Sommaire
ILa composition du poèmeIIUne œuvre galanteIIILa beauté et la femmeALa métaphore filée de la roseBLe renouvellementIVUne stratégie de séductionMignonne, allons voir si la rose
À Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
À point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Pierre Ronsard
Les Odes
1524 - 1585
La composition du poème
- L'ode est une forme de poème antique composée de trois sizains d'octosyllabes (dans chaque sizain, quatre rimes embrassées suivent deux rimes plates). Chez les Grecs, l'ode est un poème destiné à être chanté. C'est donc un poème lyrique destiné à célébrer de grands événements ou de hauts personnages ou encore à exprimer ses sentiments. Ici, c'est un poème qui exprime l'amour.
- La première strophe est l'invitation à l'érotisme : "allons voir si la rose...".
- La deuxième strophe est la plainte du poète. Il pleure la fragilité de la fleur, de la beauté et de la vie.
- La troisième strophe est l'incitation du poète à profiter de la vie et à y rechercher le plaisir.
Une œuvre galante
- Ronsard écrit un poème galant. C'est un poème de cour destiné à divertir le public. Ronsard utilise une image banale, celle de la rose comme beauté de la femme. Mais il renverse cette banalité en personnifiant la rose.
- En effet, Ronsard écrit que la rose a "sa robe" et "ses beautés laissé choir". La rose devient donc femme.
- La comparaison entre rose et femme est galante, car le poète associe toute la beauté de la fleur à l'être aimé. C'est une façon de faire des compliments et de louer la femme.
- Le poète exprime son amour avec beaucoup de lyrisme. Il utilise notamment "las" et "marâtre" dont les sonorités sont proches de "hélas".
- Le poète utilise une allitération en "t/d" pour insister sur le regret, la perte : "perdu", "marâtre", "Nature", "dure", "ternir ".
La beauté et la femme
La métaphore filée de la rose
- Présence d'une métaphore filée qui associe la femme et la rose. Elles sont toutes deux, à l'image du titre du poème, "Mignonne".
- La robe et les plis de la robe sont une façon pudique de parler des formes de la femme. Ronsard le fait à travers la fleur.
- Lorsque Ronsard parle du "teint" de la rose il évoque en vérité le teint de la femme. Il compare parfois explicitement avec des expressions comme "au votre pareil".
- La personnification de la fleur permet le rapprochement entre la femme et la rose.
- L'apparition de la rose est comme celle de la femme, elle est éphémère mais merveilleuse : "ce matin avait déclose", "une telle fleur ne dure / Que du matin jusques au soir".
- Le poète fait la liste des qualités de la rose, donc de la femme : la beauté naturelle, la grâce.
Le renouvellement
- Il y a une menace dans ce poème. La fin est proche, la mort est inévitable. Le poète parle de renouvellement floral, mais cela signifie que la rose va être éclipsée par une autre. La femme, pareillement, va être confrontée à une jeune femme plus belle et plus jeune.
- L'idée de la disparition de la femme est présente : "ses beautés laissé choir". Elle va vieillir avant de mourir, elle va perdre sa beauté.
- "Puisqu'une telle fleur (…) jusques au soir !" Le poète insiste ici sur le temps qui passe, sur la brièveté de la vie. Le destin de la femme est donc tragique. Elle est vouée à devenir laide puis à mourir.
- Ronsard insiste sur le renouvellement floral car c'est le renouvellement de la vie. Toutefois, la mort entraîne les humains, et même si la jeunesse toujours est assurée, la vieillesse jamais ne s'arrête.
Une stratégie de séduction
- La fleur et la femme sont vouées à disparaître, à perdre leur beauté et à mourir. Le poète enjoint alors la femme à profiter de l'instant présent. En écrivant "cueillir le jour", le poète pousse la femme à vivre pleinement chaque moment. La vieillesse arrive toujours trop vite.
- Le poète utilise la devise "Carpe Diem" d'Horace : il faut vivre au jour le jour.
- Le poète associe la vie à la nature et défend l'idée du plaisir. Il assure que la nature est amour, et que faire l'amour c'est être vivant. Le poème est teinté d'érotisme.
- "cueillir la fleur", "cueillir le jour" c'est "cueillir la vie" et c'est vivre, certes, mais aussi avoir du plaisir, profiter l'un de l'autre.
- Le poème est une tentative de séduction. Ronsard tente de convaincre la femme. Il s'implique dans le poème, il est narrateur et acteur. Il fait une démonstration.
- Le temps est cruel, "marâtre Nature", mais le poète est sage, il assure à la femme qu'il sait comment on peut profiter de la vie : "Donc, si vous me croyez". Le connecteur logique "donc" implique une logique.
- Le poète assure de son expérience. La femme doit lui faire confiance. Le but principal du poète n'est pas d'instruire mais de séduire.
Que célèbre ce poème ?
I. La beauté de la femme
II. L'amour
III. La vie
En quoi cette ode est-elle galante ?
I. Une célébration de l'amour
II. Un éloge de la femme aimée
Quelle est la philosophie du poète ?
I. Les conseils du poète
II. "Carpe Diem" : une devise essentielle
Comment le poète fait-il l'éloge de la femme aimée ?
I. Une ode
II. Une œuvre galante
III. La métaphore filée de la rose