La civilisation, ma mère !
Driss Chraïbi
1972
L'histoire se situe dans le Maroc des années trente. Deux frères veulent que leur mère devienne une femme moderne. Ils vont lui faire découvrir la "civilisation". Le livre est divisé en deux parties, "Être" et "Avoir".
Dans la première partie, c'est le cadet qui raconte l'histoire de la mère. On suit son enfance. C'est une orpheline adoptée par des parents bourgeois. Elle devient servante et se marie à treize ans. Elle veut simplement respecter ses rôles de mère et d'épouse.
Bientôt, de nouveaux équipements arrivent dans la maison, comme le téléphone ou la radio. Elle commence à voir le monde autrement. En cachette de leur père, les deux fils décident d'offrir des vêtements occidentaux à leur mère. Ils l'emmènent aussi dehors, alors qu'elle était restée chez elle depuis son mariage. La mère commence à penser différemment.
Dans la deuxième partie, c'est Nagib, le second frère, qui devient le narrateur. Il envoie une lettre à son cadet qui est allé à Paris. La mère s'émancipe de plus en plus et s'engage dans la lutte pour la libération des femmes. Elle s'intéresse à l'indépendance du Maroc. Elle rencontre même De Gaulle. Elle quitte son pays pour la France avec son fils Nagib.
"Être" et "Avoir"
"Être", c'est exister. En découvrant des objets de consommation, du téléphone au cinéma, la mère commence à prendre conscience de son ignorance. Elle découvre qu'il y a tout un monde qu'elle ne connaît pas du tout. Elle se rend compte qu'elle a vécu coupée du reste du monde. Elle devient curieuse de tout. Être, c'est savoir, c'est la connaissance.
"Avoir", c'est posséder quelque chose. La mère décide de transmettre ses connaissances, elle organise des débats chez elle, elle ne cesse de poser des questions à ses fils. Elle commence à se rendre compte de sa position de femme, de comment les hommes la voient. Elle veut maintenant avoir des droits. Elle ne veut plus juste exister, mais compter. Elle se met à lutter pour les droits de la femme.
Les narrateurs
Il y a deux narrateurs, les deux fils. C’est le plus jeune qui raconte d’abord l’histoire, puis Nagib. Ainsi, le lecteur peut voir les liens entre la mère et ses enfants.
Voir l’évolution de la mère à travers les yeux des enfants est intéressant. En effet, en général ce sont les parents qui voient leurs enfants découvrir le monde. Ici, les rôles semblent inversés, puisque ce sont les fils qui font prendre confiance à la mère de ce qu’elle ne connaît pas.
La condition féminine
La mère est le personnage principal du roman. Au début, son monde se limite à sa vie de famille. Elle reste chez elle et vit dans la tradition marocaine. Petit à petit, elle s'émancipe.
L'auteur dénonce la situation des femmes dans certains pays traditionalistes. Le rôle de la femme, traditionnellement, est celui de la mère et de l'épouse. Les hommes sont d'ailleurs méfiants quand la mère commence à vouloir d'autres choses.
L'auteur montre également que la culture et l'ouverture aux autres, la curiosité, permettent de se libérer.