Sommaire
ILa fleur, un poisonIILa femme aimée et la fleur : déconstruction d'un lieu communIIIUne vision contrastée de l'amourIVLe jeu poétiqueLes Colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire
Alcools
1907
La fleur, un poison
- Les colchiques sont des plantes mortelles.
- Le verbe "s'empoisonne" est d'ailleurs répété dans le poème.
- Une correspondance s'établit entre les vaches et le poète.
- On peut remarquer la comparaison avec le temps qui symbolise la mort.
- Il y a une relation forte entre le verbe "empoisonner" et l'adverbe "lentement". Cela renvoie à la lenteur des animaux, à la lenteur de la mort. Tout cela affecte en vérité le poète.
La femme aimée et la fleur : déconstruction d'un lieu commun
- On peut remarquer la présence du regard de la femme. Le poète s'adresse à la femme aimée.
- Les animaux s'empoisonnent avec les plantes, et l'homme avec la femme qu'il aime. L'empoisonnement par les colchiques est le même que l'empoisonnement par l'amour.
- Les yeux sont comme les fleurs qui tuent. Les cernes sont comme des violettes : "violâtres".
À partir du vers 10, les paupières sont comparées à des fleurs. Les paupières et fleurs battent pareillement. - Le poète reprend le lieu commun de la femme aimée qu'on compare à une fleur. Mais cette fois la comparaison n'est pas flatteuse. Ce n'est pas une femme belle, c'est une femme tueuse. Ce n'est pas la femme qui va faner un jour, c'est l'homme qui va mourir empoisonné.
Une vision contrastée de l'amour
- Les champs lexicaux sont souvent liés à l'amour : "joli", "fleurit", "ma vie pour tes yeux", "enfants", "harmonica", "doucement".
- Des termes plus violents sont également utilisés : "battre", "dément", "mal fleuri".
- On peut constater un renversement du temps qui est étrange : "filles de leurs filles".
- Le caractère irrémédiable de l'amour est mis en avant : "Pour toujours".
- Le poème exprime la mélancolie du poète. Elle est liée au fait que la femme est cruelle, que l'amour le rend triste, et que le temps passe.
- Les termes "hoquetons" et "harmonica" renvoient à l'idée d'une enfance perdue.
- On retrouve le lyrisme traditionnel avec "yeux" et "paupières".
Le jeu poétique
- Certains mots sont assez inattendus pour un poème : "vaches", "vénéneux".
- Apollinaire utilise le terme "joli", qui est assez banal.
- L'absence de ponctuation donne de l'ambiguïté au poème : "y fleurit tes yeux".
- Il est important de constater la polysémie des mots.
- La versification de ce poème est libre.
Dans les vers 2 et 3, l'alexandrin est coupé en deux. - La troisième strophe est faite d'une seule longue phrase.
- On peut relever des rimes riches à trois sons.
- Apollinaire reprend la forme du sonnet mais il prend des libertés par rapport à cela.
En quoi ce poème est-il original ?
I. Le jeu sur la forme du sonnet
II. La déconstruction d'un lieu commun
III. Une vision pessimiste de l'amour
Comment la femme est-elle représentée dans ce poème ?
I. La comparaison à une fleur
II. L'empoisonneuse
III. La souffrance du poète
En quoi ce poème est-il lyrique ?
I. La femme aimée
II. Expression de l'amour
III. La mélancolie du poète