Le texte suivant est extrait de la pièce Hamlet de Shakespeare.
HAMLET :
Être ou ne pas être, telle est la question. Y a-t-il pour l'âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d'une injurieuse fortune, ou s'armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir : Dormir ; c'est tout. Calmer enfin, dit-on, dans le sommeil les affreux battements de mon cœur ; quelle conclusion des maux héréditaires serait plus dévotement souhaitée ? Mourir, dormir; dormir… rêver peut-être. C'est là le hic ! Car, échappés des liens charnels, si, dans ce sommeil du trépas, il nous vient des songes… halte-là ! Cette considération prolonge la calamité de la vis. Car, sinon, qui supporterait du sort les soufflets et les avanies, les torts de l'oppresseur, les outrages de l'orgueilleux, les affres de l'amour dédaigné, les remises de la justice, l'insolence des gens officiels, les rebuffades que les méritants rencontrent auprès des indignes, alors qu'un petit coup de pointe viendrait à bout de tout cela !
Le second texte est extrait de la pièce Le Titanic de Jean-Pierre Ronfard.
ANNE :
Écoute moi un peu, Télesphore Archambault. Si je me suis embarquée sur le plus beau bateau du monde, le plus grand, la merveille technique moderne, c'est quand même pas pour m'en sauver dans un canot à rame avec la ceinture pneumatique accrochée au cou comme une bavette de bébé. Et puis, veux-tu que je te dise, "Les femmes et les enfants d'abord", je trouve ça niaiseux. Devant la mort, tout le monde a le même poids, le même âge, le même sexe. Personne n'y comprend rien et surtout pas les humains. Un chien, une fourmi, une plante savent autant là-dessus et peut-être même plus que n'importe quel humain… Me sauver ? Pour quoi faire ? Pour préserver tout ça, toutes ces catégories ? Ces casiers à remplir comme dans ton épicerie. Ça n'aurait pas d'allure. Ça n'aurait aucun sens.
À qui s'adresse le personnage dans chacun des deux extraits ?
Lequel de ces deux textes est un soliloque ? Lequel est une tirade ?