Le Roi des Aulnes
Michel Tournier
1970
L'histoire suit Abel Tiffauges. Au début du roman, Abel est à Paris. Il raconte son enfance et sa vie avant le début de la Seconde Guerre mondiale.
Pendant la guerre, il est fait prisonnier et transporté à travers l'Allemagne et la Pologne en Prusse-Orientale. Il est d'abord envoyé dans le camp de Moorhof, puis il rejoint la réserve de Rominten. C'est là que se trouve le domaine de chasse de Goering. Cet homme est surnommé par le héros "l'ogre de Rominten".
Ensuite, il est envoyé dans le sud de Rominten dans une napola, c'est-à-dire une école militaire du Troisième Reich. Il est alors appelé "l'ogre de Kaltenborn". Il devient spécialiste du recrutement forcé d'enfants, et maître de la napola.
Abel ne sait pas que les enfants vont tous mourir lorsque les Soviétiques vont envahir la forteresse.
Un jour, Abel sauve Ephraïm, un garçon juif et s'enfuit avec lui mais il se retrouvent piégés dans des marécages. Abel s'enfonce, portant l'enfant au-dessus de lui et observant son étoile de David.
Un anti-héros
La figure de l'ogre
Le roman de Michel Tournier est, encore aujourd’hui, très choquant. Le héros, Abel, est un personnage complexe. Il nourrit une obsession particulière pour les enfants.
En effet, même s’il ne touche jamais les enfants, il semble attiré par eux. Il respire leurs oreillers ou bien leurs cheveux fraîchement coupés. Le lecteur est plusieurs fois très mal à l’aise.
Pour cette raison, Michel Tournier a choisi de surnommer son héros "l’ogre". Non seulement Abel vole la vie des enfants en en faisant des petits soldats, mais il leur vole leur innocence en nourrissant une attirance presque sexuelle pour eux.
Le sauveur
Au début, le héros est donc vu comme un homme plutôt terrifiant. Mais à la fin du roman, il devient un sauveur d'enfants. Il se rend compte que le nazisme est en réalité l'inversion exacte de tout ce à quoi il croit.
Il aime la pureté et l'innocence des enfants, et il comprend enfin que le nazisme détruit tout cela. Il rejette alors les valeurs nazies et sauve le petit garçon juif.
Le concept de "phorie"
Le titre du livre, Le Roi des Aulnes est tiré d'une œuvre de Goethe. Le texte s'ouvre sur l'image d'un père galopant avec son garçon serré dans ses bras.
Abel est fasciné par cette image. Pour lui, il s'agit d'un signe prémonitoire. En effet, il voit en cette image Saint Christophe, le saint patron de son pensionnat qui est représenté avec un enfant sur le dos.
Abel invente le concept de "phorie", qu'il se met à voir partout. Il nomme un cerf "l'ange phallophore", il dit que le cheval est un animal "phorique", et la "superhorie" devient le cavalier portant un enfant.
À la fin du roman, la prémonition d'Abel semble se réaliser. Alors qu'il meurt en s'enfonçant dans un marécage, il porte au-dessus de lui un enfant juif qui a une étoile jaune, l'étoile de David. Abel parle alors d'"astrophorie".