Sommaire
IUn poète romantiqueALe chef de file du romantismeBUn mystique ?IILe lyrismeALe sentiment amoureuxBAmour et NatureIIILa mortLes Contemplations
Victor Hugo
1856
Le livre s'organise en deux parties, "Autrefois" et "Aujourd'hui", chaque partie comprenant trois livres. La première a été écrite entre 1830 et 1843, avant la mort de la fille de Victor Hugo, Léopoldine. Le livre "Aurore" traite des souvenirs du collège, des premiers émois amoureux et des débuts littéraires. Dans "L'Âme en fleur" il se rappelle ses premières amours et sa liaison avec Juliette Drouet. Dans "Les Luttes et les Rêves" il évoque sa piété et la misère humaine.
Dans "Aujourd'hui", écrit entre 1843 et 1855, Victor Hugo livre d'abord plusieurs poèmes classés dans "Pauca Meae". Il tente de parler à sa fille après sa mort. Dans le livre "En marche", le poète cherche de nouvelles raisons de vivre. Dans "Au bord de l'infini" il parle de ses certitudes, du surnaturel. L'espoir l'emporte sur l'angoisse. Enfin, l'épilogue "À celle qui est restée en France" est dédié à Léopoldine.
Un poète romantique
Le chef de file du romantisme
Victor Hugo est le chef de file du mouvement romantique. L'expression des sentiments et des sensations est essentielle dans ce courant littéraire, et le but est de se libérer des règles classiques. L'écrivain propose ainsi de jouer sur les contrastes. Il faut associer beau et laid, sublime et grotesque. Son modèle est le théâtre shakespearien, qui est, pour Victor Hugo, "la vie elle-même".
Les thèmes récurrents sont donc la souffrance et l'expression des sentiments, la nostalgie, l'amour, les passions, la mort. Le lyrisme est très présent. Le recueil étudié ici répond bien à ces règles du romantisme, exaltant l'angoisse, la peur, la mort, mais proposant aussi l'espoir et la lumière.
Un mystique ?
Victor Hugo a été marqué par des séances de tables tournantes. Dans le poème "Ce que dit la bouche d'ombre", il parle de cette expérience. Il se forme ainsi une nouvelle religion, entre panthéisme et christianisme. On peut aussi parler de philosophie.
Le dieu du poète est une voix de la conscience, une forme intime et vivante de la morale. C'est un dieu tout-puissant, mais l'Homme ne peut pas le connaître. Il s'agirait d'une entité universelle, libérée finalement des religions telles qu'elles sont appliquées par les hommes. Victor Hugo croit que la poésie possède un caractère surnaturel et permet de faire passer la voix de l'au-delà. Le poète devient alors un messager. Hugo réaffirme aussi sa croyance en l'immortalité.
Le lyrisme
Le sentiment amoureux
L'amour est présent sous diverses formes. Victor Hugo évoque l'amour bête des enfants, hésitant et maladroit, comme dans "Vieille chanson du jeune temps". C'est un amour amusant, doux et naïf.
L'amour sensuel a aussi de l'importance. La sensualité paraît dans certains poèmes, bien qu'elle soit assez discrète, et peut parfois devenir érotique. Il est toujours décrit comme une source de bonheur. Le poète parle joyeusement de l'amour. C'est un sentiment noble qu'il faut honorer.
Amour et Nature
Victor Hugo associe très souvent l'amour et la nature. Le lyrisme est en effet parfait pour parler de l'un et de l'autre. Parfois, amour et nature se confondent. Les deux apaisent, permettent d'accéder au bonheur. L'amour permet la communion avec la nature.
Les poèmes sur l'amour et la nature sont souvent brefs. L'expression des sentiments semble devoir se traduire dans des petits moments captés par le poète. Lorsqu'il parle de la femme qu'il aime, Victor Hugo parle toujours de parties du corps, jamais de l'être en entier. Il s'arrête ainsi sur sa nuque, ses cheveux ou ses pieds. La nature elle-même est décrite par morceaux. Finalement, on peut dire que la femme aimée est la nature, et que la nature symbolise la femme aimée.
La mort
Les Contemplations est surtout un recueil sur la mort. En effet, Victor Hugo écrit ces poèmes après la mort de sa fille Léopoldine. Cette dernière est morte noyée dans la Seine avec son époux, en 1843. Victor Hugo n'apprend sa mort qu'en lisant le journal, cinq jours plus tard. Il est dévasté.
Le livre est divisé en deux parties pour symboliser le deuil. Grâce à la poésie, il peut parler des souvenirs qu'il a avec elle. Il parle du bonheur. Il évoque son enfance, il se rappelle des moments où il lui lisait des histoires. Les dix-sept poèmes de "Pauca meae" sont néanmoins surtout des poèmes sur la douleur.
Hugo interroge aussi Dieu, il veut comprendre quel est le sens de la mort de son enfant. Sa foi vacille, il a moins confiance en Lui. Malgré tout, il réaffirme sa soumission à Sa volonté.
Victor Hugo utilise un double pour parler de ses souffrances et éviter de tomber dans le pathos. Il ne veut pas exagérer. Il rejette le sentimentalisme.
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
"Demain, dès l'aube", Les Contemplations
1856