Sommaire
ILe portrait du bûcheronIILe style indirect pour raconter la vie du bûcheronIIILa MortIVLa moralitéLa Mort et le Bûcheron
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Jean de La Fontaine
Fables
XVIIe siècle
Le portrait du bûcheron
- Le bûcheron est présenté comme un pauvre homme.
- Il porte un lourd fagot : "la ramée".
- C'est un vieil homme : "aussi bien que des ans". Il est obligé de continuer son travail malgré son âge.
- Il est fatigué et souffre : "Gémissant et courbé".
Il avance difficilement : "à pas pesants". - Les assonances en "an" qui rappellent la souffrance : "ans", "gémissant", "pesants".
- Il est pauvre : "Chaumine".
- On peut remarquer l'utilisation du terme "malheur" associé à l'homme avec le possessif : "son malheur".
Le style indirect pour raconter la vie du bûcheron
- Le style indirect libre est utilisé pour raconter la vie du bûcheron : "il songe à son malheur", "il appelle".
- Le style direct est employé quand il s'adresse à la mort : "C'est, dit-il, afin de m'aider / À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère." Le bûcheron tutoie la mort.
- On peut observer les questions rapportées du personnage : "Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? / En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?".
- On peut remarquer l'utilisation notamment de l'expression populaire "la machine ronde".
- Il est question d'un homme fatigué qui ne se souvient pas d'avoir été heureux : "Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?".
- La pauvreté de cet homme est totale : "Point de pain quelquefois, et jamais de repos".
- Il ne peut pas nourrir correctement sa famille : "Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, / Le créancier, et la corvée / Lui font d'un malheureux la peinture achevée." L'énumération donne une impression de charges qui se superposent.
La Mort
- La mort est personnifiée.
- Le bûcheron est si malheureux qu'il appelle la Mort. Elle est personnifiée avec une majuscule. Elle semble être une déesse.
- La Mort lui demande comment il veut mourir : "Lui demande ce qu'il faut faire".
- L'enjambement aux vers 15 et 16 permet de créer une forme de suspense.
- Finalement le bûcheron semble avoir peur de la Mort. Il lui demande de l'aider avec son fagot.
- Le bûcheron, qui demandait la mort tant il souffrait, a hâte qu'elle parte : "Tu ne tarderas guère".
La moralité
- La morale de l'histoire est explicite. Elle est donnée à la fin de la fable : "Le trépas vient tout guérir ; / Mais ne bougeons d'où nous sommes. / Plutôt souffrir que mourir,/ C'est la devise des hommes."
- La Fontaine présente un bûcheron qui souffre beaucoup. Mais finalement, lorsque la Mort arrive, lui qui semblait résolu à disparaître semble alors avoir peur. Il lui demande simplement de l'aider.
- La morale de l'histoire est donc que l'Homme est lâche. La mort peut le soulager, mais il en a trop peur. Il préfère souffrir.
Comment la fable est-elle construite ?
I. La souffrance du bûcheron
II. L'arrivée de la Mort
III. La chute : la morale
Que dénonce La Fontaine et comment ?
I. La souffrance de l'Homme
II. Un appel à la Mort
III. La morale : la lâcheté de l'Homme
Quel portrait La Fontaine fait-il du bûcheron ?
I. Un homme très pauvre
II. Une souffrance extrême
III. Un lâche