Macbett
Eugène Ionesco
1972
La pièce reprend certains aspects du Macbeth de William Shakespeare. Les comtes de Glamiss et de Candor se rebellent contre le roi Duncan. Une guerre éclate. Candor est capturé mais Glamiss s'échappe. Duncan donne le titre de Candor à Macbett. Il promet à Banco le titre de Glamiss. Lors du banquet où tous les opposants sont guillotinés, Lady Duncan commence à courtiser Macbett. Glamiss meurt noyé dans un ruisseau, Duncan refuse donc le titre à Banco et le donne à Macbett.
Les sorcières apparaissent et annoncent à Macbett qu'il sera roi et qu'il recevra le titre de Glamiss. Elles annoncent à Banco qu'il donnera naissance à une lignée de rois, sans en être un. Les sorcières se changent en Lady Duncan et sa servante devant Macbett. Lady Duncan donne un poignard à Macbett et ensemble ils tuent Duncan, puis se marient.
Macbett tue également Banco, car il se plaint de ne pas avoir été nommé vizir. Macbett donne un banquet au cours duquel les fantômes de Banco et Duncan apparaissent. La vraie Lady Duncan arrive alors. Elle avait été enfermée par les sorcières et assure qu'elle ne voulait pas la mort de son mari.
Macol, le fils adoptif de Duncan, tue Macbett. Son vrai père est Banco et sa vraie mère est une gazelle transformée en femme par une sorcière. Macol devient roi et assure qu'il sera pire que Macbett.
Un nouveau genre : l'antithéâtre
Après la Seconde Guerre mondiale, l'absurdité règne dans l'Art. Face à l'horreur de la Shoah, les artistes refusent le réalisme. Ils veulent trouver une nouvelle forme de langage. Pour révéler le chaos, il faut inventer un nouveau genre, aller contre les règles du théâtre. Ionesco modifie le langage, le jeu de scène, l'histoire. Plus rien n'a de sens, tout est absurde. Les personnages ne communiquent pas bien, les mots n'ont pas de sens. Surtout, les personnages sont interchangeables, personne n'est essentiel, unique ou différent.
L'illusion théâtrale
Pour Ionesco, le théâtre ne doit pas simplement distraire mais faire réfléchir. Il montre au spectateur l'illusion théâtrale, les trucages sur scène. Il utilise beaucoup les décors, les jeux de lumière. Il mélange aussi les registres, joue beaucoup sur les mots. Pour Ionesco, le comique et le tragique sont mêlés. En effet, seuls le comique, l'absurde peuvent révéler le non-sens de la vie humaine.
Ainsi, dans la pièce, les personnages se transforment en d'autres personnages, on ne sait plus qui est qui. Au début de la pièce, Glamiss et Candor se plaignent de Duncan, exactement comme Macbett et Banco vont s'en plaindre ensuite. Les rois se suivent et sont tous des tyrans (Duncan, Macbett, Macol). Rien ne change.
Une pièce parodique
La pièce est une parodie de Macbeth de Shakespeare. Le dramaturge reprend la même trame, l'histoire d'un homme qui va prendre le pouvoir. La pièce tourne bientôt au ridicule. Les personnages n'arrêtent pas de se trahir, ils répètent toujours la même chose, ils sont incapables de se comprendre.
Ionesco utilise énormément les répétitions dans la pièce. Elles sont le symbole du destin. En effet, les répétitions de mots, les dédoublements de personnages et la répétition des événements soulignent l'éternel cycle de la vie. On revient toujours au point de départ. Ionesco dénonce ici les tyrannies qui ne cessent de revenir inlassablement. L'horreur ne s'arrête jamais. Le mal n'a pas de fin.