Jean de La Fontaine
1621 - 1695
Français
Fable, conte
Jean de La Fontaine
Contes et nouvelles en vers
1665
Jean de La Fontaine
Fables (livres I à VI)
1668
Jean de La Fontaine
Fables (livres VII à XI)
1678
Jean de La Fontaine
Fables (livre XII)
1693
Jean de La Fontaine
Astrée
1691
D'origine bourgeoise et provinciale, Jean de La Fontaine devient maître des eaux et des forêts comme ses ancêtres. Il revient souvent en Champagne, où il passe presque toute sa jeunesse. Il apprend le latin et le grec au collège et devient avocat. Jean de La Fontaine est un homme distrait, rêveur, bon vivant, qui aime les aventures galantes. Il se marie, mais cela ne se passe pas bien. Quand il s'installe à Paris, les époux se séparent. Il entre dans le cercle littéraire des Chevaliers de la Table Ronde, lit de célèbres auteurs, étudie des auteurs grecs et latins.
Après avoir été présenté au surintendant Fouquet, le protecteur des arts, il obtient de lui une pension en écrivant le poème d'Adonis. Il écrit alors des poésies de la cour : ballades, chansons, rondeaux et madrigaux dédiés à son protecteur et à sa femme Sylvie. Cependant, Fouquet est arrêté. Le poète sollicite alors l'indulgence du roi et vit à Paris chez son oncle Jannart, tout en cherchant de nouveaux protecteurs pour continuer de vivre de son écriture. Il devient gentilhomme de Madame, duchesse douairière d'Orléans et déménage au palais du Luxembourg.
Ses succès lui ouvrent les portes de grands salons, notamment celui de Madame de la Sablière, qui l'installe dans une maison voisine de la sienne. Il commence alors à publier des recueils, des contes et des nouvelles en vers, puis le premier recueil de ses Fables. Il trouve son public, ce qui lui permet d'être reçu dans les salons, protégé des grands et honoré d'une audience à Versailles pour présenter à Louis XIV Les Amours de Psyché et de Cupidon. Il rédige de nouvelles fables et multiplie les œuvres de circonstance pour se ménager des faveurs.
Voulant être académicien, il doit écrire des éloges au roi, à Colbert et ne plus écrire de contes. Il exerce sérieusement ses fonctions puis finit ses jours, à la mort de Madame de la Sablière, dans le château de M. et Mme d'Hervart.
Les Fables ne sont qu'une petite partie de son œuvre. Il publie le premier recueil à 47 ans et ses autres écrits l'ont déjà rendu célèbre. La postérité a surtout retenu ses Contes et Fables qui sont parus en trois fois.
Avec le premier recueil (livres I à VI), La Fontaine se présente comme le continuateur des fabulistes antiques, Ésope (écrivain grec) et Phèdre (écrivain romain). Il ne se contente pas seulement de les traduire en français. Il enrichit les textes, cherche à les rendre plus joyeux. Chez les Anciens, toute la fable est orientée vers la moralité : "Le corps est la fable, l'âme la moralité." La reprise de La Fontaine est plus un récit qu'une leçon de morale. Seulement une vingtaine de fables sont de son invention.
Inventer pour lui n'est pas dans la matière, mais dans la manière : il change des événements, ajoute ou supprime des éléments à la fable d'origine, écrit en vers variés.
"Je me sers d'animaux pour instruire les hommes." La Fontaine attribue aux animaux des qualités et défauts que l'on retrouve chez les êtres humains. Ce sont la ruse pour le renard, l'avarice pour la fourmi ou encore la tendresse pour le pigeon. Certaines fables visent directement la société du XVIIe siècle : le roi, c'est le lion, ses sujets sont des renards ou des cerfs.
Le deuxième recueil (livres VII à XI) est plus riche et les sujets sont plus complexes, comme en attestent les titres de ses fables, qui ressemblent de plus en plus à une comédie : "Les Animaux malades de la peste", "Le Rat qui s'est retiré du monde". Les textes contiennent beaucoup d'allusions à des événements politiques ou sociaux contemporains, comme les guerres qui troublent le royaume ou la gloire du roi Louis XIV. La Fontaine évoque le milieu paysan dans "La Laitière et le pot au lait", "Le Berger et son troupeau" fait intervenir d'autres personnages comme des fermiers ou un bûcheron. Il parle aussi des voleurs de grand chemin dans "Le Torrent et la Rivière". Le peuple des villes n'échappe pas aussi à sa plume, de même que les marchands et les bourgeois.
Le dernier livre publié est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi pour qu'il lui accorde sa protection. Plusieurs textes sont des reprises de fables écrites antérieurement et une dizaine sont inédites.
La Fontaine ne raconte pas, il met en scène, ce qui fait penser au théâtre. L'exposition pose le décor, les personnages et le problème. L'action est vivante et vraisemblable. Le conteur anime ses personnages. Le dénouement, bref et souvent inattendu, fait subir aux personnages les conséquences de leurs défauts. Le héros lui-même exprime la morale de son aventure.
Toujours présent dans ses fables de manière plus ou moins discrète, La Fontaine accompagne son lecteur dans le récit. Son langage puise dans tous les registres : ancien, moderne, provincial, technique (comme celui de la chasse), littéraire ou même vulgaire. On y trouve tous les tons : tragique, comique, épique, lyrique, etc. Il passe de l'un à l'autre avec une grande souplesse.
Jean de La Fontaine meurt le 13 avril 1695. Il est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents. Il sera plus tard déplacé au cimetière du Père Lachaise. Il a écrit lui-même son épitaphe : "Jean s'en alla comme il étoit venu,/ Mangeant son fonds après son revenu ; / Croyant le bien chose peu nécessaire. / Quant à son temps, bien sçut le dispenser : / Deux parts en fit, dont il souloit passer / L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire."
Wikimédia