Jean-Marie Gustave Le Clézio
Né en 1940
Français
Roman, conte, nouvelle, essai, discours
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Le Procès-verbal
1963
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Mondo et autres histoires
1978
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Désert
1980
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Le Chercheur d'or
1985
Jean-Marie Gustave Le Clézio
Dans la forêt des paradoxes
2008
La famille de Le Clézio est originaire de Bretagne et de l'île Maurice. Fils de chirurgien, Le Clézio embarque à sept ans avec sa mère pour rejoindre son père au Nigeria, resté là-bas après la Première Guerre mondiale. Il commence à écrire dans la cabine du bateau. L'écriture et le voyage restent étroitement liés dans sa vie. Il fait des études à Nice et à Londres.
Le jeune écrivain connaît vite le succès avec son premier roman reconstituant le climat de fin de la guerre d'Algérie, Le Procès-verbal. L'œuvre retrace l'histoire d'un solitaire, Adam Pollo. Autour des thèmes de l'identité et de la solitude, Le Clézio pratique l'écriture à l'état brut, puisant dans son expérience du voyage ou encore dans ses souvenirs familiaux. Il obtient le prix Renaudot pour ce livre.
Il exécute son service national en Thaïlande, mais est expulsé pour avoir dénoncé la prostitution infantile. Envoyé au Mexique pour finir son service, il participe à l'organisation de la bibliothèque de l'Institut Français d'Amérique Latine. Il étudie le maya et le nahuati à l'université de Mexico puis vit avec les Indiens au Panama. Ce partage pendant quatre années de leur mode de vie est pour lui une expérience qu'il qualifie de "bouleversante". Il répand son savoir en enseignant dans différentes universités des continents européen et américain.
À partir des années 1970, son style change en accordant plus d'importance aux thèmes de l'enfance et du voyage. Cela plaît au public. Mondo et autres histoires est un recueil de huit nouvelles qui semblent nées du rêve, mais qui nous parlent de notre époque. Chaque enfant voyage après avoir quitté l'univers des adultes pour rencontrer la nature et vivre en harmonie avec le soleil, la mer, le vent et les étoiles. Le lecteur entre dans leur monde et est invité à découvrir le chemin de la liberté.
Le Clézio est le premier auteur à recevoir le Grand prix de littérature Paul-Morand pour Désert. L'œuvre alterne deux récits, débutant et terminant par celui de Nour. Ce jeune garçon fait partie d'un clan de nomades, les "hommes bleus du désert". Ils fuient la colonisation du Sahara par les chrétiens et se dirigent vers une terre promise par Ma-el-Aïnine, le grand cheikh. La deuxième est celle de Lalla, descendante des "hommes bleus", transférée d'un bidonville du Maroc à Marseille pour éviter un mariage forcé. Son adaptation à sa nouvelle vie, si différente de ce qu'elle a toujours connue, sera difficile. La littérature contemporaine préfère le présent, qui fait du narrateur un témoin immédiat de l'action en train de s'accomplir. Il ne s'agit alors que d'un bref passage au présent dans un récit au passé.
Dans Le Chercheur d'or, Le Clézio a recours à la forme du journal. Le narrateur, Alexis, raconte son histoire et celle de sa sœur Laure et de sa mère Mam. Ils sont très pauvres depuis la mort du père, qui leur a assuré qu'il existait un trésor caché sur l'île, "le trésor du Corsaire". Alexis part faire la guerre en France mais reste obsédé par l'idée du trésor. Il le découvre une fois revenu sur les terres de son enfance.
L'œuvre de Le Clézio se développe à travers la rencontre d'autres civilisations, éloignées des sociétés modernes. Le lecteur part avec l'écrivain à la découverte du Mexique, de l'Afrique et de l'Orient. Les personnages de ses romans y cherchent un monde plus solidaire, le sens de leur destin, le bonheur de découvrir une terre aimée, avec ses légendes et ses mystères. Ils retrouvent une paix intérieure au terme de leur quête. C'est ainsi que le romancier met en scène l'affrontement de deux univers : celui, artificiel, des sociétés occidentales, et celui des peuples oubliés ou en péril, accordés à l'ordre profond de la nature.
Ses héros semblent suivre le même itinéraire, en quête d'une paix intérieure, contestant les valeurs artificielles de la civilisation moderne. Le Clézio, l'un des auteurs de langue française les plus traduits dans le monde, remet en cause la culture occidentale, nourri de son expérience personnelle, et dénonce la société urbaine et sa brutalité. Il connaît une consécration mondiale lorsqu'il reçoit le prix Nobel de littérature en 2008. Défenseur des valeurs humanistes, fidèle à la tradition du livre, Le Clézio s'interroge sur l'avenir de la lecture dans le discours qu'il prononce à l'occasion de la remise du prix Nobel qu'on lui décerne : "Nous vivons, paraît-il, à l'ère de l'Internet et de la communication virtuelle. Cela est bien, mais que valent ces stupéfiantes inventions sans l'enseignement de la langue écrite et sans les livres ?". Dans ses discours, la littérature apparaît à l'auteur comme un moyen d'exprimer son identité et le meilleur outil pour construire une culture aujourd'hui.
Texte