Aimé Césaire Fiche auteur

Aimé Césaire naît à Fort-de-France à la Martinique dans une famille nombreuse. Il poursuit ses études à Paris où il se lie d'amitié avec Léopold Sédar Senghor. Il participe à la fondation de la revue L'Étudiant noir en 1934 et forge le néologisme "négritude" qui exprime la revendication de ses racines et la "simple reconnaissance du fait d'être noir".

Rédigé avant la guerre, le Cahier d'un retour au pays natal est publié 1947 avec une préface d'André Breton. L'œuvre est un manifeste à la fois poétique et politique, un cri de révolte et de rejet de la civilisation occidentale que pousse l'écrivain. Son œuvre prend la défense des Noirs opprimés qui refusent d'être soumis. Le Cahier, qui se présente comme un long texte d'environ quarante pages, est écrit en vers libres : "ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour / ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'œil mort de la terre / ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale".

Aimé Césaire poursuit sa dénonciation du racisme et du colonialisme, "cette honte du XXe siècle", avec son Discours sur le colonialisme. Ce poème lyrique montre un Césaire révolté face au désastre que représente la colonisation. Il y fait ressentir sa honte d'avoir cru au mensonge de l'Européen. Il cherche à imiter la violence du racisme sans haine contre le colonisateur. Son œuvre tend à la paix et l'amour. Dans un vocabulaire riche et laissant place à l'imaginaire, en raison sans doute de l'influence surréaliste du poète, le texte peut être parfois difficile à comprendre à la première lecture.

Dans Soleil cou coupé en 1948 et Corps perdus en 1949, d'inspiration surréaliste, Césaire s'engage dans la poésie antillaise et montre une prise de conscience militante. Le premier recueil dénonce la colonisation à travers le monde animalier. Le deuxième recueil montre un poète plus présent, utilisant le "je", qui incarne le peuple dont il est le porte-parole en opposition au colonisateur blanc. Il décrit ensuite la quête de l'identité dans la négritude. Le titre du recueil révèle la dimension exemplaire du poème : beaucoup de définitions du mot "corps" sont présentes et Aimé Césaire joue sur ses sens. Il tente de retrouver ce "corps perdu" et de réparer le mal qui a été fait.

Au théâtre, Le Roi Christophe et Une saison au Congo sont des tragédies qui mettent en scène des conflits contemporains, à savoir l'aspiration du peuple africain à l'indépendance et les tensions politiques qui naissent de la décolonisation. Sa deuxième pièce de théâtre met en évidence les pressions économiques et les trahisons politiques qui accompagnent cette décolonisation. La pièce dresse la figure de Patrice Lumumba, Premier ministre du Congo, avant d'être assassiné. La scène théâtrale permet à l'écrivain d'exprimer son point de vue, son engagement dans les combats de son temps.

Professeur de littérature, maire de Fort-de-France, député de la Martinique, Aimé Césaire rompt en 1956 avec le Parti communiste, trop modéré pour lui sur la question des colonies. Toute son œuvre, ses poèmes comme son théâtre, expriment son combat pour l'indépendance et contribuent jusqu'à sa mort en 2008 à faire connaître la littérature africaine et antillaise francophones.