Sommaire
IUne pièce roseALes personnagesBL'amour sincèreIIUne satire de la sociétéAUne critique de la noblesseBLa cupidité des bourgeoisCLa bêtise des voleursLe bal des voleurs
Jean Anouilh
1938
Lady Hurf est une vieille femme riche qui s'ennuie à Vichy. Elle vit avec ses deux nièces Eva et Juliette, et son ami Lord Edgar. Les Dupont-Dufort, le père et le fils, sont des banquiers en faillite qui espèrent une alliance avec les Hurf.
Trois voleurs arrivent à Vichy, Peterbono le chef, Hector le séducteur et Gustave l'apprenti. Ils prétendent être des nobles. Lady Hurf comprend tout de suite la supercherie, mais s’amuse de la situation et invite les trois hommes dans sa maison. Gustave et Juliette tombent amoureux et Hector séduit Eva.
Les personnages vont à un bal au casino, et Gustave en profite pour piller la maison. Juliette le rejoint et le persuade de l’emmener. Les Dupont-Dufort découvrent le cambriolage et tentent de faire comprendre à Lady Hurf ce qui s’est passé, mais elle ne veut rien entendre et ce sont eux qui se font arrêter par la police. Lady Hurf chasse ensuite les deux voleurs.
Gustave ramène Juliette endormie à la villa. Il ne veut pas d’une vie de voleurs pour elle. Mais Lord Edgar, qui comprend que Juliette aime vraiment le jeune homme, prétend que Gustave est son fils. Lady Hurf accepte alors le mariage.
Une pièce rose
Les personnages
Jean Anouilh a écrit plusieurs "pièces roses". Ce sont des pièces comiques et fantaisistes. On y trouve deux catégories de personnages. Les "marionnettes" sont des vieux ridicules, les "amoureux" des jeunes gens sincères qui s’aiment.
On retrouve bien ce schéma dans cette pièce. Il y a des personnages vieux, comme Lady Hurf ou Lord Edgar. Par contre, ce sont les voleurs et la famille des Dupont-Dufort qui sont des marionnettes. Les Dupont-Dufort sont ridiculisés par Lady Hurf, et elle prétend croire aux mensonges de Peterbono pour s’amuser.
Il y a ensuite des personnages amoureux sincèrement, à l’image de Gustave et Juliette. Gustave aime tant Juliette qu’il refuse de l’entraîner dans une vie malhonnête, et Juliette aime tant Gustave qu’elle refuse de le quitter.
L'amour sincère
Les Dupont-Dufort veulent à tout prix un mariage avec la famille de Lady Hurf. En effet, ils ont des problèmes financiers, et une alliance avec une famille fortunée les aiderait. Anouilh tourne au ridicule ces personnages et critique les mariages d’intérêt.
L’amour de Juliette et Gustave est un amour sincère. Il est notamment opposé au flirt entre Eva et Hector. Le couple que forment Juliette et Gustave s’oppose à la simple séduction et à l’intérêt.
Dans plusieurs pièces de Molière, comme dans l’Avare, la fin de la pièce voyait les deux amoureux unis, souvent car on apprenait qu’un des personnages était en vérité de noble descendance. Anouilh rend hommage à Molière avec Lord Edgar qui feint de reconnaître son enfant. Ainsi, l’amour sincère émeut un vieil homme noble. C’est le seul sentiment louable, sincère et honnête de la pièce.
Une satire de la société
Une critique de la noblesse
Lady Hurf et Lord Edgar sont des personnes qui ont tout. Ils sont riches, ils sont puissants. Mais ils semblent s’ennuyer profondément. Lady Hurf trouve amusant de ridiculiser les bourgeois Dupont-Dufort, mais aussi de vivre avec les voleurs.
Les autres êtres humains sont là pour son plaisir, pour la divertir. Elle est capricieuse, voire parfois tyrannique, et contrôle son entourage. Elle appelle d’ailleurs les Dupont-Dufort et les voleurs des "marionnettes".
La cupidité des bourgeois
Les Dupont-Dufort incarnent la bassesse à laquelle se livrent ceux qui veulent de l’argent. Ils sont prêts à subir les railleries de Lady Hurf, à se rabaisser, à lui faire plaisir pour obtenir ce qu’ils veulent. Ils font des courbettes et se montrent hypocrites. Anouilh critique vivement ce comportement motivé par la cupidité. L'argent rend serviles les hommes.
La bêtise des voleurs
Peterbono et Hector sont stupides. Ils sont incapables de voir ce qui se passe autour d’eux. Ils critiquent l’ordre social, pourtant ils le singent. En effet, Peterbono se déclare "chef" et Hector "séducteur professionnel".
Ils ont besoin d’un ordre hiérarchique. Ce sont des pantins, des personnages grotesques qui se font manipuler aisément.