Sommaire
IUn roman d'apprentissageALe hérosBLes autres personnagesIIUn conte philosophique orientalIIIUne satireALe pouvoirBLa religionZadig
Voltaire
1747
Zadig est un jeune homme qui vit heureux à Babylone. Il va épouser Sémire dont il est très épris. Il pense que le bonheur est possible. Mais Orcan, jaloux de l'amour entre Zadig et Sémire, veut la faire enlever. Zadig parvient à le chasser mais il est blessé à l'œil. Alors qu'il est convalescent, Sémire l'abandonne et épouse Orcan. Zadig se réfugie dans les bras d'Azora, mais celle-ci se montre infidèle.
Zadig est déçu par l'amour et décide d'étudier les sciences. Mais sa connaissance ne va lui attirer que des ennuis. Il est jeté en prison. Il se plonge alors dans la philosophie. Mais le courtisan Arimaze ne supporte pas qu'il soit aimé par les savants et veut de nouveau l'emprisonner. Zadig est libéré et devient le favori du roi et de la reine. Il est nommé Premier ministre du roi Moabdar. Il le pousse à être un monarque éclairé. Mais Zadig tombe amoureux de la reine Astarté qui semble l'aimer en retour. Il doit quitter Babylone pour ne pas être condamné à mort.
Zadig erre alors. Il sauve une femme battue en tuant son mari, mais est arrêté comme meurtrier puis vendu en esclave. Il devient l'ami de son maître Sétoc. Il réussit à faire abolir "le bûcher des veuves", coutume qui consiste à faire brûler les épouses sur le bûcher où le corps de leur défunt mari est incinéré. Les prêtres se mettent à détester Zadig et le font condamner. Il échappe à la mort grâce à l'intervention d'Almona, une veuve qu'il a sauvée du bûcher.
Sétoc épouse Almona. Zadig veut rentrer à Babylone. Il apprend que Moabdar est mort quand il est fait prisonnier. Il est relâché et rencontre un pêcheur qui veut se suicider. Zadig l'en empêche. Il rencontre ensuite des femmes à la recherche d'une plante destinée à soigner l'obésité de leur maître Ogul. La reine Astarté est parmi elles. Zadig trouve le remède et obtient la liberté d'Astarté.
Astarté est reçue triomphalement à Babylone. Zadig remporte le tournoi qui doit le consacrer époux d'Astarté, mais son rival Itobad parvient à se faire proclamer vainqueur. Zadig erre sur les bords de l'Euphrate. Il rencontre Jesrad, un vieil ermite. Ils jurent de ne pas se séparer pendant plusieurs jours. Zadig réalise que l'ermite est l'ange Jesrad. L'ange explique à Zadig le sens de la vie : "il est important de se faire à l'idée que le mal est un élément nécessaire à l'ordre du monde et à la naissance du bien."
Zadig rentre à Babylone, Il doit résoudre des énigmes, ce qu'il fait facilement. La vérité éclate sur le fait qu'il est le vainqueur du tournoi. Il peut épouser Astarté et devenir roi. Il devient alors un monarque qui apporte le bonheur à sa ville.
Un roman d'apprentissage
Le héros
Zadig est un jeune homme plein d'humanité et de moralité qui sait dominer ses passions. Il est le Premier ministre du roi Moabdar. Il sent pourtant que l'idéal et la réalité sont fort éloignés. Il va vivre toutes sortes de désillusions, et apprendre de la vie, ce qui en fait un héros de roman d'apprentissage.
Comme Candide, Zadig est victime de la méchanceté des autres. Il va connaître la trahison, la jalousie, l'esclavage. La sottise des hommes est grande. Zadig s'indigne contre la corruption de la justice, la bassesse des courtisans, l'obscurantisme religieux. Toutes ces épreuves forment le héros. Il doit accepter le monde tel qu'il est, avec le mal qui en fait nécessairement partie.
Les autres personnages
Les autres personnages sont surtout des personnages-types. Les femmes sont décrites comme frivoles et infidèles. Astarté est le fil conducteur du récit, puisque Zadig tente de la retrouver. Mais autrement elle n'a guère d'importance.
Le roi Moabdar est décrit comme instable. Sa jalousie le pousse à faire exécuter Zadig et Astarté, sa propre femme. Les autres rivaux de Zadig sont méchants et idiots, à l'instar de Yébor, Arimaze et Itobad.
Zadig parvient tout de même à influer sagesse et modération à certains personnages, et Voltaire utilise l’ange Jesrad pour en faire un ermite qui apporte une révélation philosophique essentielle sur l’ordre du monde.
Un conte philosophique oriental
Voltaire utilise de nouveau le conte philosophique, mais lui donne cette fois une identité orientale. Le conte permet de mettre en scène de nobles passions, et d'user le merveilleux. L'Orient est souvent associé à l'exotisme et au merveilleux.
Voltaire souligne à plusieurs reprises le charme oriental. Il utilise les clichés de son époque. Il parle du caractère mystérieux du pays. L'action se déroule dans un cadre exotique indéterminé, à Babylone, en Perse, en Égypte, en Arabie et à Bassora sur le golfe arabo-persique. L'auteur évoque les coutumes de l'Orient, mais il utilise surtout le côté surnaturel et féerique du conte oriental pour divertir son lecteur (les animaux fabuleux ou l'ange Jesrad). On sent l'influence des Contes des mille et une nuits qui avaient été traduits récemment en France.
Une satire
Le pouvoir
Zadig offre une vision caricaturale du despotisme oriental. Il est réduit à l'expression de passions violentes. C'est l'arbitraire qui domine. Il n'y a jamais de raisons ou de motivations politiques. Le roi Moabdar est dirigé uniquement par sa passion pour Missouf. Il devient fou et violent.
Voltaire peint Arimaze comme un mauvais conseiller. Ce n'est pas vraiment le roi qui est en cause, ce sont les influences des autres. Contre ce pouvoir despotique, Voltaire propose la sagesse de Zadig. Elle seule lui semble positive dans un univers où la justice est expéditive, et le roi manipulé.
La religion
Voltaire s'oppose à la religion. Il est déiste, mais rejette toute dogmatisation de la croyance. Dans 'Le Souper", il pense qu'un Dieu créateur existe, mais qu'il ne demande pas qu'on le vénère. Il évoque les vaines querelles des religieux pour des rites ridicules.
La religion est présentée comme absurde, violente, intolérante. Voltaire dénonce la coutume de brûler les veuves sur le bûcher où se trouve leur mari, et les religieux sont montrés comme des fanatiques fous et assoiffés de sang.
Surtout, c'est l'injustice qui naît du despotisme des religions que l'auteur entend dénoncer.