René Char
1907 - 1988
Français
Poésie
René Char
Arsenal
1929
René Char
Le Marteau sans maître
1934
René Char
Feuillets d'Hypnos
1946
René Char
Fureur et mystère
1948
René Char naît dans le Vaucluse dans une famille de quatre enfants et grandit dans une grande maison, "Les Névons", source d'inspiration pour ses écrits à venir. Son père est un temps le maire de L'Isle-sur-la-Sorgue. Sa mère le rejette en même temps qu'elle repousse les idées politiques de son mari.
À 10 ans, il est l'un des premiers à recevoir le vaccin contre la rage fabriqué par Pasteur, après avoir été mordu par son propre chien atteint de la maladie. Son père décède d'un cancer l'année suivante et la famille perd son confort financier. Les personnes avec lesquelles il se lie d'affection sont les sujets de plusieurs des poèmes qu'il écrit à l'âge adulte, dont Louis Curel, le cantonnier.
Il s'occupe en jouant au rugby puis intègre un lycée qu'il quitte après avoir essuyé les moqueries de l'un de ses professeurs au sujet de ses premiers vers. Parti pour la Tunisie dans la plâtrerie que son père y avait fondée, il s'installe ensuite à Marseille pour suivre des études de commerce, mais cela ne l'intéresse pas. Il se met à lire davantage les classiques de la littérature que sont Plutarque, Villon, Vigny ou Baudelaire, tout en travaillant dans une société chargée d'expédier des fruits et légumes.
Il fait son service militaire à Nîmes dans la bibliothèque des officiers et commence à écrire une critique d'un roman pour la revue Le Rouge et le Noir. Son premier recueil voit le jour grâce aux finances de sa grand-mère, Les Cloches sur le cœur, puis il écrit d'autres textes et poèmes.
Il fonde ensuite la revue Méridiens avec l'aide financière de son ancien patron. Il y publie des textes inédits. Il part ensuite pour Paris et rencontre Breton et Aragon. Il se lie au mouvement surréaliste et publie dans la revue La Révolution surréaliste. Il devient le trésorier du groupe. Il publie Le Tombeau des secrets, douze photographies dont un collage de Breton et d'Éluard, et une deuxième édition d'Arsenal.
Aragon, Breton, Éluard et lui-même fondent la revue Le Surréalisme au service de la révolution. Il dilapide l'héritage reçu à la mort de son père et se retrouve obligé de loger dans un appartement aménagé par Éluard pour Gala. Il voyage en Espagne et y rencontre sa future femme Georgette Goldstein. Installés à Saumane, il publie Le Marteau sans maître. Le recueil n'est plus empreint de surréalisme comme les poèmes qui le précèdent.
Détaché du groupe surréaliste, il s'installe à L'Isle et devient administrateur délégué de la société des Plâtrières du Vaucluse que son père dirigeait. Victime d'une septicémie, il lit de nombreux ouvrages pendant sa convalescence, puis vit une liaison avec Greta Knutson qui lui fait découvrir le romantisme allemand et la philosophie de Heidegger.
Mobilisé comme soldat durant la Seconde Guerre mondiale, il participe à la Résistance, commande le service de parachutage de la zone Durance, à Céreste. Les Feuillets d'Hypnos dénonce le nazisme et la collaboration française. Il le dédie à Camus. Le poème devient son arme pour résister dans les deux sens du terme : historique et langagier. L'hermétisme de son écriture est en effet l'une des caractéristiques de ce recueil. Les associations incongrues de termes reflètent cette volonté de représenter par des mots le clivage qui s'installe dans la réalité. Il parle au nom de tous et révèle des vérités universelles. Les poèmes ne sont publiés qu'après la guerre, séparément, puis dans Fureur et mystère. "Hypnos" est le surnom de Char durant la Résistance. Les poèmes ressemblent à des "notes", des "fragments" et des témoignages écrits comme des pensées. Écrits en prose, les textes brefs et denses supposent une écriture sur le vif. Il cherche ainsi à retranscrire la perte des valeurs, l'impuissance humaine face à l'horreur de la guerre. Char reste politiquement pessimiste après la guerre jusqu'à la fin de sa vie.
Fureur et mystère regroupe Seuls Demeurent, Feuillets d'Hypnos, Les Loyaux Adversaires, Le Poème pulvérisé et La Fontaine narrative, soit près de dix années d'écriture.
Il se lie d'amitié avec Yves Battistini puis s'essaie au théâtre et à la cinématographie, sans grand succès. Il décède d'un infarctus du myocarde.
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