Paul Claudel
1868 - 1955
Français
Poésie, théâtre
Paul Claudel
Tête d'or
1894
Paul Claudel
Connaissance de l'Est
1895 - 1909
Paul Claudel
Partage de Midi
1906
Paul Claudel
Cinq grandes odes
1910
Paul Claudel
Le Soulier de satin
1943
Claudel naît à Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois dans l'Aisne d'un père conservateur des hypothèques, dans le petit village où son grand-oncle a été curé. Il y passe son enfance, jusqu'en 1882 où la famille vient s'installer à Paris. Il a alors quatorze ans et commence à écrire. Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand et son adolescence est surtout pour lui l'occasion de ressentir une faim spirituelle que ne parvient pas à apaiser les nourritures intellectuelles de son temps. Quand il s'inscrit à la faculté de droit et à l'école des sciences politiques en 1886, il paraît voué au conformisme.
Le thème du salut est central dans son œuvre et trouve son origine dans l'expérience indélébile de l'adolescence. Ses intérêts, poétiques et religieux, convergent dans l'écriture. Il s'inspire beaucoup de Rimbaud, ne cessant de reconnaître toute sa vie sa dette à l'égard de ce poète. La lecture des Illuminations puis quelques mois après d'Une saison en enfer sont pour lui un "événement capital".
Claudel résiste à l'esthétisme, alors fort à la mode. Il veut que le langage incarne son idée du surnaturel et aller au-delà. À dix-huit ans, il devient croyant et se convertit au christianisme le soir de Noël à Notre-Dame.
Claudel continue d'écrire et se lie amitié avec Marcel Schwob, Jules Renard ou encore Léon Daudet. Il appartient au cercle des jeunes écrivains qui gravitent autour de Stéphane Mallarmé.
Il écrit en 1890 La Ville et est reçu premier au concours des affaires étrangères. Il devient alors écrivain et diplomate à la fois. Il commence à voyager pour honorer sa carrière, ce qui va lui permettre de fournir son œuvre. Il part pour les États-Unis en 1893 comme consul suppléant à New York puis comme gérant du Consulat de Boston.
Il fait connaître son théâtre en proposant Tête d'or, une pièce en trois parties. Deux personnages, Cébès et Simon, sont en souffrance, le deuxième vient de perdre sa femme. Il a une illumination (qui rappelle celle de Claudel le soir le Noël) et préfère affronter le monde plutôt que de se résigner. Cébès, malade, se retrouve dans un royaume plongé dans la tristesse et meurt. Simon va le venger. Le dernier acte montre la défaite des armées de Simon mais un certain triomphe de la croyance religieuse.
Il séjourne ensuite en Extrême-Orient, à Shanghai, au Japon, ou encore à Pékin. Il multiplie ainsi les expériences et les œuvres : il écrit notamment Connaissance de l'Est et Partage de midi.
Son œuvre s'imprègne beaucoup de la Bible, tant dans ses poèmes que dans ses traités ou son théâtre. Partage de midi comporte trois actes écrits en vers libres. Ysé est une femme mariée malheureuse en ménage. Elle va retrouver son amant, Almaric, sur un bateau de croisière alors qu'elle est accompagnée de son mari et de ses enfants. Il va tout faire pour la séduire et la garder. Son mari compte la quitter et elle rencontre un troisième homme avec lequel elle vit une passion. La suite de l'intrigue continue quelques années plus tard, toujours entre les mêmes personnages mais dans une nouvelle configuration amoureuse.
Il écrit à la fois des traités, des odes lyriques et du théâtre. Il invente alors une rhétorique originale qui prendra plus tard le nom de verset claudélien. Son influence s'exerce notamment sur Pierre Emmanuel ou Jean-Claude Renard.
Il part en 1909 pour l'Extrême-Orient et n'y retourne que près d'une vingtaine d'années plus tard. Il passe ensuite quelques temps à Prague, Francfort et Hambourg où il est consul général, mais quitte l'Allemagne au moment où la guerre est déclarée en 1914. Après avoir été chargé de missions économiques en Italie, à Rio de Janeiro, à Copenhague, à Tokyo et à Washington, il termine sa carrière à Bruxelles. À cette période se développe son œuvre dramatique comme Le Pain dur et Le Soulier de satin.
Cette dernière œuvre relève du théâtre épique et lyrique et n'omet pas de faire transparaître une certaine tonalité comique. La pièce est remarquable quant à sa longueur car sa représentation peut durer onze heures. Elle raconte un amour qui dure vingt ans à l'époque de la Renaissance sur fond autobiographique. L'intrigue se déroule sur quatre jours et en divers lieux. Beaucoup de personnages interviennent et l'ensemble forme un drame empreint de religion. La pièce a pu être réduite à cinq heures par Jean-Louis Barrault en 1943 à la Comédie-Française. Manuel de Oliveira en fait un film de près de sept heures.
C'est surtout dans le théâtre que le poète accède à la gloire. Dans la dernière période de sa vie, il vit de plus en plus dans sa propriété de Brangues en Dauphiné et s'attache surtout à explorer les mystères de la Bible dont il commente le texte en poète plutôt qu'en théologien.
Il est élu à l'Académie française à près de quatre-vingt ans, participe à la revue littéraire L'Échauguette et est élu membre du comité d'honneur du centre culturel international de l'abbaye de Royaumont. La Comédie française consacre le poète dramaturge avec un gala représentant L'Annonce faite à Marie en présence du président de la République. Claudel meurt peu de temps après, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Sur sa tombe est écrite l'épitaphe : "Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel."
C'est à travers sa foi en Dieu que Claudel conçoit le développement de son œuvre : dans le travail de l'écriture, le poète imite le créateur. En donnant un rythme, un souffle nouveau au texte, Claudel tente de donner sens au mot "inspiration". Il s'agit de reproduire, notamment à travers l'utilisation du verset repris à la Bible, le rythme naturel du monde, de libérer l'écriture des conventions de la poésie classique.
Le théâtre de Claudel a la même ambition quand il met en scène la marche chaotique de l'humanité vers la victoire, c'est-à-dire la reconnaissance de Dieu. Mais le destin des individus s'achève dans le renoncement, le sacrifice ou la mort, qui témoignent de la dimension tragique de la condition humaine.
Wikimédia