Clément Marot
1496 - 1544
Français
Poésie, psaume
Clément Marot
Adolescence clémentine
1532
Clément Marot
Suite de L'Adolescence clémentine
1534
Clément Marot
"L'Enfer"
1539
Clément Marot
Cinquante Pseaumes
1543
Clément Marot naît à Cahors, d'un père lui-même poète. En 1515, il publie ses premiers vers dans la tradition du Roman de la Rose et des rhétoriqueurs. Il écrit des rondeaux, des ballades, des épîtres et des chants royaux. Désireux de s'attirer la faveur royale, il adresse à François Ier une petite épître pleine de calembours. Il assemble une succession de rimes formées du mot "rime" et de ses dérivés, flattant ainsi le roi dans son faible pour la poésie. Ce dernier, amusé de cette épître, recommande Marot à sa sœur Marguerite d'Alençon, la future reine de Navarre. Marot lui écrit des vers si plaisants qu'il devient son valet de chambre. Il écrit alors des pièces de circonstance, chante ses amours et celles d'autres grands de la cour. Il montre dans les pièces qu'il écrit pour Marguerite de Navarre son art de solliciter sans ennuyer.
Marot va se retrouver à deux reprises en prison, en 1526 et en 1527. Une vengeance de femme le fait d'abord emprisonner au Châtelet, accusé d'avoir mangé du lard pendant le Carême. Face à la menace d'être torturé et même d'être brûlé, il réussit à décider son ami Léon Jamet, en écrivant "L'Épître du Lion et du Rat", à intervenir en sa faveur auprès de l'évêque de Chartres. Adaptant dans cette épître la fable du "Lion et du Rat", il montre aussi sa maîtrise de l'épître par sa verve pittoresque, avec grâce et bonne humeur. Il écrit ensuite "L'Enfer", une violente satire contre le Châtelet qu'il n'ose publier qu'en 1539. À sa sortie de prison, il éprouve pour Anne d'Alençon, la nièce de ses protecteurs, un amour intellectuel et pur. Il lui dédie des pièces qu'elle lui inspire. Dans les épigrammes qui suivent, Marot montre qu'il possède cet art de dire des riens avec grâce, influencé par la préciosité italienne.
Pour avoir tenté de délivrer un prisonnier emmené par la police, il passe une quinzaine de jours à la Conciergerie. Il adresse au roi une épître qui le fait libérer. Le prisonnier plaisante dans le poème sur sa mésaventure et met ainsi le roi de son côté. Marot réduit l'incident à un différend entre deux plaideurs, le roi et lui-même, qui peut se régler à l'amiable et au profit de Marot. Cette épître est empreinte d'humour et de badinage élégant.
Son crédit grandit à la cour de France entre 1527 et 1534. Il devient poète officiel du roi et suit ses déplacements. Il lui consacre des pièces de circonstance, à l'occasion de son mariage, de la libération de ses fils de prison ou encore de la mort de la reine mère, Louise de Savoie. Il dédie aux dames et aux grands de petites pièces et écrit aussi des épîtres sur sa propre existence. Il écrit même pour réclamer ses honoraires de valet de chambre. Son art de quémander en plaisantant lui vaut d'ailleurs de toucher de l'argent.
Il écrit entre autres une épître pour adresser ses vœux à François Ier, le 1er janvier 1532. Il saisit l'occasion d'attirer l'attention du roi sur sa propre détresse, en dissimulant son angoisse et en plaisantant sur sa propre misère. Il introduit ainsi adroitement sa demande d'argent. C'est ce qu'on appelle le badinage marotique. En août 1532, il réunit ses œuvres à l'exception de "L'Enfer" et "L'Épître à Lion Jamet", sous le titre Adolescence Clémentine. Le succès est rapide et il publie en 1534 une suite, qui comprend complaintes, élégies, épîtres, chants et oraisons.
En 1535, Marot doit se réfugier auprès de la reine de Navarre à cause de l'affaire des placards. Des placards contre la messe ont en effet été affichés à Amboise sur la porte de la chambre du roi et dans plusieurs villes en France. Marot fait partie de la liste des cinquante-deux suspects. Il écrit une épître au roi pour se justifier alors qu'il s'intéresse aux idées de la Réforme. Mais le duc de Ferrare, hostile aux idées nouvelles et aux réfugiés, le contraint à s'exiler à Venise l'année suivante. Regrettant la cour, il écrit pour être autorisé à rentrer et il obtient satisfaction.
Sa querelle avec Sagon en 1537 lui fait échanger avec lui des poèmes satiriques. C'est une véritable guerre de poèmes qui est lancée. Il réédite "L'Enfer" en 1542 mais cela réveille l'hostilité du Parlement et la persécution des Luthéristes. Cette œuvre pose problème car Marot dénonce la justice en son temps, en reprenant l'allégorie des Enfers mythologiques de l'Antiquité pour décrire sa vie en prison.
Marot se réfugie alors à Genève où il est bien accueilli. Il y traduit des psaumes sous la direction de Calvin, en publie un recueil de cinquante en 1543, qui ont un immense succès, aussi bien à la cour, où le roi lui-même les chante, que chez les protestants. Ces derniers les associent à tous les moments de leur vie. Marot veut donner une traduction fidèle des psaumes de David et y parvient le plus souvent. Il ne rend pas l'émotion du texte biblique mais bâtit des strophes destinées à être chantées sur des mélodies à la mode car il veut écrire des cantiques.
Sa conduite légère fait scandale, le poussant à se réfugier à Chambéry, en espérant rentrer de nouveau en grâce. Il meurt à Turin en Italie, l'année où paraît à Lyon l'édition complète de ses œuvres.
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