Sommaire
IUn nouveau genreAL'antithéâtreBL'illusion théâtraleIIUne pièce parodiqueIIILe non-sens du langageLa Cantatrice chauve
Eugène Ionesco
1950
Monsieur et Madame Smith sont dans leur salon. Ils bavardent au coin du feu. Ils bavardent de choses et d'autres au coin du feu, mais leurs propos sont très étranges voire même incompréhensibles.
Ils parlent d'une famille dont tous les membres s'appellent Bobby Watson. Ce denier est mort il y a deux ans, mais cela fait trois ans qu'ils parlent de sa mort. L'horloge n'arrête pas de sonner.
Mary, la servante, fait patienter les invités, les Martin, dans le salon. Apparemment, bien qu'ils vivent sous le même toit, les Martin assurent qu'ils ne se connaissent pas. Ils découvrent sur scène qu'ils sont mari et femme. Mary revient sur scène et annonce que les Martin ne sont pas les Martin. Elle dit qu'elle est Sherlock Holmes.
Les Smith et les Martin sont maintenant ensemble sur scène. Le capitaine des pompiers arrive pour comprendre qui sonne à la porte (à chaque fois il n'y a personne). Il raconte des choses incohérentes. Les personnages échangent des propos qui n'ont aucun sens.
Avant de partir, le capitaine demande des nouvelles de la cantatrice chauve. Les autres personnages répondent qu'elle se coiffe toujours de la même façon.
Les personnages continuent de parler. Bientôt ils répètent tous la même chose : "C'est pas par là, c'est par ici !" Ils quittent la scène en hurlant, dans le noir.
La lumière revient. Monsieur et Madame Martin sont assis à la place des Smith, comme au début de la pièce, et ils disent exactement ce que disaient les Martin dans la première scène. Le rideau se ferme petit à petit.
Un nouveau genre
L'antithéâtre
Après la Seconde Guerre mondiale, l'absurdité règne dans l'Art. Face à l'horreur de la Shoah, les artistes refusent le réalisme. Ils veulent trouver une nouvelle forme de langage. Pour révéler le chaos, il faut inventer un nouveau genre. Il faut aller contre le théâtre. Ionesco modifie alors le langage, le jeu de scène, l'histoire. Plus rien n'a de sens, tout est absurde. Les personnages ne communiquent pas bien, les mots n'ont pas de sens. Surtout, les personnages sont interchangeables, personne n'est essentiel, unique ou différent.
L'illusion théâtrale
Pour Ionesco, le théâtre ne doit pas simplement distraire mais faire réfléchir. Il montre au spectateur l'illusion théâtrale. Le spectateur voit les trucages sur scène.
Il utilise beaucoup les décors, les jeux de lumière. Il mélange aussi les registres et joue beaucoup sur les mots.
Pour Ionesco, le comique et le tragique sont mêlés. En effet, seuls le comique, l'absurde peuvent révéler le non-sens de la vie humaine.
Une pièce parodique
La parodie commence avec le titre. En effet, il est fait mention une seule fois de la cantatrice chauve dans la pièce. Elle n'est pas du tout importante.
Ionesco caricature la bourgeoisie anglaise. Il s'est inspiré d'une méthode d'apprentissage de l'anglais, Assimil. Il reprend les dialogues stéréotypés et ridicules pour se moquer de la "middle-class". Les dialogues n'ont aucun rapport les uns avec les autres. Ce ne sont que des banalités.
Ionesco utilise beaucoup la répétition, les clichés et la contradiction pour souligner l'absurdité des rapports humains.
Le non-sens du langage
Ionesco joue beaucoup avec les mots. Les personnages ne racontent rien, ils n'échangent pas vraiment.
Les personnages parlent de nourriture, d'argent, mais ils ne se répondent jamais vraiment. Ionesco s'amuse à détourner des mots (on appelle cela des néologismes, comme "glouglouteur"). Il souligne l'incommunicabilité entre les humains.
À la fin de la pièce, le langage perd tout sens. Ionesco utilise des onomatopées comme "Ah !" et "Oh".