Marcel Proust
1871 - 1922
Français
Roman
Marcel Proust
Du côté de chez Swann
1913
Marcel Proust
À l'ombre des jeunes filles en fleurs
1919
Marcel Proust
Le Côté de Guermantes
1921
Marcel Proust
Le Temps retrouvé
1927
Marcel Proust naît à Auteuil dans la haute bourgeoisie entouré, de l'affection maternelle. Il reçoit une éducation brillante et raffinée. Son père est un médecin célèbre. Des crises d'asthme perturbent cependant sa scolarité remarquable. Après sa licence en droit, Proust choisit la littérature. Il s'intègre rapidement au cercle littéraire et montant de la Belle Époque. Au moment de l'affaire Dreyfus, il prend parti pour l'officier injustement condamné. La mort de son père suivie de celle de sa mère l'affectent profondément. Il n'a publié jusqu'alors que quelques articles pour des revues. Proust se demande encore en 1908 s'il est un romancier.
En 1896, avec Les Plaisirs et les jours, puis à partir de 1908 avec Pastiches et Mélanges, Proust est publié d'abord dans des journaux. Il pastiche des écrivains célèbres, comme Saint-Simon, Balzac, Flaubert ou les frères Goncourt, ce qui lui permet d'affirmer une maîtrise stylistique. Il les publie dans le journal Le Figaro de 1908 à 1909. Il prend pour prétexte "l'affaire Lemoine" qui met en cause un faussaire ayant prétendu avoir découvert le secret de la fabrication du diamant. Le pastiche consiste à imiter le style d'un écrivain en amplifiant les procédés qu'il utilise. Il est ainsi une forme d'hommage rendu en écrivant comme celui que l'on admire. C'est aussi pour le pasticheur l'occasion de manifester son talent à travers un exercice de style.
À trente-sept ans, Proust brille dans les salons de la haute société, ce "royaume du néant" qu'il va décrire dans ses romans. Peu à peu, l'écrivain entre dans la rédaction de son œuvre, À la recherche du temps perdu. Il se replie sur l'univers de son enfance, qu'il veut faire resurgir par la littérature. Après un roman inachevé écrit à la troisième personne, il conçoit son cycle composé de romans autobiographiques rédigés à la première personne. La plupart d'entre eux sont publiés à titre posthume.
Cinq thèmes principaux de la Recherche traversent cette somme romanesque. Le romancier fait d'abord revivre les lieux et les personnes de son enfance. Il explore les moments de bonheur, les chagrins, les paysages, les goûts et les odeurs qui l'ont marqué, et ressuscite le souvenir nostalgique de sa mère et de sa grand-mère maternelle, tendrement aimées.
Il représente, à travers la figure de Swann, le milieu de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie que lui-même a longtemps fréquentée. Il fait revivre un monde qui disparaît avec la Première Guerre mondiale, tout en portant un regard ironique sur le snobisme, la bêtise et la cruauté des cercles mondains. Il fait par exemple le portrait de Madame Verdurin pour critiquer les milieux mondains.
L'histoire de la Recherche se développe sur une période de près de vingt ans. Elle rend sensibles le déclin d'un monde, les mutations techniques et sociales, les bouleversements de l'Histoire, le vieillissement et la mort des hommes. Proust donne ainsi "l'impression du temps". Le narrateur découvre l'importance de la mémoire inconsciente à travers le brusque surgissement du souvenir : le simple fait de manger une madeleine trempée dans du thé ou de trébucher sur le pavé d'une cour fait vivre tout à coup le passé disparu.
Proust s'interroge sur sa propre perception du monde et l'évolution de sa personnalité qui se forge à travers le temps. Son œuvre met en scène le personnage d'un musicien, Vinteuil, d'un peintre, Elstir, d'un écrivain, Bergotte. L'art joue en effet un rôle capital dans le roman, en permettant au narrateur de découvrir la beauté cachée du monde et la vérité profonde des êtres.
À travers la peinture de la société, le destin des personnages, le va-et-vient entre le passé le présent, ce qui compte avant tout est le regard que le "je" du narrateur-personnage porte sur le monde. Proust souligne ainsi l'importance des souvenirs, la perception subjective des êtres et des choses, qui se modifie elle-même aux différentes époques de l'existence. C'est cette primauté donnée à la conscience sur les événements extérieurs qui marque toute la littérature romanesque du XXe siècle et fait ainsi de Proust le fondateur du roman moderne.
Toute l'œuvre de Proust, ses premières nouvelles comme ses textes de critique littéraire, préparent la rédaction de la Recherche du temps perdu. Dans cette fresque magistrale, Proust fait vivre plus de cinq cents personnages sur lesquels il porte le regard minutieux d'un sociologue, à travers le point de vue autobiographique d'un narrateur qui en occupe la place centrale.
Du côté de chez Swann ouvre le cycle et, dès les premières lignes du texte, le narrateur se souvient des impressions de son enfance et s'impose comme le personnage principal du roman. Le roman autobiographique conduit l'écrivain à évoquer les sensations et les sentiments qu'il a éprouvés. Il s'interroge sur leur origine, leur développement, et les fait revivre en s'appuyant sur le choix du lexique et le jeu des images.
La Première Guerre mondiale l'éloigne un peu plus encore des mondanités. Il se consacre désormais exclusivement à l'écriture. La gloire éclate alors qu'il obtient le prix Goncourt 1919 pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs.
Le romancier ne vit alors plus que pour son art. Malade, il s'enferme dans sa chambre couverte de panneaux de liège pour éloigner les bruits de l'extérieur. Il construit sa "cathédrale". L'écrivain rature ses brouillons, corrige ses épreuves, ajoutant des pages par milliers, au grand désespoir de son éditeur. À ce travail exténuant, Proust s'épuise jusqu'à la mort en 1922. L'essentiel de À la recherche du temps perdu paraît à titre posthume.
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