Alfred Jarry
1873 - 1907
Français
Théâtre
Alfred Jarry
Ubu roi
1896
Alfred Jarry
Ubu cocu
1897
Alfred Jarry
Ubu enchaîné
1900
Alfred Jarry grandit à Saint-Brieuc puis à Rennes avec sa mère et sa sœur. Il est le fils d'Anselme, un homme travaillant dans le commerce. À quinze ans, il fait jouer un théâtre de marionnettes au lycée, une pièce intitulée Ubu cocu : le personnage d'Ubu est inspiré d'un de ses professeurs. Après un échec au concours d'entrée à l'École normale supérieure, il rencontre Marcel Schwob.
À la mort de sa mère en 1893, Jarry se lance dans le Paris journalistique et littéraire. Il travaille notamment pour Le Mercure de France et la Revue Blanche. Le visage poudré, habillé en tenue de cycliste, il parle avec l'accent de guignol et se fait vite remarquer.
Ubu Roi est joué pour la première fois en 1896. Il a déjà présenté cette pièce deux ans auparavant chez Alfred Vallette, le directeur du premier journal pour lequel il a travaillé. L'orchestre prévu pour couvrir les sifflets ne suffit pas : on se bat entre spectateurs et critiques. Les scandales assurent la gloire de l'auteur, mais l'échec commercial de la pièce le ruine.
Dès le premier mois de sa pièce, Alfred Jarry remet en cause le langage théâtral. La pièce utilise aussi injures, jurons et langage argotique. Les effets de bouffonnerie réalisent la parodie du théâtre classique. La pièce reprend en effet l'intrigue de Macbeth de Shakespeare et montre dans le personnage principal un être violent et cruel, proche du théâtre de Guignol, qui incarne la bêtise et la méchanceté. Les costumes et décors participent de la même manière à cette remise en cause du théâtre classique. C'est cette puissance de subversion du langage et de la représentation théâtrale qui conduit la pièce à être souvent mise en scène.
L'action se déroule en Pologne, "c'est-à-dire nulle part". Au début de la pièce, sa femme pousse Ladislas, le futur Père Ubu, à trahir le roi pour usurper sa place, même s'il est déjà content des titres qu'il possède, "capitaine de dragon, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle rouge de Pologne, et ancien roi d'Aragon". Arrivé au pouvoir, il se retrouve manipulé par sa femme et tue les nobles : "j'ai l'honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens". Il va tuer avec eux ceux qui l'ont aidé à prendre le trône. Certains personnages de la pièce sont des personnes historiques réelles, russes ou polonaises. Le Père Ubu, naïf, va payer cher les abus de sa femme.
Jarry invente puis définit, avant la création d'un collège en 1948, la pataphysique comme "la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité" dans Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, un ouvrage qui ne paraît qu'après sa mort. Cette théorie tend à expliquer l'absurde, notion qu'il fait naître de ses participations au surréalisme.
Jarry loge chez des amis, puis habite dans une cabane au Plessy-Coudray, lançant de sa fenêtre une échelle de corde à ceux qui viennent le visiter. Il passe son temps à pêcher et écrire et entend mener sa vie comme il le souhaite. Son humour déconcerte lecteurs et amis. Il devient un personnage des Faux-Monnayeurs de Gide. Il meurt d'une méningite tuberculeuse à l'âge de trente-quatre ans avant d'être enterré au cimetière parisien de Bagneux.
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