Sommaire
ILa forme originale du poèmeIILa musicalitéIIILa musique : une passionIVLa chute du poème : le spleen baudelairienLa Musique
La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1857
La forme originale du poème
- Le poème est formé de deux quatrains et deux tercets, pourtant ce n'est pas un sonnet, c'est une forme originale.
- En effet, Baudelaire alterne alexandrins et vers à cinq syllabes. Il y a donc une combinaison de vers pairs et impairs.
- Il y a six rimes. Dans les deux premières strophes il y a une rime en commun, "oile".
Les rimes sont croisées, sauf les deux dernières qui sont plates. - Originalité dans l'alternance de rimes féminines et de rimes masculines.
- Poème composé de seulement trois phrases, dont deux exclamatives.
La musicalité
- Baudelaire accorde beaucoup d'importance à la musicalité dans ce poème. Il écrit ce texte en s'inspirant d'un morceau de musique, avec ouverture, développement et chute.
- Le poème est composé d'une ouverture très brève, une phrase au premier vers.
- Puis la deuxième phrase, longue, s'étend jusqu'au vers 13. C'est le développement.
- Enfin, la fin est brutale, faite d'une phrase heurtée et averbale.
- Dans les trois premières strophes, le rythme est identique.
Dans la dernière strophe, il y a une inversion en miroir.
La musique : une passion
- Ce qui intéresse le poète, c'est la sensation qu'il éprouve en écoutant de la musique. Il a l'impression d'être possédé : "me prend".
- L'émotion est d'autant plus violente que le poète n'est pas un spécialiste de la musique. Naïf, il est facilement séduit.
- Le poète se compare à un bateau pris par la mer.
On peut noter la présence du champ lexical maritime : "mer", "brume", "voile", "toile"," bateau", "flots", "vaisseau", "vent", "tempête". - Le champ lexical du corps est également important : "poumons", "poitrine", "dos".
- Le thème de la douleur est présent : "passions" qui signifient aussi souffrir, présence du verbe "souffrir", idée de "convulsions", le poète parle de "désespoir".
- On peut noter la possession par une force qui contrôle le poète "comme une mer".
- Il est bercé comme un bateau mais également comme un enfant : "bercent", "calme plate".
La chute du poème : le spleen baudelairien
- Le flou se fait dans le poème, on ne sait plus si le poète parle de lui comme d'un bateau, s'il est devenu le vaisseau, ou s'il ne parle que du bateau.
- Les frontières sont très ténues.
- On peut constater un mouvement du ciel vers la mer dans le poème :
il y a une progression d' "étoile pâle", "ciel brumeux" vers le "gouffre". - L'image du miroir est importante. Elle apparaît dès le vers 1 puis revient aux vers 11 et 13. On perçoit l'assimilation totale du poète à un bateau.
- On peut relever l'importance du sentiment de désespoir, le rythme change à la fin, le poète n'arrive pas à trouver ailleurs la sensation qu'il perçoit en écoutant de la musique. À la fin du morceau, la tristesse est toujours présente.
En quoi la forme du poème est-elle originale ?
I. Transformer la forme du sonnet
II. L'importance de la musicalité
III. La chute du poème
En quoi ce poème est-il original ?
I. La forme du poème
II. La métaphore marine
III. La chute du poème
De quoi traite ce poème ?
I. La musique comme passion
II. La métaphore maritime
III. Le spleen baudelairien