Sommaire
ILe sort de Doña SolIIUne scène pathétiqueIIILa résolution d'HernaniIVLe pacteVL'annonce de la tragédieDON RUY GOMES :
Il a fallu livrer Doña Sol ou toi-même.
HERNANI :
À qui, livrée ?
DON RUY GOMES :
Au roi.
HERNANI :
Vieillard stupide ! Il l'aime !
DON RUY GOMES :
Il l'aime !
HERNANI :
Il nous l'enlève ! il est notre rival !
DON RUY GOMES :
Ô malédiction ! Mes vassaux ! à cheval !
À cheval ! Poursuivons le ravisseur !
HERNANI :
Écoute.
La vengeance au pied sûr fait moins de bruit en route.
Je t'appartiens. Tu peux me tuer. Mais veux-tu
M'employer à venger ta nièce et sa vertu ?
Ma part dans ta vengeance ! Oh ! Fais-moi cette grâce !
Et s'il faut embrasser tes pieds, je les embrasse !
Suivons le roi tous deux. Viens ; je serai ton bras,
Je te vengerai, duc. - Après, tu me tueras.
DON RUY GOMES :
Alors, comme aujourd'hui, te laisseras-tu faire ?
HERNANI :
Oui, duc.
DON RUY GOMES :
Qu'en jures-tu ?
HERNANI :
La tête de mon père.
DON RUY GOMES :
Voudras-tu de toi-même un jour t'en souvenir ?
HERNANI (lui présentant le cor qu'il ôte de sa ceinture) :
Écoute, prends ce cor. Quoi qu'il puisse advenir,
Quand tu voudras, seigneur, quel que soit le lieu, l'heure,
S'il te passe à l'esprit qu'il est temps que je meure,
Viens, sonne de ce cor, et ne prends d'autres soins,
Tout sera fait.
DON RUY GOMES (lui tendant la main) :
Ta main ?
(Ils se serrent la main. Aux portraits.)
Vous tous, soyez témoins.
Victor Hugo
Hernani
1830
Le sort de Doña Sol
- Le texte débute sur l'annonce à Hernani que Doña Sol a été livrée au roi.
- Il s'agissait d'un dilemme pour Don Ruy Gomez : "Doña Sol ou toi-même".
- Hernani apprend que le roi aime Doña Sol comme le souligne la répétition pathétique de "Il l'aime".
- On note le thème de l'enlèvement : "ravisseur", "livrée", "l'enlève".
- Il y a opposition entre le roi et les deux hommes. Le roi devient un ennemi commun. On remarque aussi l'opposition entre "nous" et le roi : "notre rival".
- La scène crée un rapprochement entre les deux hommes ennemis à cause du sort de Doña Sol.
Une scène pathétique
- La ponctuation très expressive souligne le pathétique de la scène.
- Au début de la pièce, on note une rupture constante des vers, le rythme rapide de la révélation et l'exclamation "vieillard stupide"; Hernani ne se contient plus.
- De nombreuses phrases nominales expriment l'émotion vive : "Ô malédiction ! Mes vassaux ! Mon cheval ! À cheval !", "Ma part dans ta vengeance !"
- L'interjection "ô" rajoute au pathétique.
- L'impératif "Poursuivons", "Suivons le roi", montre que les deux hommes veulent agir.
- Don Ruy Gomez ne réfléchit pas, tout de suite dans l'action, il veut déjà partir.
- La rapidité de la scène est aussi retransmisepar des stichomythies à plusieurs reprises, notamment pendant le pacte.
- Hernani s'humilie, il propose d'embrasser les pieds du duc.
La résolution d'Hernani
- Comme Don Ruy Gomez, Hernani est sous le coup de l'émotion. Toutefois, il parvient à réfléchir et à trouver une solution.
- Il donne des ordres, impératif : "Écoute", "Fais-moi", "Viens".
- Il se montre résolu également quand il répond au duc, très simplement : "Oui, duc".
- Hernani est résolu à sauver Doña Sol des mains du roi. Les deux hommes sont associés avec le "nous". Ils sont tout à coup du même côté. Hernani propose d'être celui qui venge l'affront fait à Doña Sol : "Je serai ton bras". Hernani devient une partie de Don Ruy Gomez.
- Hernani insiste : "Veux-tu m'employer à venger ta nièce et sa vertu ?". L'enjambement de la question souligne l'importance, de plus l'utilisation de "veux-tu", est presque impératif.
Le pacte
- La résolution d'Hernani est telle qu'un pacte est proposé. Don Ruy Gomez veut la mort d'Hernani. Celui-ci lui offre donc sa vie.
- On note la mise en valeur de l'expression "Je t'appartiens" placée en début de vers. L'alexandrin est rompu avec deux affirmations décisives : "Je t'appartiens. Tu peux me tuer". L'insistance sur ce droit est visible avec le futur "Tu me tueras", placé en fin de réplique avec une rupture d'alexandrin (tiret).
Cette promesse est répétée, le duc pose plusieurs fois la question et chaque fois Hernani assure qu'il le laissera le tuer. - Elle est liée à l'honneur car Hernani jure sur "la tête de mon père". Il ne peut plus revenir en arrière.
- L'extrait souligne la valeur symbolique du cor qu'Hernani donne à Don Ruy Gomez.
- Il y a des témoins, les portraits, et les deux hommes se serrent la main.
- C'est une scène solennelle, à la fin très peu de mots échangés et la scène se conclut avec "ta main". Le pacte est alors scellé.
L'annonce de la tragédie
- Plusieurs futurs ont valeur de promesses et annoncent la mort d'Hernani : "après tu me tueras", "te laisseras-tu faire", "voudras-tu", "quand tu voudras", "tout sera fait", "je serai", "je te vengerai".
- Don Guy Gomez devient le dieu de la destinée d'Hernani. C'est lui qui décide de sa vie et de sa mort. La vie d'Hernani ne lui appartient plus.
- Le thème de la vengeance est évoqué avec : "rival", "ta vengeance".
- De même pour celui de l'honneur : "honneur", "la tête de mon père", "sa vertu".
- L'utilisation du conditionnel avec "si" et du subjonctif "quoiqu'il puisse advenir" renforcent l'idée que la mort d'Hernani est certaine, même dans l'irréel.
- C'est une forme de destinée : "malédiction".
- On remarque plusieurs répétitions du verbes "tuer".
- La dernière réplique d'Hernani a une valeur prophétique : "Tout sera fait".
En quoi consiste le pacte et pourquoi est-il conclu ?
I. L'enlèvement de Doña Sol
II. L'union de deux ennemis
III. Le pacte : la vie d'Hernani
En quoi cette scène est-elle tragique ?
I. Le registre pathétique
II. Un pacte solennel
III. Hernani ne contrôle plus sa vie
En quoi Hernani est-il un héros tragique ?
I. Venger Doña Sol, la femme qu'il aime
II. Le sacrifice d'Hernani
III. Hernani ne contrôle plus sa vie