Térence
190 avant J.-C. - 159 avant J.-C.
Romain
Théâtre (comédie)
Térence
L'Eunuque
161 avant J.-C.
Térence
Le Phormion
161 avant J.-C.
Térence naît à Carthage et vient à Rome lorsqu'il est enfant ou adolescent (les sources divergent). Il est de naissance servile. Le sénateur Terentius Lucanus l'affranchit et il prend les trois noms des citoyens romains, Publius Terentius Afer. On sait peu de choses sur le sénateur qui est son protecteur. Térence possède une double culture, grecque et latine. Il vit à une période où Rome s'hellénise, du fait de la victoire romaine lors de la troisième guerre de Macédoine sur Persée, fils de Philippe V de Macédoine. Il vit dans ce milieu où l'esthétique littéraire de Rome est en train de se transformer. Son théâtre s'appuie aussi sur la philosophie de l'époque.
Térence se démarque de la dominance théâtrale d'Aristophane et donc de l'esthétique de la comédie ancienne. Elle traitait de problèmes politiques, la comédie nouvelle s'intéresse quant à elle aux problèmes familiaux. Ce qui importe désormais est l'éducation morale des jeunes gens qu'il faut intéresser au vieil idéal humain, c'est-à-dire la figure de l'homme "beau et bon". Térence modifie beaucoup la structure des pièces dont il s'inspire. Il a souvent recours, au début de ses pièces, à un dialogue d'exposition plutôt qu'à un prologue explicatif. Son théâtre devient plus humain, il n'y a d'ailleurs aucune intervention divine. Il a peu recours aux parties chantées.
Dans l'Eunuque, Phedria est amoureux de la courtisane Thaïs. Elle l'aime également mais lui demande de la laisser deux jours avec son rival, le soldat Thrason. Elle veut en effet que celui-ci fasse don de la jeune Pamphila car elle la sait de naissance libre et souhaite la rendre à son frère Chrémès. Phédria accepte à contre-cœur. D'après le prologue, Térence s'est inspiré de deux pièces de Ménandre : Le Flatteur et L'Eunuque. L'intrigue vient de la deuxième et les personnages Thrason et Gnathon de la première. L'originalité de la comédie vient essentiellement du personnage de Thaïs. Chez Plaute, la courtisane apparaît comme un personnage sans foi ni loi, avide, ne pensant qu'à dépouiller les jeunes gens. C'est une image traditionnelle et encore présente à l'esprit des spectateurs selon ce que dit Parménon à leur propos. Ici le personnage est différent, Thaïs apparaît comme raisonnable, généreuse et sincère. Elle ne pense pas à épouser Phédria en justes noces mais veut atteindre la condition de cliente pour n'aimer que lui et obtenir la sécurité matérielle. Térence souligne donc un problème d'actualité. La pièce de Térence est donc à la fois politique et morale.
Dans Phormion, Chrémès et Démiphon sont frères. Ils partent tous deux d'Athènes, laissant leurs fils seuls. Antiphon, le fils de Démiphon, tombe amoureux de Phanium qui vient de perdre sa mère. Avec l'aide de Phormion, il parvient à épouser la jeune fille puisque ce dernier a fait croire qu'elle était parente d'Antiphon et la loi exige que la jeune orpheline épouse son plus proche parent. À son retour, Démiphon est furieux, surtout que Chrémès, lui aussi de retour, voulait qu'Antiphon épouse sa fille. La pièce se termine heureusement. La pièce est une adaptation d'Apollodore de Carystos, un poète athénien mal connu qui aurait imité le style de Ménandre. Cette pièce inspire à Molière Les Fourberies de Scapin. Phormion apparaît comme le meneur de jeu, un parasite, c'est-à-dire un homme libre qui ne possède rien et vit aux crochets des riches. Le personnage est l'héritier direct des personnages du même type qu'on peut rencontrer chez Ménandre. Il figure le paresseux mais bon à tout faire. Le fait juridique est au cœur de la pièce mais on ne trouve pas son équivalent à Rome. Térence dépayse son spectateur et n'a pas recours au prologue explicatif, ce qui permet une surprise lorsque le spectateur découvre que Phanium est la fille de Chrémès.
Térence s'embarque vers 159 avant J.-C. pour la Grèce afin de retrouver des comédies de Ménandre inconnues à Rome. Il meurt au cours du voyage, on ignore si c'est à cause d'un naufrage ou d'une maladie.
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