Gérard de Nerval
1808 - 1855
Français
Poésie, nouvelle, roman, théâtre
Gérard de Nerval
Odelettes
1833
Gérard de Nerval
Voyage en Orient
1851
Gérard de Nerval
Sylvie
1853
Gérard de Nerval
Les Filles du feu
1854
Gérard de Nerval
Les Chimères
1854
Gérard Labrunie, dit Nerval, naît à Paris, d'un père médecin de l'armée napoléonienne. Il est élevé par son oncle dans le Valois. Sa mère meurt en 1810 en Silésie où elle a suivi son mari. Le jeune garçon s'installe à Paris en 1814. Au collège, il est ami avec Théophile Gautier. À dix-huit ans, il fréquente les cercles romantiques, rencontre Hugo qu'il soutient lors de la première représentation d'Hernani. À partir de 1831, il prend le pseudonyme de Gérard de Nerval et publie des Odelettes qui traduisent l'inspiration romantique des années 1830, marquées par le goût pour la musique et la rêverie mélancolique. Écrites pour la plupart les mêmes années, elles expriment ses émotions et ses rêveries. Un paysage, une rencontre, le souvenir mélancolique d'un vieil air de musique fixent les thèmes qui seront développés dans l'ensemble de son œuvre.
Un héritage permet à de Nerval de visiter l'Italie et de mener une vie de bohème à Paris, où il connaît une passion dévorante pour l'actrice Jenny Colon. Fasciné par l'ésotérisme, il voyage en Allemagne. En 1841, terrassé par une crise de folie, il doit être interné. Il entreprend l'année suivante un voyage en Orient. Il publie d'ailleurs une œuvre poétique dont la symbolique domine. Voyage en Orient décrit différents paysages, en commençant par la Suisse et l'Allemagne, pour terminer à Constantinople. Il montre la volonté de Nerval de retrouver les origines des civilisations dans une quête ésotérique et mystique. Il rêve d'ailleurs et erre : "triste impression ! je regagne le pays du froid et des orages, et déjà l'Orient n'est plus pour moi qu'un de ces rêves du matin auxquels viennent bientôt succéder les ennuis du jour". Ses crises se succèdent, coïncidant avec une activité fiévreuse qui lui fait écrire Les Filles du feu comprenant "Angélique", "Sylvie" et "Octavie" et Les Chimères.
Dans la nouvelle "Sylvie" se retrouve l'histoire du narrateur qui est en quête du passé. Ce dernier est amoureux d'une actrice de théâtre. Une fête est annoncée dans le Valois et il se décide à prendre la route. Il se laisse prendre à la rêverie durant son voyage et se remémore ses souvenir passés. Il retrouve Sylvie qui est incapable de le sauver des fantômes qui le hantent. Elle a l'intention de se marier. Le narrateur rentre alors à Paris et confie ses malheurs à Aurélie, l'actrice qu'il aime. Le temps domine l'œuvre, mêlant différents passés au présent, dans cette volonté de rattraper le temps perdu. Le mélange entre rêve et réalité permet à Nerval de tenter d'expliquer les souvenirs jaillissant en lui pour aller à la quête de son identité.
Les Chimères sont des sonnets parus avec l'œuvre précédente. Ses vers sont obscurs mais denses. Ils mélangent une part d'autobiographie à des souvenirs littéraires. "El Desdichado" est l'un des poèmes les plus célèbres du recueil, ressemblant dans la construction et le contenu à "Sylvie". Ses écrits représentent une tentative d'échapper à la rechute dans ses troubles mentaux, en se raccrochant à ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Mais ils sont aussi le reflet de sa prise de conscience de l'état dans lequel il se trouve, dépassé par sa maladie. Il perd espoir et rend compte de la fatalité de son état. Le titre peut se traduire par "le déshérité". Un compagnon de Richard Cœur de Lion porte cette devise sur son bouclier. Il se décrit ainsi comme un chevalier de la période moyenâgeuse.
Après plusieurs rechutes, l'errance de Nerval s'achève un matin de janvier 1855 lorsqu'on le découvre pendu rue de la Vieille-Lanterne, près du Châtelet, à Paris. Surnommé "le jeune homme" par son père et ses amis, Nerval est apparu toute sa vie comme un être mélancolique, hanté par le souvenir de son Valois natal et la nostalgie des siècles passés. Son œuvre se partage entre le monde des chimères et celui de la réalité, entre l'amour rêvé et l'amour réel.
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