Jules Laforgue
1860 - 1887
Français
Poésie
Laforgue
Les Complaintes
1885
Laforgue
Derniers vers
1860 - 1887
La vie de Jules Laforgue est brève et triste. Il perd sa mère de bonne heure et ne trouve qu'auprès de sa sœur la tendresse à laquelle il aspire. Maladif, pauvre et mélancolique, il adopte une philosophie pessimiste, voilée par un humour désinvolte mais au fond pathétique. Lecteur de l'impératrice à la cour de Berlin, il rentre en France en 1886 et meurt tuberculeux l'année suivante.
Il fait partie du groupe de poètes dits décadents, celui de plusieurs jeunes gens qui secouent le joug de la stricte discipline parnassienne et des élans du romantisme. Ils cherchent dans le laisser-aller un grand raffinement qui désarticule le vers et la syntaxe, mêlés à des recherches subtiles de tours familiers, de jeux de mots. Ils recherchent aussi l'étrange et le bizarre. Leur titre de "décadent" est péjoratif dans la bouche de leurs adversaires, mais Verlaine ou Huysmans, qui intègrent le mouvement, lui donnent un souffle plus noble.
Il publie Les Complaintes, des poèmes de dimension populaire qui n'ont pas de forme fixe. On peut retrouver des quintils, des vers croisés, des alexandrins. Le genre tend au tragique avec des sujets divers et variés, inspirés du réel et du domaine artistique. Le poète se fait peintre de la réalité crue, image de son état d'esprit, sans recherche trop aboutie formellement. Il traite avec ironie les lieux communs de la littérature, de l'art et du quotidien.
Il construit par exemple sa "Complainte d'un autre dimanche" à l'inverse de la tradition poétique, c'est-à-dire qu'il décrit non le lever mais le coucher du soleil. Toute la description poétique se déploie à rebours des traditions littéraires dans un besoin de renouveau dans l'écriture, matérialisé par des néologismes, une tendance marquée pour l'artifice et une prise de distance ironique comme critique vis-à-vis du poète d'antan.
Il laisse aussi à sa mort des poèmes et un recueil de contes. Dans "L'Hiver qui vient" tiré de Derniers Vers, la période décadente est bien représentée. La familiarité de Laforgue est presque triviale, où un réalisme ostentatoire rencontre les raffinements subtils du sentiment. C'est la nature du poète qui est révélée, sa fantaisie railleuse, sa tristesse et son obsession du mal qui le ronge.
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