Sommaire
IL'opposition entre les deux végétauxIIDes personnages symboliquesIIIUne discussion sur le ventIVLa dramatisation de la fableVLa moraleLe Chêne et le Roseau
Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin." Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
Jean de La Fontaine
Fables
XVIIe siècle
L'opposition entre les deux végétaux
- La fable se construit sur l'opposition entre le chêne et le roseau.
- C'est une opposition entre la force et la taille du chêne et la petitesse et la faiblesse du roseau.
- Le chêne est très fort, il y a une gradation : "mon front, au Caucase pareil, / Non content d'arrêter les rayons du Soleil, / Brave l'effort de la tempête".
- La souplesse du roseau, avec "plier", revient plusieurs fois.
- Le chêne est une allégorie de l'orgueil et de la puissance des Grands dus aux privilèges de la naissance.
Il y a des hyperboles : "le feuillage dont je couvre le voisinage". - Le roseau est une allégorie de l'humilité : "baisser la tête" mais aussi de la résistance.
Des personnages symboliques
- Les personnages sont des symboles. Ils représentent tous les membres de leur espèce.
Utilisation de "le" généralisant. - Il y a une imprécision temporelle avec "un jour". Universalité de la fable.
- La majuscule pour désigner les deux végétaux créent la personnification.
- L'allusion au corps humain est faite : "tête", "front", "dos", "pieds".
Une discussion sur le vent
- Les deux personnages parlent du vent.
- Les paroles rapportées sont utilisées : "lui répondit l'Arbuste".
- Les dialogues ont pour thème le danger du vent : "Le moindre vent qui d'aventure / Fait rider la face de l'eau, / Vous oblige à baisser la tête".
- Les deux végétaux dialoguent ainsi de la difficulté à lutter contre le vent, et qui lutte le mieux.
La dramatisation de la fable
- La fable est construite comme une histoire, avec un élément perturbateur. C'est le vent qui vient départager les deux végétaux.
- Il y a une périphrase pour désigner le vent : "Le plus terrible des enfants / Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs."
- L'histoire est dramatisée avec l'expression : "Comme il disait ces mots".
- Il y a une accumulation de verbes d'action : "accourt", "tient bon", "plie", "redouble", "déracine".
- Il y a un passage à la narration.
De nombreuses hyperboles sont présentes : "avec furie", "le plus terrible", "redouble ses efforts". - Le vent casse le chêne. C'est lui qui prouve que le roseau, en pliant, peut mieux survivre.
La morale
- La morale n'est pas explicite. C'est le lecteur qui doit la deviner.
- Le chêne est donc un être orgueilleux qui se croit puissant. Il est celui qui casse à la fin à cause du vent.
- Le roseau est un végétal apparemment faible et petit, mais il a la capacité de plier. Il peut donc lutter contre le vent.
- La morale est donc double. Il ne faut pas se montrer prétentieux d'une part, car on est puni. Mais la fable dit aussi que le pouvoir apparent n'est pas forcément vraiment acquis. Les êtres honnêtes, bons et fragiles peuvent être finalement plus forts que les autres.
Que raconte la fable ?
I. Le dialogue de deux végétaux
II. Un débat sur le vent
III. L'échec du chêne et le triomphe du roseau
En quoi les deux végétaux sont-ils opposés ?
I. Un chêne fort et prétentieux
II. Un roseau faible et humble
III. Le triomphe du roseau
Comment la fable est-elle dramatisée ?
I. Un dialogue vivant
II. L'arrivée soudaine du vent
III. La fin
Quelle est la morale de l'histoire ?
I. Le chêne prétentieux et le roseau faible
II. Un dialogue sur le vent
III. Le triomphe du roseau