sentiments que lui. Il veut une compagne qui comprenne ce qu'il pense, ce qu'il veut, ce qu'il est.
Le poète décrit une relation où les deux personnes échangent, où tout semble réciproque. Mais la femme lui paraît frivole. Elle semble n'être jamais attristée par les mêmes choses que le poète. Il la compare à un papillon. Elle est éphémère, insaisissable, trop légère, pas assez sérieuse. C'est la femme froide. La femme idéale n'existe pas. La vraie femme blesse et n'est pas faite pour le poète.
La mélancolie
Le temps
Le temps a beaucoup d'importance dans les poèmes de Verlaine car il est lié à la mélancolie. Le temps est insaisissable, il passe trop vite. Le souvenir et l'attente hantent le poète. Verlaine utilise le thème du rendez-vous amoureux pour symboliser l'attente et l'espoir. Attendre l'amour, c'est attendre le bonheur, attendre qu'arrive enfin la vie, l'ivresse, la joie.
La fin de la rencontre amoureuse symbolise la tristesse, la désillusion et la perte. L'Homme vit donc perpétuellement entre la nostalgie des souvenirs et l'espoir d'un futur qui deviendra forcément un triste souvenir. C'est un éternel cycle mélancolique.
L'échec de l'amour
C'est l'échec de l'amour particulièrement qui plonge le poète dans la mélancolie. Dans "En sourdine", Verlaine se décrit comme étant un enfant naïf et rêveur. Il nourrit des sentiments purs et vrais et est donc forcément trahi par la réalité, par les femmes.
Il fustige ainsi les discours travaillés, l'hypocrisie et le mensonge. Il évoque souvent Élisa, femme qu'il aimait et qui est morte en 1867. Verlaine semble ne pas perdre l'espoir qu'il la séduira un jour. Pourtant, il est impossible désormais d'entretenir une relation avec elle maintenant qu 'elle est décédée. L'amour est donc voué à l'échec. Cela attise la tristesse du poète qui se plonge dans ses souvenirs et ne peut échapper à la mélancolie.